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Libération

Rentrée télé (1/6) : Arte se dilate la rate

De l’humour en programme court, des séminaristes en série et une fiction policière transmédia : la chaîne franco-allemande tente de se renouveler.
par Raphaël GARRIGOS et Isabelle ROBERTS
publié le 30 août 2012 à 18h04
(mis à jour le 30 août 2012 à 18h04)

Tous les ans la même chose. Tous les ans, le même Jérôme Clément, titulaire, croyait-on à vie, de sa concession de président d’Arte. Tous les ans, la petite pique de Clément sur l’actualité de droite. Tous les ans, le discours des Allemands de l’organigramme, toujours en français, toujours un peu trop long. Un rituel que cette conférence de rentrée d’Arte, un confortable ronron.

Et là, badaboum, après 2011 où la chaîne a passé son tour, hier, Arte a fait sa conf de rentrée : exit Jérôme Clément, remplacé par Véronique Cayla (prononcer «qu’est là» ; un réservoir quasi inépuisable de blagounettes), point de pique sur l’actu, et même pas d’Allemands, excusés. Et cette révolution sur la forme - pensez, la conférence est en fait un déjeuner (lire ci-contre) - se veut aussi un bouleversement sur le fond. Selon Véronique Cayla, Arte est «un peu moins docte, un peu moins savante» et même «avec de l’humour». Houla, doucement avec la révolution tout de même.

Il est vrai qu’autrefois décoiffante, Arte s’était empoussiérée, encroûtée, laissant l’innovation aux seules mains du Web. Mais c’est bien fini tout ça, espère Arte. En témoigne l’importance accordée hier, lors de la conférence de presse, à un nouveau programme quotidien d’une durée de… trois minutes ! C’est Silex and the City, série d’animation paléothico-déconnante conçue par le dessinateur Jul d’après sa BD. Déconne encore avec Ainsi soient-ils, série française suivant la formation de séminaristes (ah, c’est pas comique ? Pardon…) et la fiction Clara s’en va mourir, réalisée par Virginie Wagon, où Jeanne Balibar, atteinte d’un cancer, veut bénéficier d’un suicide assisté. A nous relire, là, on s’aperçoit que ça non plus n’était pas à visée comique, mais Jeanne Balibar, que voulez-vous, elle est marrante.

Pas drôle, cette fois, mais drôlement intrigant : The Spiral, une série policière franco-suisso-finlando-norvégo-dano-allemando-néérlandaiso-belgo-suédoise où l’intrigue (six tableaux de maître sont volés simultanément dans autant de musées européens) se déroule à l’antenne et sur le Web.

On vous passe la palanquée d’alléchants documentaires, plus dans la tradition de la chaîne (dont les Moissons du futur, de Marie-Monique Robin, ou le Siècle de Cartier-Bresson, par Pierre Assouline) pour s’arrêter un instant sur une autre petite étrangeté dans la rentrée d’Arte : nous n’avons recensé dans le dossier de presse remis à l’issue du raout qu’un seul documentaire sur la Seconde Guerre mondiale. Dingue.

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