Les télés locales à vau-l’eau

Epidémie. Faute de publicité, les chaînes creusent leurs déficits et leurs actionnaires se débinent.
par Raphaël GARRIGOS et Isabelle ROBERTS
publié le 9 juillet 2009 à 6h52
(mis à jour le 9 juillet 2009 à 6h52)

Des quatre coins de notre chère vieille France, un même cri se fait entendre : arg ! C’est la plainte des télés locales, toutes moribondes ou presque, toutes en passe de changer de mains ou presque, toutes en train de tailler dans leurs maigres effectifs.

Rien qu'hier, on a appris que le groupe Ouest France, actionnaire majoritaire de Nantes 7, souhaitait vendre ses 35 %. Marre du déficit (1,5 million d'euros l'an dernier) de la chaîne lancée en 2004. Les Canaris, c'est-à-dire le Football Club de Nantes, Télénantes, une association qui partage le canal de Nantes 7, ainsi que Télévista, la société qui édite Vivolta, la chaîne pour vi… pardon, pour seniors, sont sur les rangs. Dans le même temps, le tribunal de commerce de Toulouse décidait d'autoriser Télé-Toulouse (TLT), placée en observation depuis son dépôt de bilan fin 2008, à poursuivre son activité. Mais à quel prix : l'actionnaire principal, Lagardère, se carapate, remplacé par des rugbipèdes et des footeux (le Stade toulousain et le TFC) et 14 des 36 emplois sont supprimés. Et c'est sans compter la Chaîne Marseille, en grève la semaine dernière, inquiète de voir partir son principal financier, la Caisse d'épargne. Ou le départ annoncé début juin du Progrès de TLM, la télé de l'agglomération lyonnaise. Là encore, le club de foot local - une petite équipe de rien, l'Olympique lyonnais - serait intéressé, de même que, tiens, tiens, de nouveau Télévista.

En retard en matière de télés locales, la France ne s’est activée que récemment. D’une dizaine début 2000, on est passé à 34 tandis que le CSA songe à lancer des appels à candidatures pour 17 nouvelles zones. Problème : ces télés sont quasi toutes dans la dèche. Pas assez de pub - trustée par la presse régionale - pour financer les programmes du coup réduits à leur plus simple expression.

L'idée, pour sauver les télés locales, est de se mettre à la syndication, à la façon des chaînes américaines et c'est précisément ce que fait déjà Télévista. Il s'agit d'acheter à plusieurs (ça a été le cas de 24 Heures chrono ou de Super Jaimie) des programmes diffusés sur plusieurs chaînes, afin de proposer aux annonceurs de faire de la réclame nationale plutôt que locale. Si en plus de sauver le monde, Jack Bauer peut faire quelque chose pour les télés locales françaises, c'est bien gentil.

Pour aller plus loin :

Dans la même rubrique

Les plus lus