Séries US: Rentrée mollo

par Manuel RAYNAUD
publié le 5 octobre 2009 à 15h52

En septembre 2008, la rentrée des séries américaines ressemblait à un champ de mines. Quelques mois auparavant, la grève des scénaristes avait bousculé l'ensemble du processus de production à la période où, justement, les auteurs les plus inventifs étaient supposés imaginer les perles de la rentrée suivante. Au lieu de ça, très peu de nouvelles séries avaient vu le jour et beaucoup de nouveautés de la saison passée, qui n'auraient pas eu en temps normal de seconde chance, ont été renouvelées. La légendaire créativité de l'industrie télé américaine y montrait là des premiers signes d'essoufflement. Mais cette année, plus d'excuses. Plus jamais ça. Vraiment, hein. Quoique...

Cas d'école

Des sportifs body-buildés aux geeks retranchés dans leurs projets scientifiques, l'école américaine est généralement sujette à un traitement cliché des communautés. Cette année, deux nouvelles comédies viennent tordre le cou à ces idées reçues en cherchant à manier l'auto-dérision mais pas forcément avec brio. Glee (Fox), littéralement « chorale », met en scène une tribu de losers qui n'a pas d'autres choix que de percer en reprenant les chansons d'Amy Winehouse ou, plus dangereux, de Céline Dion, le tout sur des chorégraphies qui pourraient rendre Kamel Ouali jaloux. Une série imaginée par le créateur de Nip/Tuck , Ryan Murphy.

Community (NBC) est une autre curiosité, moins réussie en revanche, de la rentrée. En France, nous n'avons pas de Community College , établissement scolaire public américain qui délivre en deux ans des diplômes professionnalisant réservés, par exemple, à des étudiants en échec scolaire et qui ne sont pas en mesure d'intégrer une université traditionnelle. La série est centrée autour d'un groupe de ces étudiants (ancien quaterback blessé, ex-lycéenne superficielle, etc) qui se forme lorsque le personnage principal, avocat dont le diplôme est invalidé, s'improvise professeur d'espagnol et y organise un cours sur le tas.

O.V.N.I.

Avare en nouveautés véritablement originales, cette saison a tout de même vu l'émergence de deux objets visuels non-identifiés dans le paysage audiovisuel américain. Intitulée Modern Family (ABC), cette comédie aux faux airs de Fais pas ci, fais pas ça , pétillante série de France 2, raconte la banalité du quotidien de trois familles : un couple de banlieusards avec deux enfants, un couple homosexuel qui vient d'adopter un bébé et une famille recomposée. Une comédie qui fait le buzz et le bonheur des critiques outre Atlantique grâce à ses personnages joliment interprétés et des répliques bien senties.

L'autre objet difficilement identifiable s'appelle Bored To Death (HBO). Jonathan Ames, un écrivain en manque d'inspiration, subit le départ de sa copine qui ne parvient plus à supporter son inactivité. Il décide alors très naïvement de publier sur craigslist une annonce proposant ses services de détective privé. Afin de guider sa méthode d'enquêteur improvisé, il garde toujours sous le coude le roman de Raymond Chandler, Adieu ma jolie (Farewell, my lovely).

Vieux pots, vieilles recettes

Deux comédies recyclent deux anciennes superstars de la télévision américaines. A savoir Courteney Cox, l'éternelle Monica de Friends , et Jenna Elfman, moins connue en France malgré son célèbre rôle dans Dharma & Greg . La première joue dans Cougar Town (ABC) une quadragénaire divorcée dont la libido lui fait perdre ses moyens dès qu'elle aperçoit un bel homme musclé à quelques mètres d'elle.

La seconde, dans Accidentally on Purpose (CBS), connait un peu le même syndrome et va le temps d'une soirée arrosée faire connaissance avec un jeune homme séduisant, lequel la mettra enceinte. Coup de théâtre, elle souhaite garder l'enfant ce qui engendrera un certain nombre de situations dont l'ultime question : doit-il emménager avec elle ? La réponse sera oui et, de toute évidence, ça va lui poser problème.

Blockbuster

ABC nous y prépare depuis le début de l'année et le web suit de très près son développement : il s'agit de Flashforward (ABC), nouvelle série de science-fiction, considérée comme le potentiel successeur de Lost dans le cœur des addicts de feuilletons mystérieux. Adaptée du roman de Robert J. Sawyer par David S. Goyer, géniteur du scénario du dernier Batman, Flashforward développe une intrigue séduisante. Chaque être humain va recevoir au même moment durant 2 minutes et 17 secondes une vision de son futur. Un lourd potentiel mais en partie gâché à cause d'une narration procédurale type « Les Experts à la plage ».

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