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#1 Re : Silence, on joue » Silence on joue ! «The Medium», «Destruction AllStars», ... » 12-02-2021 15:12:47

Merci pour ta réponse Julie et pour le lien.

C'est vrai qu'il y a à dire, mais il ne s'agit pas que de toi: Erwan ou d'autres auraient pu réagir, il est plutôt sensible sur ces questions d'habitude smile ...d'où ma gêne.
Pareil sur GK dans l'émission où personne n'interroge la thématique lors de la chronique du jeu...il n'est question là aussi que de mécaniques.

Ma thèse est que nous sommes tellement baignés dans la culture kitsch de l'explorateur à la Tintin/Indiana Jones/Lara que ces thèmes demeurent encore largement des impensés en Occident, y compris au XXIe siècle. La violence extrême des "expéditions" a été totalement euphémisée et dévitalisée par le mythe positif de l'aventurier, qui est une pure construction du roman national des ex-empires coloniaux.

On sait pourtant que l'exploration "scientifique" a systématiquement été utilisée pour légitimer conquêtes, colonisations et pillages, que l'on prenne les Conquistadores ou l'expédition d'Egypte de Napoléon Bonaparte pour ne prendre que les exemples les plus célèbres.

Or dans le JV et plus largement dans la culture populaire, on peut faire autrement depuis longtemps, et même si c'est souvent réalisé de façon maladroite et lourdingue, Crystal Dynamics avec Tomb Raider ou Ubi avec certains AC - notamment le 3 - et avec FarCry 3 où la sauvagerie est explicitement incarnée du côté du "civilisé", pour reprendre les catégories coloniales - ont tenté de sortir de cet ethnocentrisme post-colonial désuet et assez peu ragoûtant qui était encore très présent dans la culture destinée à la jeunesse jusque dans les années 1950-60 en France.

#2 Re : Silence, on joue » Silence on joue ! «The Medium», «Destruction AllStars», ... » 11-02-2021 17:14:35

Je trouve plutôt gênant qu'un jeu comme Curious Expedition, qui consiste à massacrer des indigènes et des animaux sauvages et à piller le patrimoine des pays explorés sous des dehors mimi et des mécaniques sympatoches ne choque personne.

Bien entendu, dans le contexte colonial du XIXe siècle ce ressort est parfaitement cohérent, mais il convient quand même de se demander quel sens il y a à jouer à l'explorateur/colon/conquistador aujourd'hui, de la même façon qu'on se demanderait quel sens il y aurait à lire Tintin au Congo en 2021...

La vision complètement enthnocentrée du jeu me fait me demander comment un amérindien ou un africain contemporain recevrait une telle narration - par simple projection.

La série Tomb Raider - littéralement pilleur de tombes - a tenté maladroitement de prendre de la distance avec cette figure très ambigüe de l'explorateur blanc conquérant; les méchants ne sont jamais les indigènes mais une obscure société occidentale et Lara tente d'aider les gens, pas de les tuer.

Même si le thème de l'"expédition" n'est qu'un prétexte aux mécaniques de l'aventure, on peut quand même interroger ce choix.

#3 Re : Silence, on joue » Silence on joue ! Spécial e-sport avec l'Armateam » 18-01-2017 12:33:57

Petit coup de gueule: je trouve plutôt déplaisant de faire la promo pour des entrepreneurs d'e-sport sponsorisés (merci TOpAchat!) qui est quand même la plaie du JV.

Certes, ils sont moins caricaturaux que leur ex-employeur Webedia, et le côté "exploitation" capitaliste de joueurs pro est présenté comme plus "humaine" (comme si cela avait un sens), mais la professionnalisation du JV demeure pour moi un non sens: le JV, pratique interactive par essence, entre un créateur et le joueur, est en train de devenir une industrie de flux, de "story telling", où le fric fait la loi (sponsoring, cash prizes etc...)...exactement ce que vend la télé de merde en spectacularisant le poker par exemple.

Que cela soit fait par des petites boites "indépendantes" ou par des gros groupes comme Webedia ne change pas grand chose à l'affaire.

Je suis moi-même joueur occasionel de Heartstone, et je n'ai rien contre le côté compétitif, mais l'arrivée massive de la télé et du fric, l'intégration verticale (contrôle de toutes les étapes de la production et de la diffusion de l'e-sport comme marchandise) est en train de transformer une pratique culturelle populaire en flux de merde à sens unique.

Vous valez mieux que ça à SOJ.

Merci de continuer à prendre le JV au sérieux, comme autre chose qu'une simple industrie mercantile: continuez à inviter des développeurs, des créateurs, des sociologues, philosophes etc..... tout ce que vous voulez, mais pas ce genre de parasites élévés à Sup de Co.

#4 Re : Silence, on joue » Silence on joue ! «The Last Guardian», «Dead Rising 4» » 17-12-2016 19:25:55

Jeremisrael a écrit :
etienne3 a écrit :

S'il n'y a aucune honte à apprécier la mièvrerie et à se laisser prendre par la manipulation factice des affects

En gros, je suis con.
Difficile d'apprecier les creations artistiques, les parcs d'attraction ou la drague si on est alergique a la manipulation factice des affects.
Il doit te manquer une grande case bonheur, sans doute encombree par un trop-plein de lucidite et d'objectivite.
Moi je me fous du regard critique, je joue et j'aime ou j'aime pas, je ne suis pas journaliste, ni fanboy, ni productif comme toi.

Mes remarques ne s'appliquent pas au joueur de base, comme toi et moi, mais à celui qui prétend faire profession de critique, en l'occurrence Daniel/Kamui.

D'autre part je ne vois pas trop l'intérêt de se lancer dans une psychanalyse sauvage par posts interposés.

Tu es parfaitement libre défendre ce jeu comme tu le fais dans une approche parentale "pédopsy" dans un forum, approche qui aurait tout à fait sa place dans le podcast ABCD - la version "les maternelles" de ZQSD.
Mais reconnais au moins que cette approche est ultra-spécifique et n'intéresse ni ne touche pas forcément tout le monde.

#5 Re : Silence, on joue » Silence on joue ! «The Last Guardian», «Dead Rising 4» » 17-12-2016 18:35:53

Jeremisrael a écrit :

N'importe quoi. C'est toi qui repetes les poncifs les plus recurrents, et tu n'est pas absolument sur la ligne de Joel.
Je ne suis fanboy de rien du tout, et surtout pas des jeux japs ni des jeux indies. Pourtant j'ai adore The Last Guardian, qui offre quelque chose de different, et qui a accroche dans mon cas. On peut tout a fait ne pas etre sensible, mais on peut l'etre, et si ca ne te plait pas alors j'appelle ca simplement de l'intolerance.

Ce n'est pas une question de tolérance, mais de regard critique.

Je n'aurais pas du reprendre le terme trop péjoratif de "fanboy" de Stonga: j'entendais par là le fait que Daniel lui-même reconnait qu'il défend un jeu qu'il a aimé, et du coup se trouve en position d'avocat inconditionnel, au point de dénier des tares techniques évidentes comme les problèmes de caméra. Il ne supporte pas qu'on fasse du mal à son jeu et abuse d'arguments d'autorité d'ordre émotionel...comme un fanboy de base.
Je suis pour une dose de subjectivité dans la critique, mais une dose seulement: au-delà, l'effet est contre-productif.

S'il n'y a aucune honte à apprécier la mièvrerie et à se laisser prendre par la manipulation factice des affects - de ce point de vue Joel a parfaitement raison de parler de "dictature de l'émotion" - il n'y a aucune indignité non plus à appeler un chat un chat, et à considérer ce jeu comme une sorte de Nitendogs animé, avec un peu de plateforme/corniche à deux balles pour agrémenter la sauce.

A cet égard, TLG est certes un jeu "différent", mais plutôt dans le sens de l'euphémisme qu'on emploie parfois pour désigner un enfant légèrement débile mais attachant.

#6 Re : Silence, on joue » Silence on joue ! «The Last Guardian», «Dead Rising 4» » 17-12-2016 16:36:06

stonga9 a écrit :

La séquence sur The Last Guardian montre bien comment il est impossible d'avoir une conversation critique constructive avec un fanboy :
Daniel sur The Last Guardian : "tu n'as pas compris", "parce que tu n'y arrives pas", "vous êtes petits joueurs", "si t'avais vu la fin, tu comprendrais". C'était vraiment pénible à écouter.
Le meilleur argument pour TLG étant : ce n'est pas un jeu pour les joueurs, mieux, c'est un jeu pour un non joueur qui a un chat et qui aime Moebius ... SIC

Même impression désagréable, et bravo à Joël pour avoir contribué à dégonfler cette baudruche.

Dès qu'il s'agit d'un jeu japonais d'"auteur", certains fanboys perdent toute forme de recul critique, et se mettent à confondre poésie et niaiserie, authenticité et factice, beauté et kitsch, mélancolie et sinistre, sensibilité et sensiblerie...

Le pire est que tout cela est fait avec une forme d'aplomb qui confine au surplomb: "tu peux pas comprendre".

Et le pompon, c'est quand on termine à la fin avec un poncif d'un ridicule achevé: "aimer, c'est regarder ensemble dans la même direction."(!!!)

Misère de la critique.

#7 Re : Silence, on joue » Open Top Silence on Joue 2016 » 04-12-2016 00:39:45

1- The Witcher 3: Wild Hunt +Expansion Pack (PC, 2015-16)
2- Fallout 4 (PC, 2015)
3- METRO Last Light Redux (PC, 2014)
4- Assassin's Creed Syndicate (PC, 2015)
5- Rise of The Tomb Raider (PC, 2015)
6- FARCRY 4 (PC, 2014)
7- Enderal (c'est un mod pour Skyrim mais en fait c'est comme un jeu, PC, 2016)
8- World of Tanks (PC, 2011)

#8 Re : Silence, on joue » Silence on joue ! La Nintendo Switch, «Mafia 3», «Gears 4» » 28-10-2016 18:12:49

Emission agréable à écouter, comme d'hab.

Sur Mafia, les critiques rejoignent ce qui est dit ou écrit ailleurs: ils ont noyé ce qui aurait pu être une chouette histoire et une chouette ambiance digne des précédents (surtout le premier) dans du concept occupationnel à la Ubi, le tout desservi par une réalisation merdique et un assemblage mal branlé.
Pire, ceux qui ont eu le malheur comme moi de jouer jusqu'au bout au très mauvais Parrain d'EA retrouvent ici avec dégout l'horrible répétitivité de la conquête des quartiers peuplés de gangsters clonés, les gangs se distinguant alors uniquement par la couleur des costards...structure de gameplay totalement indigente, déjà limite à l'époque du Parrain, parfaitement inacceptable en 2016.

On dirait The Division, c'est dire...

Sur le plan narratif, comme cela a été dit, le protagoniste principal potentiellement intéressant est très vite réduit à une brute sanguinaire sans cervelle sur fond de vengeance basse du front et de méthodes à l'utra-violence injustifiée et injustifiable - faudra m'expliquer quel type de vengeance justifie d'égorger ou de crever les yeux d'une armée interminable de seconds couteaux, après les avoir attiré à la queuleuleu derrière une palissade en sifflant(??!)
Moi je veux bien que ce Lincoln, il soit vraiment très très fâché, mais là?
Le côté volontairement choquant de ces scènes d'exécution vire dès le début au grotesque avec leur accumulation stupide et une IA éligible au prix Nobel des canards sans tête...belle réussite, franchement.

La violence dans les films de ce genre n'est marquante que parce qu'elle surgit rarement et de façon explosive, et pas sous forme de massacre à la chaîne: les scénaristes n'ont rien compris, c'est totalement navrant.
Quelle différence finalement entre ce protagoniste et celui du très mauvais et très décrié Hatred? Même le personnage vaguement polémique Trevor de GTA5 est plus "humain" et donc plausible - car complètement psychotique - que ce sinistre animal au sang froid de Lincoln.

Le protagoniste du 2 était déjà une régression complète: personnage con comme une huitre, totalement passif qui dit toujours oui à ses patrons et grimpe dans la mafia comme une petite crapule opportuniste lambda. Aucun intérêt.

Celui du 1 était beaucoup plus riche et classique: il se retrouve pris malgré lui là-dedans, y trouve un moment son compte mais n'adhère jamais à la violence gratuite et sauvage, même si un cynisme grandissant accompagne sa progression dans l'organisation. Par la suite s'il en adopte les codes ("on peut crever jeune, mais blindé"), il demeure pris dans des dilemmes moraux, et finit par balancer tout aux flics: "les blazes, les dates, les comptes, la totale" (c'est le début de l'histoire, parfaitement construite en flash backs).

Finalement si il s'y conforme par la force des choses, il n'aime pas cette vie ni ses compagnons qui sont autant des ordures que ceux d'en face, il méprise ses chefs et le jeu rejoint en cela le topos de tous les grands classiques des films de mafia: ce métier de salaud, c'est simplement la promesse d'une vie courte et en réalité merdique, parfaitement incompatible avec l'amour, l'amitié et la vie de famille, et toute forme de relation humaine authentique.

Rien à voir avec les psychologies sommaires de l'idiot servile du 2 et de la brute vengeresse du 3.

En ce sens si Mafia:the City of Lost Heaven est un grand jeu, ce n'est pas pour avoir inventé quoi que ce soit, c'est simplement du très bel artisanat consistant à réintroduire à la perfection les canons d'un genre cinématographique dans le JV, exactement à l'image de ce qu'a réalisé Rockstar avec RDR pour le Western. On est au même niveau de chef d'oeuvre, avec des moyens techniques plus modestes.

C'est rien de dire que les deux suites ne sont pas à la hauteur de ce premier opus.

#9 Re : Silence, on joue » Silence on joue ! «Undertale», «Prison Architect», «Minecraft Story Mo » 27-10-2015 08:49:42

Et quand on vous proposera de gérer un stalag, vous serez dans la "distanciation" bien sûr...

Eichmann 2.0?

Putain mais relisez Arendt:

https://fr.wikipedia.org/wiki/Banalité_du_mal

#11 Re : Silence, on joue » Silence on joue S09E01 ! «Rocket League», «Metal Gear Solid V» » 11-09-2015 17:38:35

Bon, gros consensus de fans autour de MGSV, même Erwann refuse de troller.

Puisqu'il faut remettre les pendules à leur place, comme disait Johnny, alors je m'y colle...

Comme j'ai pu le lire sur les forums de Steam, MGSV est:

"Répétitif, chiant, ennuyeux, sexiste, stupide, bête et méchant."

J'ajouterais pour ma part, bien que n'ayant pas mis la main dessus, que c'est apparemment surtout une bouse atrocement RINGARDE et PRETENTIEUSE, militariste, viriliste et crypto-fasciste.

Bref, ça sent vraiment la vieille chaussette, et je n'aimerais pas être dans la peau de Kojima, qui a l'air surtout d'être un ado attardé un peu dérangé de la caisse, et fasciné par les pires clichés de l'industrie culturelle occidentale.

Ce mélange de simu militaire, de ballons cartoonesque, de bimbo en bikini et de récit d'anticipation frelatée rassemble à peu près tout ce qui est du plus mauvais goût dans la culture occidentalisée mondiale, et de plus déplaisant autant sur le plan esthétique qu'idéologique: bref, le fond de poubelles de l'entertainment américain mondialisé, vu par un japonais.

Par où commencer?

Par ce que j'ai vu: une video de gameplay.

Voilà la première impression que j'ai eue:

Un truc complètement ringard et bas du front: un vieux militaire à la préretraite - on dirait un sous-off d'active français habitué à vinasser dans son bureau qui se serait clochardisé et laisser pousser ses cheveux gras et filasse et une barbe accueillant reliefs de repas et traces de vin rouge - accompagné d'un chien de guerre miteux et d'une jeep pourrie crapahutant dans un désert d'Afghanistan mille fois déjà vu, sur fond de musique eighties horrible, avec un HUD qui clignote de partout et des voix synthétiques absolument ridicules dans l'oreille à chaque action...le tout enrobé par une réalisation technique pas flamboyante et une DA de chiotte.

Mais qui peut avoir envie de jouer à çà? Je m'adresse évidemment à tout ceux qui n'ont pas touché à la licence, ayant un regard objectif et neuf, et qui se contrefichent de Kojima comme de leur première branlette.

Plus généralement, depuis les Splinter Cell - y a quand même 12 ans - je ne vois pas qui peut s'intéresser à ce genre d'infiltration de "pine d'huitre" - même avec des options sophistiquées, un gameplay "profond" blablabla...

A la limite avec un univers original et des mécaniques novatrices comme un Dishonored à petit budget, c'est fun à jouer.
Mais là, ça a l'air d'un sérieux et d'un générique...vraiment relou.

Faudra qu'on m'explique ce que ce jeu a de plus qu'un bon vieux Crysis ou qu'un Farcry récent...qui dans leur genre souffrent déjà des défauts reprochés à MGS5 (répétitivité, scénar à la ramasse etc) mais qui sont au moins agréables à jouer et à regarder et plongent dans un univers un peu plus original et varié que les éternels "déserts" d'Afghanistan ou d'ailleurs.

Ca c'est pour le côté atrocement ringard de l'univers et du gameplay - dire que certains comparent ça à RDR...

Plus personnellement, je ne supporte plus de jouer un bidasse en treillis. C'est plus possible...

Incarner un aventurier, un gangster, un assassin... TOUT sauf un bidasse.
Ce n'est pas un problème de violence - j'adore la violence dans les jeux - c'est un problème de beaufitude.

Seule exception: les simu ARMA, où l'on joue finalement des robots totalement désincarnés dans un cadre tactique (l'animation FPS des soldats étant d'ailleurs aussi rigide que celle des véhicules). Mais jamais on ne joue un putain de HEROS DE GUERRE.

Dire que j'ai entendu que MGS était une série "pacifiste"...

Dans l'extrait que j'ai visionné, le "héros" est en permanence en contact radio: à chaque fois qu'il snipe en pleine tête une cible, il entend "good job"...soit exactement ce qu'on a pu voir dans les images wikileaks où un hélico américain massacre des civils au Minigun..."GOOD JOB"(!!!)

Sérieusement arrêtez de jouer à des trucs pareils.

Un des intervenants de l'émission détaille tout le cirque autour du scénario global, avec la Mother Base et la constitution d'une sorte d'armée de l'ombre, une Private Military Company pour combattre...les armées du monde. Donc Kojima nous propose de combattre le mal par le mal, et pour empêcher la guerre, il prône...la guerre.

Franchement comment peut on voir un discours "pacifiste" dans ce jus de cerveau malade? La Mother Base, ça serait donc l'Abbaye de Thélème contemporaine - première utopie de la littérature française écrite par Rabelais?

Soit en l'occurence une plateforme off-shore remplie de bidasses et de moutons téléportés en ballon, avec pour seules mascottes un chiot qui fait des câlins et une snipeuse en bikini?
Moi j'appelle ça un CAUCHEMAR, une dystopie totale.

L'idée même d'une régulation des conflits mondiaux - en dehors du côté complètement saugrenu - par une force militaire privée est évidemment fascistoïde: on peut penser ce qu'on veut des armées du monde et des conflits actuels, dans les démocraties, elles sont au service de ces DEMOCRATIES. Et la bombe atomique - à l'exception de certains pays comme la Corée du Nord - est jusqu'à présent essentiellement aux mains de DEMOCRATIES - avec évidemment toutes les limites que le mot englobe.

Le militarisme, l'autoritarisme et le totalitarisme sous-jacents de l'"oeuvre" de Kojima sont certainement liés à son parcours personnel - et à une influence écrasante des pires bêtises militaristes de la culture hollywoodienne - et n'est peut-être pas en outre sans rapport avec l'histoire de son pays.

Mais ce qui est sûr, c'est qu'en aucun cas ce jeu ne véhicule une idéologie "pacifiste"...



Quand au sexisme...je crois qu'il est inutile de s'attarder, ça a été suffisamment souligné ici et là: au risque de spoiler, il y est question d'avortements douteux, et le seul PNJ féminin est tellement caricatural qu'à côté L Croft passerait pour une nonne ou une femme en burqa.

Le traitement réservé dans le jeu aux enfants-soldats africains - qui sont en réalité et paradoxalement à la fois des bourreaux et des VICTIMES de guerre - est aussi franchement douteux.

Bref, ce jeu sent définitivement la psychologie de chambrée de caserne...et ferait passer un COD ou un Homefront de base pour une romance de Rohmer.

N'y jouez pas: non seulement c'est chiant et déjà vu, mais tant qu'à jouer à un "no brainer", un Farcry (2/3/4) ou un Tomb Raider récent sans prétention offrent de bien meilleurs moments...

Le seul motif de jouer à cette bizarrerie culturelle serait d'ordre psycho-anthropologique, poussé par une curiosité malsaine: vouloir contempler le pire de la sous-culture occidentalo-américaine vue à travers le regard fasciné d'un développeur japonais à l'esprit dérangé.

Personnellement, je connais suffisamment cette sous-culture dominante pour avoir plutôt tendance à fuir...il y a tellement de bons jeux par ailleurs.

#12 Re : Silence, on joue » Silence on joue ! «Mortal Kombat X» et les livres de Third Editions » 04-05-2015 03:36:45

La monétisation des mods est typique de la fausse bonne idée, quelle que soit sa mise en oeuvre:

"Ca aurait créé un scission dans la scène du QUELLE QUE SOIT LA FACON dont on l'aurait réalisée"

R Scott (fondateur de Nexus, le site incontournable - 9 millions d'utilisateurs enregistrés - de mod libres et ouverts des jeux Bethesda depuis Oblivion et Fallout 3) interrogé par RPS

http://www.rockpapershotgun.com/2015/04 … paid-mods/

#13 Re : Silence, on joue » Silence on joue ! «Elite Dangerous», «Far Cry 4», «Game of Thrones» » 20-12-2014 02:07:53

@ChatonPute

PPs:

A propos de Verhoven, je ne puis que te conseiller de te procurer les films qu'il a réalisés quand il était encore au Pays-Bas, comme "Spetters" ou "Le Quatrième Homme", avant d'aller produire des blockbusters de merde en série à Hollywood, et tu pourras éventuellement reconsidérer la frontière que tu établis entre lui et Tarkowski.

La frontière entre la culture populaire qui tire vers le bas et celle qui génère des émotions et des réflexions authentiques est beaucoup plus ténue que ce que présupposent les conventions dominantes bien confortables.

Il n'y a aucune raison que l'industrie du divertissement soit forcément synonyme de débilité chronique et il n'y aucune raison de penser que ce que le cinéma populaire a réussi à faire au siècle dernier, l'industrie du JV mainstream n'y parvienne pas au XXIe.

#14 Re : Silence, on joue » Silence on joue ! «Elite Dangerous», «Far Cry 4», «Game of Thrones» » 20-12-2014 01:46:10

@ChatonPute

Salut et merci pour ta réponse

Le papier de Nofrag ne fait pas référence à celui que tu cites, mais à celui de RPS:

http://www.rockpapershotgun.com/2013/04 … izing-fps/

Le journaliste écrit:

"If nothing else, however, Spec Ops: The Line and Far Cry 3 should be applauded for aiming right down the sights at a very important topic. Thing is, they furrowed their proverbial brows at shooters in extremely different fashions – Spec Ops by charting a slow descent into bodycount-borne madness, and Far Cry by “straight-faced” (and/or frustratingly obtuse) satire."

Donc en gros, il met en avant 2 FPS qui sortent de l'offre bourrine habituelle et supposés interroger le genre: Specs Ops à propos du "bodycount" décérébré, et FC3 à propos de la "satire franche" du genre (ou obtuse selon d'autres).
A priori ces deux jeux poseraient donc des questions intéressantes.

La réponse de Jeffrey Yohalem sur FC3:

"The whole thing was inspired by this idea of, can you make a game that is a warning label about games? Can you do it without being an ironic satire? Because for me, irony is finished, for now. I think the last few years have been about ironic, arm’s-length jokes where you say, “We’re smarter than this thing. We’re making fun of it.” It’s the Family Guy style of humor. I think that what’s happening now – it started with Exit Through The Gift Shop – is this idea of playing with the world itself without blinking.

There’s a problem with my generation, where escapism is becoming systematized.
I had, in college, several experiences with WoW where people that I really admired in the game turned out to have really terrible lives. They were focusing all of their attention on being a good person in the game, while their children were neglected in reality. At one point point someone’s girlfriend came on and basically told us all off in the guild. Her son had touched the stove because his father wasn’t watching the child. He was playing WoW.

When we were pitched a straightforward shooter, I felt the same thing – like there’s a problem with my generation, where escapism is becoming systematized. Especially like Jane McGonigal’s talk at TED about how you can use gamification to manipulate people into doing things. She sees a positive side of it, like, “Oh, this is going to be great for people.” But I also saw all these corporations at that talk with their lists of, “This is how we can get people to do things that they don’t want to do.” I’ve seen people in New Mexico. On Christmas morning they gamble their whole bonus checks away instead of spending Christmas with their kids.

That kind of gamification, to me, is a threat to society. But we work with games because they’re interactive. You can create an experience that allows the player to come to their own conclusions about that. Far Cry was an attempt to say, “Let’s look at these systems and how they make you feel. Then, at the end of the day, you decide whether you like what this has done to your brain.”

En relisant avec attention, il semble bien que son idée se situe donc effectivement plus précisement sur le plan moral que sur l'absurdité de pousser le joueur à confectionner des holster avec des peaux de requins: il s'agissait de pousser à bout une logique extrêmement dirigiste - conduisant à devenir un tueur professionnel et à infliger des trucs pas chouettes à autrui - et de laisser le joueur s'interroger là dessus (Spoiler: cf la scène avec le petit frère).

Du coup effectivement l'interprétation de Nofrag est soit erronnée soit un gros troll, et je l'ai reprise de façon bien imprudente.

Mais franchement, je suis alors presque déçu: les propos du scénariste sont à la fois extrêmement convenus et naïfs pris dans ce sens.

Car les vrais dangers de la "gamification" qu'il croit dénoncer ne sont pas dans le fait qu'elle peut conduire à transformer chacun de nous en bête sanguinaire nazifiée- thèse éculée et franchement neu-neu, qui reproduit toutes les idées reçues sur le JV et la violence - mais bien plutôt à nous faire consentir à des tâches numériques répétitives, aliénantes et dénuées de sens, qui sont l'essence des formes émergentes du travail contemporain.

Comme par exemple "looter 5 sangliers pour coudre un holster".

Du coup, au delà de la blague, je trouve que l'interprétation du DrLoser bien plus intéressante et profonde que celle du scénariste de FC3.

A propos de FC2, je ne voulais pas défendre à tout prix ce jeu, mais souligner l'agacement et la frustration que m'inspirent ses successeurs, que je considère comme une régression pénible vers "la série B et le film d'action décérébré mais qui ne pète pas plus haut que son cul".

On n'a quasiment plus que ça en FPS aujourd'hui, même pas la peine de faire une liste, il n'y a plus que ça: des satires revendiquant la série B ou Z plus ou moins assumées. Et quand un scénariste comme Yohalem prétend sincèrement produire un message, non seulement c'est noyé au milieu d'un torrent de merde, mais en plus c'est juste pour nous dire que "tuer c'est mal" et torturer son frère c'est pas cool. Tout ça est doublement indigent.

Au point que les "vieux" FPS précurseurs, qui étaient AUSSI des séries B au scénario indigent me paraissent rétrospectivement comme profonds. Cette nouvelle culture industrielle du fun et de la distance ironique en série, qui de temps en temps prétend nous faire "réfléchir", ne produit en réalité que des expériences fondamentalement tristes et désespérantes.


PS:

"Je ne les voit même plus pour être honnête, comme les pubs sur un site web."

Il y a encore des gens qui n'ont pas ABP?

#15 Re : Silence, on joue » Silence on joue ! «Elite Dangerous», «Far Cry 4», «Game of Thrones» » 19-12-2014 19:04:52

Je ne partage vraiment pas l'enthousiasme de Patrick à propos de FC4, ni l'unanimisme autour de FC3, par comparaison à FC2 qui est un jeu bizarrement mal aimé, tandis que ses successeurs me semblent totalement surévalués à tous les points de vue.

Seul Erwann a l'air quand même vaguement dégouté par le côté "chargé jusqu'à la gueule" des jeux Ubi récents: FC2 était certes assez vide, mais bien plus immersif et plus fidèle au jeu original que ses successeurs FC3 et FC4 - ce dernier étant un simple reskin -, et qui sont eux-mêmes tous deux des variations génériques du même jeu, l'"Ubisoft Game" dont la revue critique a déjà été faite une fois pour toute.

http://games.on.net/2014/06/ubisoft-game-the-review/


Et au passage, les FC3/4 sont absolument TOUT LE CONTRAIRE de la géniale série des S.T.A.L.K.E.R. en termes d'immersion, de difficulté, sans parler de l'atmosphère inégalée dans le genre.
Le systême X-life de S.T.A.L.K.E.R. était un des premiers à simuler un environnement, des créatures et des PNJ avec des patterns autonomes, mais était beaucoup plus ambitieux que dans les FC récents: dans Clearsky, la guerre des factions était supposée se dérouler en toile de fond, avec des modifications de l'équilibre des forces en présence, même si ça n'a jamais marché parce que trop buggé - car pour le coup trop ambitieux.

Dans les FC3/4, les scènes de combats entre PNJ hostiles et alliés et/ou animaux sont purement anecdotiques. Elles sont seulement le fruit de spawn aléatoires à proximité du joueur: cela peut donner des scènes inopinées parfois marrantes - un éléphant qui vient mettre la zone dans un fight entre factions ennemies - mais absolument sans conséquence sur l'équilibre du monde, et on s'en lasse assez vite.

Alors que dans S.T.A.L.K.E.R. voir des mutants venir massacrer une clique de bandits à proximité, au moment même où l'on avait plus de munition ni de medkit et qu'une "émission" se préparait, ça donnait vraiment l'impression que ces évènements aléatoires pouvaient changer le cours du jeu, et le sentiment d'une progression singulière - ie une véritable "histoire" solitaire.
De ce point de vue, on peut faire le "récit" d'une partie de S.T.A.L.K.E.R., certainement pas d'une partie de FC2/3.


Par rapport à FC2:

-FC2 était techniquement très honnête - relativement à sa date de sortie - même si Crysis avait mis la barre très haut.
En particulier, la réalisation sobre de FC2 contraste avec le côté bling-bling des suivants: l'utilisation abusive du HDR, des flare lens et des couleurs over-saturées dans FC3/4 donnent mal à la tête de jour et rendent au contraire les nuits bien ternes. Et sur PC il n'y a pas d'ENB vraiment convainquant à ma connaissance pour rendre les couleurs un peu plus réalistes et l'univers moins flashy.

En outre, la qualité du LOD n'est pas si époustouflante que ça, les paysages à longues distances sont systématiquement flous: c'est pas plus impressionnant qu'un Skyrim lourdement moddé ou que ce que rendent la plupart des AAA actuels.

Enfin des détails vraiment réussis comme la physique de la végétation, les effets du feu, et le niveau de destruction dans FC2 ont été systématiquement castrés dans les version plus récente du Dunia engine à partir de FC3, et ceci 4 ans après: il y a eu clairement régression de ce point de vue.

https://www.youtube.com/watch?v=88PHHEziQtU

-au niveau contenu et gameplay, le HUD minimaliste de FC2, l'absence de mini-map, a fortiori où sont spottés les ennemis, l'absence d'icônes ridicules sur la tête de ces derniers dans le monde, l'absence de wallhack, le fait de devoir sortir une carte matérialisée - tous ces détails rendaient le monde de FC2 plus dangereux et moins contrôlable.

-pareil pour le respawn des PNJ hostiles dont tant de monde s'est plaint, qui faisait que le joueur était en permanence en danger: il n'y a pas de "conquête" définitive de zone, et une seule safe zone centrale. Le joueur était tout seul, et ce n'est pas un énième "enfant de dragon" que tout le monde attend et qui nettoie peu à peu la carte.

Dans FC3/4, on a  des combattants autochtones alliés qui attendent comme des feignasses que le joueur a lui tout seul libère TOUS les postes avancés de la map, et qui viennent les sécuriser JUSTE APRES: ces trouillards débarquent systématiquement A LA SECONDE où on monte le drapeau. C'est un peu le contraire de la cavalerie: ils arrivent TOUJOURS trop tard, à une seconde près.
Ces pauvres combattants pourtant surarmés sont donc capables de "tenir" définitivement ensuite des positions conquises par le joueur, mais qui sont INCAPABLES d'en prendre une seule avec leurs propres kalash?
Mais WTF?

La situation d'hostilité  permanente vis-à-vis du joueur de FC2 est plus cohérente, et pouvait punir le joueur dans sa progression à chaque instant à cause d'une mauvaise rencontre. Certes c'est punitif et répétitif, mais c'est un FarCry, pas Skyrim ou AC - qui dans leur genre font dans la "variété répétitive".

-dans FC2 toutes les mécaniques innovantes de la série étaient déjà là: free roaming dans un grand monde ouvert divisé en deux "îles", véhicules, présence d'animaux, technologie du feu bien plus réaliste, planification des attaques de camps.

-a l'inverse certaines mécaniques qui accroissaient la difficulté dans FC2- ce qui énervait de ce fait de nombreux joueurs, ont été supprimées: armes enrayées, malaria, rareté relative des armes et des seringues. Et tout le monde s'est réjoui parce qu'Ubi avait écouté les doléances des joueurs pour la suite, ces petits enfants gâtés.

-en revanche tout un tas de trucs débiles et inintéressantes qui n'y figuraient pas ont été ajoutées en masse: craft de peaux de bêtes pour agrandir le portefeuille (!), révélation de la map en grimpant sur des tours à la AC, minijeux tous plus débiles les uns que les autres (défis en tout genre, tue x ennemis à la grenade pendant y secondes, courses de quad avec les villageois opprimés (!) etc...).



Les gars de Nofrag avait bien résumé tout cela en disant à propos de FC3 que ce jeu était en fait un gros troll qui ne faisait que nous gueuler aux oreilles à chaque seconde "TU ES DANS UN JEU VIDEO":

<quote> Non seulement le contenu du jeu nuit à sa crédibilité, mais il en est de même pour de nombreuses mécaniques du gameplay. Les exemples les plus flagrants sont la fameuse minimap qui indique en permanence la position des plantes, des objets, mais également la localisation exacte des ennemis, et puis il y a le point jaune… Tout comme dans Call of Duty, il suffit de suivre ce foutu point jaune affiché en gros sur votre HUD pour terminer n’importe quelle mission. Vous devez fouiller un temple abandonné à la recherche d’un artefact ? Suivez le point jaune. Votre copain s’est fait kidnapper et vous cherchez où il est détenu ? Suivez le point jaune. Les pirates s’enfuient dans un véhicule que vous prenez en chasse ? Suivez le point jaune. Et si jamais vous refusez, le jeu vous rappellera régulièrement de suivre ce foutu point jaune à l’aide d’un message apparaissant en haut à gauche de votre écran. Des messages de ce type, vous en verrez sans arrêt :
Attention, vous pénétrez dans une zone ennemie !
Activez les tours radio pour obtenir des réductions dans les magasins.
Utilisez les extincteurs pour éteindre l’incendie.
Cassez les poutres pour déclencher un éboulis.
Nouveau didacticiel débloqué : « furtivité ». Appuyez sur ESC pour le lire.
Vous venez de tuez un tigre, appuyez sur ESC pour voir sa description.
Il ne se passe pas une minute sans qu’un message apparaisse sur votre HUD. <quote>

http://www.nofrag.com/2012/dec/03/41817/


Plus intéressant encore est le post-mortem de FC3: en fait, si le jeu est devenu aussi boursouflé et peu immersif,  et son histoire aussi pétée c'était délibéré de la part des scénaristes, pour nous mettre en garde contre la manipulation des JV (!)

<quote>Au cas où vous n'étiez pas au courant, Far Cry 3 est une satire des FPS : son scénario est volontairement nul, sa GUI est envahissante à dessein et son gameplay est ultra répétitif afin de vous faire comprendre qu'un jeu vidéo a le pouvoir de vous faire looter 5 sangliers pour coudre un holster même si c'est complètement dénué d'intérêt.
Si vous n'êtes pas convaincu, le scénariste du jeu explique pourquoi il a volontairement sabordé l'immersion et l'histoire de Far Cry 3. En substance, il pense que les jeux vidéo peuvent être très dangereux et que les développeurs ont tendance à manipuler les joueurs. En faisant de Far Cry 3 une satire, il a tenté de vous mettre en garde. Malheureusement, personne n'a compris le message, mais ça c'est une autre histoire.." </quote>

http://www.nofrag.com/2013/mai/13/42814/

#16 Re : Silence, on joue » Silence on joue ! «Assassin's Creed Unity», «Shovel Knight» » 01-12-2014 20:13:19

Salut,

je comprends et partage entièrement la déception d'Erwan, mais c'est un peu la marque de fabrique de la série: des  décors impressionnants, un gameplay intéressant mais répétitif et une histoire complètement INDIGENTE.

Les AC sont toujours frustrants de ce point de vue pour moi parce qu'une petite musique me chante très fort à l'oreille à chaque seconde que les développeurs s'adressent à quelqu'un d'autre que moi en y jouant - la cible semblant être plutôt une sorte d'ado inculte qui existe au moins autant dans la tête des directeurs marketing d'Ubi que dans la réalité,  vaguement amateur de violence stylisée, de complots et de sociétés secrètes, en gros du Da Vinci Code prédigéré, autant dire le degré zéro de la culture historique et de la littérature.

A la base, ils ne peuvent pas se débarrasser totalement de la trame méta portée par ce pauvre Desmond au charisme de beignet - sinon ce n'est plus AC et il faut changer de licence - donc quel que soit l'épisode historique, cette trame reposera forcément sur ce conflit intertemporel pénible tellement il est invraisemblablement débile entre pseudo-Assassins et pseudo-Templiers.
De ce point de vue la série AC est donc génétiquement - cette histoire d'ADN, quel concept débile là-aussi - condamnée à être une série complètement pourrie sur le plan scénaristique, un truc irrémédiablement à 2 neurones, foireux du début à la fin.

Ce type de trame favorise une vision plutôt anglo-saxonne mais surtout très "corporate" d'une histoire dépolitisée et désidéologisée où les évènements politiques dramatiques ne sont que la répétition ad nauseam d'intrigues secrètes à base de trahisons et de vengeances personnelles: c'est-à-dire en gros de bêtes histoires de mafia et de vendetta, comme si la JV AAA en monde ouvert n'en avait pas suffisamment à offrir.

Ca peut fonctionner dans un univers mettant en scène les Borgia et dans une moindre mesure les Croisades, mais c'est évidemment une catastrophe pour traiter d'épisodes hautements politiques comme les Révolutions. Le meurtre politique ne peut être compris par les scénaristes d'Ubi que comme une simple affaire de prise du pouvoir par l'intrigue et la violence indiviuelle - à la César et Brutus ou dans une version fictive à la Game of Thrones -  mais passe totalement à côté  de la dimension réelle des Révolutions: celle du renversement complet d'un ordre social et politique.

Ils ne savent pas parler de ça d'une part parce que ça n'empêche pas les ventes, et que d'autre part cette culture anglo-saxonne très "corporate" se méfie comme de la peste de la politique et de l'idéologie qui a priori rebuteraient les joueurs, supposés allergiques à la profondeur politique de l'Histoire.
Comme dit F Lordon, les grands éditeurs des media sont des "présupposeurs de connerie" prêtée au public auquel ils s'adressent, et ils ont une trouille bleue de ce qu'ils appellent le "clivant" dans un produit grand public.  Il faut voir le disclaimer sur la "diversité confessionnelle" présent depuis le début pour comprendre cela: on parle de religion certes, mais attention, on n'en pense rien de précis, on est pour toutes les confessions et croyances.

Donc finalement on ne dit absolument rien d'intéressant sur les religions: comment expliquer par exemple l'extraordinaire ferveur des processions au moment des croisades, les enjeux incompréhensibles aujourd'hui autour des "reliques" et des "lieux saints" au Moyen Age, la grande panique millénariste qui conduisait des milliers d'hommes et d'enfants vers des aventures inouies et vers la mort etc...

Idem pour les Révolutions françaises et américaines, qui ne sont que des toiles de fond violentes donnant un cadre à un jeu extrêmement violent dans sa représentation des combats et assassinats - ce qu'on a tendance à oublier tellement on y est habitué, alors qu'il s'agit d'épisodes de l'Histoire intensément politiques, et que la violence n'y a de sens que comme un instrument du renversement inoui de l'ordre établi.
C'est d'ailleurs ce que n'a pas compris Mélenchon dans sa critique du jeu: ce n'est pas par biais idéologique révisionniste que les révolutionnaires et robespierristes sont décrits dans le jeu comme de simples massacreurs, mais simplement du fait de cette version totalement expurgée et dépolitisée de l'évènement révolutionnaire, qui n'est vu que comme un moment de folie collective d'une foule conduite par des fous emblématiques et sanguinaires.

Comme le souligne Erwan, Ubi Soft  dispose de tous les outils techniques pour parler et "faire vivre" l'Histoire avec un H, et nous livre des montagnes gigantesques et impressionnantes accouchant de souris minuscules à chaque épisode: le JV triple A ne sait pas encore traiter intelligemment de l'Histoire et/ou de la politique. Il faut se tourner vers des jeux comme "Papers Please" ou ce qu'a tenté de faire Ubi Montpellier avec "Soldats Inconnus" - ce qui prouve bien que la pauvreté scénaristique de la série AC est un choix délibéré des gros pontes d'Ubi, et pas d'un manque de scénaristes capapbles de s'adresser à l'intelligence et à la sensibilité des joueurs.

Pas étonnant dès lors que la minutie et le soin apportés aux reconstitutions contrastent tristement avec la pauvreté scénaristique et engendre déception et frustration pour les joueurs un peu évolués, qui se demandent comment on peut rater à ce point l'occasion que seul le JV comme media pourrait nous donner - par contraste avec les autres supports: donner l'illusion d'une immersion authentique dans le souffle de l'Histoire - même si c'était de façon maladroite et mal branlée et qu'on sait bien qu'il ne s'agirait que d'une convention narrative.
Mais au moins qu'ils essayent: un jeu ambitieux et raté sera toujours plus excitant  qu'une pièce montée en carton-pâte et vide à l'intérieur.
Bref, un vrai bon jeu qui tue sa mère, pas une bête histoire d'assassin à capuche qui ne capte rien à ce qui se passe autour de lui et qui se barre de la Bastille parce que ce jour-là, le 14...ben il est pas dispo, il a piscine à la Cour des Lions.
Et pourtant nous sommes nombreux à continuer à y jouer parce que l'expérience du premier épisode était saisissante et qu'on espère vivre et revivre un truc neuf et impressionnant - la Sainte Chapelle, oh my God
http://upload.wikimedia.org/wikipedia/c … evel_1.jpg

Et à chaque fois on a ce sentiment de semi-gâchis, comme si on se livrait à une pratique vaguement honteuse en se disant "Mon Dieu c'est beau, c'est grandiose même, mais qu'est-ce que c'est neuneu"...

PS:
@Erwann.

La séquence 01-02 est supposée se situer durant les Etats Généraux, et non pas "au" Tiers Etats, qui est une composante de cette assemblée, ce qui n'a donc aucun sens smile
C'est évidemment un lapsus lié à l'oral, mais ça en dit finalement assez long sur l'approximation et le peu de cas qui est fait du cadre historique: bon le Tiers Etats, les Etats Généraux,  le Serment du Jeu de Paume, pourtant véritable moment fondateur de la Révolution, "toussa" c'est pareil et c'est traité n'importe comment: même à JV.com ils en discutent, c'est dire!
http://www.jeuxvideo.com/forums/1-30691 … cilite.htm

Merde, une grosse cutscene  avec un Mirabeau debout sur sa chaise  gueulant aux gardes venus évacuer l'Assemblée: « Allez dire à ceux qui vous envoient que nous sommes ici par la volonté du peuple et que nous ne quitterons nos places que par la force des baïonnettes ! », ça aurait eu de la gueule non?

Au lieu de ça qu'est ce qu'on a finalement dans cette séquence? On entend vaguement Louis XVI parler des impôts, au milieu de tas de PNJ en costume, deux types qui COMPLOTENT derrière et Arno s'infiltre et file à l'étage exactement comme s'il  infiltrait un bal masqué dans une scène de Dishonored...pour finir par buter les deux connards et s'enfuir.

AC quoi...

#17 Re : Silence, on joue » Silence on joue ! Les jeux vidéo en papier, avec Etienne Mineur » 23-05-2014 04:02:06

@sebdwa

Bien sûr, HasbroTM et ZyngaTM ne sont pas des entreprises capitalistes, mais des oeuvres de charité...

"même si ça implique un manque de regard critique"

Oui bien sûr, ce qu'on attend d'un podcast de JV c'est "un manque de regard critique", c'est pour ça qu'on écoute.

#18 Re : Silence, on joue » Silence on joue ! Les jeux vidéo en papier, avec Etienne Mineur » 21-05-2014 08:01:49

@sebdwa

"A partir de là, on a vite l'impression d'écouter une infommerciale d'une heure.
Y'a pas de regard critique, mais bon, si on invite des créateurs, c'est qu'on aime ce qu'ils font, donc c'est pas pour les descendre pendant l’émission..."

Tu m'expliqueras la différence avec ce que je dis.

#19 Re : Silence, on joue » Silence on joue ! Les jeux vidéo en papier, avec Etienne Mineur » 19-05-2014 04:12:51

@Erwann

Je continue à écouter, mais qu'est-ce que je m'emmerde.

Ainsi, la dernière émission est consacrée à une sorte d'entrepreneur qui travaille pour HasbroTM et ZyngaTM, et se fait passer pour un "innovateur"...le pire du casual game capitaliste.
Une bataille navale avec des portables wtf:)...n'importe qui de sensé trouve ça consternant, on sent bien la gène parmi les chroniqueurs, mais vous ne pouvez rien dire: c'est votre invité.

Gros malaise.

#20 Re : Silence, on joue » Silence on joue ! «NES Remix 2», «Mario Golf», «Etrian Odyssey» » 09-05-2014 05:24:08

Aucun intérêt.
Bonjour le club de pines d'huitres nintendophiles...
Ce podcast devient une caricature de lui-même.

#21 Re : Silence, on joue » Silence on joue ! «Dr Luigi», «Knytt Underground» et «The Banner Saga» » 24-01-2014 10:37:25

Roo...Erwan, on se perd en "conjectures" (des hypothèses), pas en "conjonctures"(configuration des éléments d'une situation)...

Patrick en revanche utlise le terme à bon escient, en disant que la "conjoncture actuelle est difficile".

#22 Re : L'actualité d'Ecrans.fr » Xbox One : après le show, la gueule de bois » 26-05-2013 20:36:37

Egmorn a écrit :

Hors Sujet, sur le thème de la collecte de données: c'est pour ça que j'adore google now. Pour la première fois Google a fait un produit qui justifie la collecte de données. Google a enfin montrer qu'on pouvait être gagnant gagnant. Ils collectent nos données ça leurs fait gagner de l'argent mais en même temps ils utilisent nos données pour un service relativement utile (c'est pas encore exceptionnel mais ça pourrait le devenir). Je pense que c'est vraiment le premier service de data mining qui profite a l'utilisateur qui fournit les données (au delà de l'argument "la pub cible évite de te mettre des pubs dont tu t'en fout").

Bonjour,

Ce n'est pas un hors sujet selon moi, cette affaire de "télécran" (pas le jouet d'enfance des vieux cons de ma génération, mais l'oeil du Big Brother de 1984) dans la Xbox One est LE sujet, puisqu'il s'agit d'un cas particulier d'intrusion particulièrement aggressive dans la vie privée dans un cadre continu et banalisé à un point tel qu'il en devient invisible, exactement comme l'est le dispositif de Google Now.
Le journaliste invité récemment sur le podcast d'Ecrans, JM Manach, a traité par ailleurs de la question de la vie privée, en se demandant si c'était un truc de "vieux cons".
Il se trouve que c'est un droit CONSTITUTIONNEL, et pas des moindres, et je le cite:

"En conclusion de son article, Antoinette Rouvroy rappelle que la vie privée n’est pas “un droit fondamental parmi d’autres, elle est la condition nécessaire à l’exercice des autres droits et libertés fondamentaux” et que “le droit à la protection de la vie privée joue notamment le rôle d’un “système immunitaire de l’espace psychique”“.
La liberté d’opinion (de pensée plus d’expression), la liberté de circulation, et de réunion, les libertés politiques, syndicales et de culte, ne peuvent être exercée dès lors que l’on n’a plus le droit à la vie privée."

Donc cette histoire de vie privée et de données personnelles n'est pas une mince affaire.

Pourtant, vous "adorez" Google Now...et vous vous sentez "gagnant"?? Non mais Allô?

C'est marrant, mais je trouve justement que ce genre de "service" offert par Google ou Apple est l'archétype de l'univers orwellien absolument cauchemardesque que ces boites nous préparent, avec le CONSENTEMENT -  manifestement peu éclairé – de la plupart des gens. Personnellement, ça me fait carrément froid dans le dos, plus loin, ça me sidère – ce qui me sidère étant bien plus ce consentement que les stratégies mercantiles des firmes qui elles sont parfaitement prévisibles dès qu'il s'agit de « créer de la valeur pour l'actionnaire », bien que passablement inquiétantes.

"Gagnant gagnant?": pensez-vous vraiment que le fait de bénéficier de "services" d'assistance personnelle impliquant une géolocalisation PERMANENTE vous fasse autant gagner à vous que la masse d'informations personnelles collectée par Google et directement valorisables sur le marché?

Voici le « futur » proche que ce cher E. Schmidt, le PDG de Google dont vous « adorez » les services, nous prépare explicitement: (http://online.wsj.com/article/SB1000142 … 27212.html)

"Then what? "We're trying to figure out what the future of search is," Mr. Schmidt acknowledges. "I mean that in a positive way. We're still happy to be in search, believe me. But one idea is that more and more searches are done on your behalf without you needing to type.""

Autrement dit Google nous épie pour PENSER et écrire à notre place: même plus besoin de taper sur le clavier, Google SAIT ce que vous  voulez savoir, AVANT MEME que vous ayez eu l'occasion de formuler votre requête.
Ce projet dystopique est aussi vieux que l'invention du neuromarketing (http://fr.wikipedia.org/wiki/Neuromarketing): vivement les électrodes directement branchés dans le cerveau, Google nous fera encore gagner un peu de notre précieux temps passé à REFLECHIR, ne serait-ce que pour une chose aussi élémentaire qu 'élaborer une requête sur Google,  pour nous permettre de nous avachir à loisir devant le flux de contenus dont Google et deux-trois autres firmes émettrices de « contenus » nourrit par ailleurs notre cerveau, à base de chatons et de tubes de Daft Punk...
Cette « technologie » est d'autant plus redoutable qu'elle marche, car elle repose sur la particularité des comportements humains: leur extraordinaire prévisibilité du fait même de leur stabilité dans le temps - sédentarité, habitudes, stabilité des relations familiales et amicales, stabilité des préférences et des centres d'intérêt etc...
A ce propos, qualifier de « technologies révolutionnaires »  des programmes rudimentaires consistant à observer les régularités dans la vie quotidienne des gens ou leurs requêtes sur des moteurs de recherche pour produire des prédictions relève purement et simplement de l'escroquerie intellectuelle : la vie sociale et les comportements sur le web de la plupart des gens sont tellement répétitifs et prévisibles que quelques lignes de code devraient suffire à obtenir des prédictions robustes.
Je ne serais pas étonné que la plupart des lecteurs de ce blog se lèvent entre 7 h et 9 h du matin, possèdent un four à micro-ondes et une machine à café, fréquentent plus ou moins régulièrement leurs amis plutôt le soir, vont de temps en temps au cinéma, consultent régulièrement les sites « sociaux » dominants, ainsi qu'un nombre limité de blogs, de sites d'information ou de divertissement, achètent plus ou moins régulièrement des produits sur un nombre aussi limité  de sites marchands etc...
Bonjour la prouesse « technologique »...mais après tout on a bien qualifié l'annuaire d'anciens élèves à peine amélioré de M Zuckerberg d' « innovation ».

"I actually think most people don't want Google to answer their questions," he elaborates. "They want Google to tell them what they should be doing next."

Oui vous avez bien lu: selon Mr Schmidt, les gens ne veulent pas que Google se contente de répondre à des requêtes sur leur moteur de recherche – ce qui laisse quand même une marge d'autonomie au sujet, au moins dans le choix de la question, si ce n'est dans celui des réponses « suggérées » - mais que Google leur dicte CE QU'ILS DOIVENT FAIRE A CHAQUE INSTANT.
No comment. Je ne vois juste pas trop ce qu'on peut trouver d'"adorable" là-dedans. Un pur cauchemar.

Mr Smith ne s'arrête pas là, il illustre son magnifique projet avec des cas concrets tout à fait passionnants:

"Let's say you're walking down the street. Because of the info Google has collected about you, "we know roughly who you are, roughly what you care about, roughly who your friends are." Google also knows, to within a foot, where you are. Mr. Schmidt leaves it to a listener to imagine the possibilities: If you need milk and there's a place nearby to get milk, Google will remind you to get milk. It will tell you a store ahead has a collection of horse-racing posters, that a 19th-century murder you've been reading about took place on the next block."

Passons sur le fait -pourtant assez énorme en lui-même - que Google prétende savoir tout sur ce que nous sommes, ce qui nous intéresse,  qui sont nos amis, et où nous nous trouvons à chaque instant, apparemment CA NE GENE PLUS PERSONNE...

Mais alors si il y a bien une dernière chose que je désire, c'est qu'une machine – fût-elle « intelligente » - me rappelle d'aller chercher le pain, de me laver les dents ou le C... ou d'aller chercher les gosses à l'école...Ni qu'elle me "suggère" des adresses de magasins de "posters de chevaux" (sic) ou celle du sex-shop du coin au prétexte que j'ai acheté "50 shades of Grey" à ma belle-mère.
Je refuse que Google sache ce que je lis...déjà que j'ai horreur qu'on lise derrière mon épaule.

Voilà donc pourquoi je DETESTE Google Now, tous les dispositifs qui s'y apparentent et à  près tout ce que cette firme prétend m' « offrir » - y compris le moteur de recherche que je suis bien forcé d'utiliser de fait, mais qui relève évidemment d'un service public indûment privatisé en tant que « bien collectif » (http://en.wikipedia.org/wiki/Common_good_(economics):

Je refuse que des machines prescrivent mes comportements, même sous le couvert du doux euphémisme de la « suggestion », argument qui permet à ces firmes et à tous les idiots utiles qui les défendent de dire que « si tu n'est pas content, tu n'a qu'à pas utiliser ces technologies ».
Déjà que ma bagnole me « suggère » tout les jours de fermer ma ceinture à coup d'alarme non désactivable...je revendique la liberté de crever au volant en traversant mon pare-brise – en tout cas, je refuse le droit aux concepteurs d'une machine de m'imposer ce qui relève de mon consentement autonome et éclairé.

Je refuse qu'une firme connaisse tout de mes trajets, de mes connaissances, de mes habitudes quotidiennes. Je n'aime pas la STASI, fût-elle la propriété d'actionnaires privés.

Je n'ai pas envie qu'on anticipe à ma place ce que je pense ou écris. J'en ai ras-le-bol de ces logiciels de traitement de texte ou de ces moteurs de recherche qui corrigent mon orthographe, me "suggèrent" un mot à partir des premières lettres, ou m'impose des puces de mise en page. Les "cookies" me font chier: je les vide régulièrement du cache.

Je n'aime pas qu'un programme prétende « anticiper » mes propres comportements futurs au regard de mes comportements passés, même si comme je l'ai dit à propos de notre « prévisibilité », des algorithmes rudimentaires peuvent y parvenir sans peine. Je perçois cela comme une négation de ma liberté, quand bien même celle-ci serait en partie illusoire du fait de déterminismes divers et de l'inertie psychologique et comportementale des sujets – y compris la mienne. Mais dans cette vision pessimiste du devenir humain, je n'ai pas envie qu'un programme me rappelle à cette illusion douloureuse.

Je n'aime pas qu'un tutoriel de JV RPG – je ne sais plus lequel, certainement un produit Bethesda - scrute mon comportement et me suggère un choix de « classe » à la fin de celui-ci, correspondant le mieux à mes « préférences » et à mon « style ». Je n'aime pas les JV qui adaptent le niveau de difficulté dans mon dos au prétexte que je suis une merde qui perd tout le temps : si je joue, c'est pour me confronter gratuitement à un défi, à une difficulté dont je me réserve de choisir le niveau,  pas pour être pris par la main. J'emmerde le développeur qui me traite avec condescendance.
Si je n'aime pas ça dans un JV, je vous raconte pas IRL...

Je n'ai pas besoin d'"assistant personnel" pour conduire mon existence comme je l'entends.
Je n'ai pas de portable, pas d'agenda électronique, pas de GPS. Je note les coordonnées de mes contacts sur un répertoire, je consulte l'annuaire et les programmes de cinéma, j'ai des cartes routières dans ma bagnole, je n'ai pas besoin d'être prévenu des embouteillages, des manifs ou de la meteo à tout instant - je me rends bien compte au moment venu quand je suis pris dedans ou quand il pleut.

Il ne s'agit pas de tenir un discours bêtement « anti-techno » - je porte des lunettes, j'ai une bagnole, un ordinateur connecté, un téléphone etc... - j'ai parfaitement conscience que la vie humaine est considérablement améliorée par une série d'augmentations techniques, et que nous sommes entourés de « prothèses » nous permettant de mieux voir, écouter, apprendre, de nous déplacer rapidement, de communiquer à distance...mais je pense qu'il faut réfléchir à chaque fois à ce à quoi l'adoption d'une nouvelle prothèse -  en quoi chaque nouvelle AUGMENTATION - nous fait renoncer en termes d'AUTONOMIE.

Je n'aime pas ce climat général qui consiste à faire en sorte que les gens intériorisent la notion de productivité dans tous les actes de la vie quotidienne au prétexte d'apporter un « plus » sur le plan pratique se résumant à « gagner du temps » et à minimiser les erreurs ou les actes « inutiles ». C'est exactement le programme du « néo-management » dans la plupart des grandes firmes : des individus préformatés dans leur vie intime à cette idéologie de l'efficacité PERMANENTE formeront de façon évidente une réserve de main-d'oeuvre docile et consentante.


Il ne s'agit pas d'élaborer un mode de fonctionnement personnel en modèle, loin de là, mais ce que je ne comprends pas, c'est que beaucoup de gens ne voient pas, dans leur consentement à la géolocalisation et à l'archivage permanent des données personnelles, que derrière ce qu'ils y "gagnent" -  pas grand-chose à part du temps, mais pour en FAIRE QUOI, gagner 5 minutes pour regarder des chats sur Youtube ou « partager » des photos de soirées alcoolisées? - ils RENONCENT à une partie d'eux-mêmes que j'ai du mal à définir: la liberté d'aller et venir anonymement sans être "tracé", l'imprévisibilité des évènement anodins de l'existence, la préservation de choses qui relèvent dans le désordre du secret, de l'intimité, de la pudeur nécessaires à l'autonomie et à la construction du sujet - sans même parler des libertés fondamentales.

C'est plus de l'ordre d'une sensibilité intuitive que de l'ordre de la construction rationnelle: je suis bien obligé de constater autour de moi le consentement généralisé au fichage et à la localisation, et je suis à la fois sidéré et consterné.
Ne suis-je qu'un "vieux con"?


PS : Encore une couche de Mr Smith :

« Says Mr. Schmidt, a generation of powerful handheld devices is just around the corner that will be adept at surprising you with information that you didn't know you wanted to know. "The thing that makes newspapers so fundamentally fascinating—that serendipity—can be calculated now. We can actually produce it electronically," Mr. Schmidt says. »

Vieux néologisme anglo-saxon, la « sérendipité » (http://fr.wikipedia.org/wiki/Sérendipité) illustre très justement l'imprévisibilité de l'existence dont je parle plus haut appliquée au domaine de la connaissance, qui comme le dit très justement Mr Smith, « rend les journaux aussi fondamentalement fascinants ».
Et c'est là où l'on atteint des sommets dans la construction d'une dystopie effrayante autant qu'absurde: ce mec prétend « calculer » celle-ci, la « produire électroniquement », ce qui reviendrait à « calculer  l'imprévisible », de façon « adaptée » à chaque sujet, expression dont la dimension oxymorique ne devrait échapper à personne, puisque l'essence même de la « sérendipité » réside dans l'imprévisibilité, ce qui autorise justement la DECOUVERTE, qui n'est jamais que ce qui nous constitue dès la naissance.

#23 Re : Silence, on joue » "Sexisme chez les geeks" » 16-04-2013 04:13:27

Mister_Sniack a écrit :

Salut etienne3, je ne te connais pas, tu ne me connais pas, je n'ai jamais insulté personne sur ce forum, mais tu me qualifies de "connard". Soit.
Je ne te remercie pas, je ne pense pas avoir mérité ce titre.

En te qualifiant de "connard" je ne fais que juger tes propos - je ne te connais pas non plus en dehors de la merde que tu écris et tu dois être au fond un type bien:) - et ne fais que reprendre la terminologie de Mar_Lard concernant les types dans ton genre. L'insulte est évidemment générique  et pas personnelle et s'inscrit ici dans une option stratégique dans le cadre d'un rapport de domination extrêmement puissant et consensuel : il s'agit simplement d'en finir avec des types comme vous.
Je conçois que c'est un peu compliqué à comprendre pour un connard sexiste mû par des affects de domination dont il n'a pas conscience lui-même, mais en faisant ta vierge offensée - ce qui est un comble pour un connard sexiste - je constates que tu ne vois pas bien en quoi une violence verbale légitime émanant des victimes peut être la seule à même de répondre à une violence systémique.

Mister_Sniack a écrit :

Je n'ai tenu aucun propos sexistes

Ben voyons, ça on a déjà eu l'occasion d'en juger en se marrant un bon coup au passage:

etienne3 a écrit :

Quand à Mister_Sniack, voilà un fameux specimen du sexisme ordinaire, maniant à merveille les figures réthoriques éculées de l'inversion du rapport oppresseur/opprimé, à savoir la victimisation des agresseurs, ainsi que celle de l'euphémisation systématique des torts subis par autrui:

Mister_Sniack a écrit :

La pub de sony pour la PS vita

Bien sûr, représenter des parties du corps féminins comme étant des choses qu'on peut tripoter comme les boutons d'une manette n'a absolument rien à voir avec une quelconque instrumentalisation du corps des femmes.

Mister_Sniack a écrit :

Le profil twitter de Pipomantis

Ben voyons, une femme qui dévoile ses seins en souriant correspond tout-à-fait au comportement socialement attendu de la part des femmes dans l'espace public. Il est bien connu que c'est une manière spontanée pour elles de manifester à tout bout de champ leur disponibilité sexuelle.

Mister_Sniack a écrit :

La Polémique entre LaMarquise et le Parti Pirate
Ce passage est typique d'un sexisme ordinaire envers ... les hommes.

"Selon l'article 222-322 du code pénal, l'exhibition sexuelle imposée à la vue d'autrui dans un lieu accessible aux regards du public est punie d'un an d'emprisonnement et de 15 000 euros d'amende."

C'est vrai quoi, mais quand est-ce que les femmes victimes d'exhibition sexuelle vont-elles cesser de se plaindre ainsi publiquement, en agressant ainsi gratuitement tous les hommes qui ne leur ont rien fait - les pauvres?
Bien entendu, on se gardera bien de s'interroger sur les conditions sociales et les représentations dominantes qui font qu'une minorité d'hommes se sentent pourtant implicitement autorisés à agresser sexuellement des femmes.

Mister_Sniack a écrit :

L'article de Canard PC concernant The Secret World

Oui, c'est vrai que cette "mode" visant à "faire des femmes des modèles d'intelligence, de vertu, et de courage" est décidément bien fâcheuse. Vivement qu'elle passe, et que l'on retrouve à nouveau une représentation des femmes conforme à ce qu'elles sont vraiment: "des modèles de bêtise, de vice et de lâcheté."

Mister_Sniack a écrit :

Pour cela, je pense que chacun ici devrait te féliciter car tu dégommes un cliché magnifiquement machiste, en nous prouvant que même les hommes peuvent être hystériques. Toutes mes félicitations.

Tu ne crois pas si bien dire. Le concept d'"hystérie" ayant été formé dans le cadre de la psycho-pathologie du XIXe siècle pour tenter de naturaliser des troubles psychiques spécifiquement féminins (hystera signifiant l'utérus en grec), il traduit exactement les dégâts idéologiques d'une tradition occidentale patriarcale, à tel point qu'il a été complètement abandonné dans la nomenclature contemporaine des troubles psychiques(DSM IV).
Mais il faut croire que ce mythe continue à faire des ravages chez les connards sexistes et manifestement incultes dans ton genre, trop contents de l'aubaine pour taxer le moindre discours de défense féministe d'"hystérie" et y voir là l'opportunité d'instrumentaliser cette pseudo-pathologie pour décrédibiliser le moindre début de réaction à leur domination tranquille.

De la part d'un "bas du front" hystérique et féministe...qui assume parfaitement sa position de combat dans cette histoire.

#24 Re : Silence, on joue » "Sexisme chez les geeks" » 14-04-2013 07:21:42

Utopix a écrit :

Et sinon Jubi, merci de confirmer que ma blague était naze, non pas que j'en doutais, mais ceci dans un souci de démarche scientifique: je suis forcément moins objectif que la 'cible' de ma blague, et certains n'y voient pas de sexisme. Il faut donc mettre les points sur les i en faisant constater les faits par une "compétence agréée" wink

Décidément tu n'a pas compris ni mon post ni celui de Jubi, qui t'écris justement qu'elle est d'accord avec ce que je dis: tu n'as aucun besoin d'une certification des  victimes potentielles de tes "blagues" sexistes pour prendre conscience de leur caractère oppressif! C'est même un comble.

C'est exactement là qu'est le coeur du problème, dans la séparation socialement construite entre les genres...qu'on peut retrouver de façon absolument identique à propos du racisme ou de l'antisémitisme.

Par exemple, si tu sortais sur un forum comme celui-ci une blague méprisante sur les Juifs, tu aurais besoin de l'avis de l'un d'entre eux pour reconnaître l'ignominie de tels propos, ce que tu appelles une "compétence agréée"?

Non. Eh bien c'est la même chose pour les femmes.

#25 Re : Silence, on joue » "Sexisme chez les geeks" » 14-04-2013 06:14:43

Jubilation_Lee a écrit :

Et pour répondre à ce que tu dis, je comprends l'argument, mais j'ai pour ma part tendance à croire que la solution de la discussion respectueuse fonctionnera avec les gens intelligents, et chez qui ont peut encore espérer une prise de conscience. Ce sont les mêmes qui se braqueront à l'insulte, qui aura un côté "militant" pour eux. quant aux très cons, ils ne changeront pas, il faut juste les isoler, et ne pas les écouter...

OK. On dirait en effet que tu m'as l'air d'être bien tombée avec Jeremisrael!

Et n'oublie pas de nettoyer ton M16 après avoir torché les mômes:

Jeremisrael a écrit :

Ma femme aussi a un caractere bien trempe, mais si elle a refuse une augmentation et l'opportunite de devenir "Senior developer", c'est parce qu'elle n'avait pas envie d'avoir a rester trop tard au bureau loin des enfants.
Je dis ca, mais ma femme sait demonter et remonter un M16 en moins d'une minute...

Faut le lire pour le croire...

Merci à toi et à lui de confirmer de façon aussi magistrale ce que je disais à propos de l'attitude à adopter vis-à-vis des connards. smile

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