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#1 10-01-2013 17:08:28

Ecrans.fr
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Re : «Game of Thrones», médiéval féministe

«Game of Thrones», médiéval féministe

Adaptation brillante de la saga épique de George R.R. Martin, Game of Thrones Sur Canal+ à partir de ce soir.

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#2 10-01-2013 17:31:55

MadArcher
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Re : «Game of Thrones», médiéval féministe

La première saison est fidèle au livre à quelques situations près. Dommage que ce soit moins le cas dans la deuxième saison...

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#3 11-01-2013 03:02:05

greggypouch
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Re : «Game of Thrones», médiéval féministe

MadArcher a écrit :

La première saison est fidèle au livre à quelques situations près. Dommage que ce soit moins le cas dans la deuxième saison...

J'ai regardé les deux premières saisons avec ma compagne. J'ai lu tous les livres, elle non. La différence d'interprétation entre les personnes "initiées" et celles qui n'ont pas lu les livres est saisissante.
Ma compagne n'a rien compris au début de la saison 2. Certains personnages quasi invisibles de la saison 1 deviennent des protagonistes majeurs de la saison 2, plusieurs nouveaux personnages sont ajoutés sans explication, etc etc.

L'un des problèmes est qu'à mon avis ils ont sacrifié pas mal de la densité du premier livre pour faire la saison 1, du coup la saison 2 se base sur un manque de densité qu'il aurait été nécessaire de conserver pour mieux assurer la transition vers la saison 2.
Un autre problème est budgétaire sans doute, c'est difficile de montrer une bataille entre plusieurs milliers d'hommes avec le budget d'une série télé. J'avais lu une interview de l'auteur des livres parlant de la série, du coup je pardonne volontiers quand une scène du livre se passe à cheval (même une simple rencontre), et qu'elle est jouée par des acteurs à pied dans la série. Il en va de même pour les batailles, les flottes (et leur densité), les banquets, etc...

Je rassure ceux qui n'ont pas aimé la saison 2 (ou qui la trouve largement inférieure à la saison 1) ou qui n'ont rien compris au début de cette dernière, c'est la même chose dans le livre. C'est de loin le plus mauvais des cinq (une médiocrité relative certes). J'encourage tout le monde à juger la série après la saison 3, le troisième livre étant largement supérieur au précédent, et les suivants vont crescendo. Patience.

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#4 11-01-2013 13:40:23

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Re : «Game of Thrones», médiéval féministe

Honnetement, j'ai pas trop ressenti cette différence de qualité entre la saison 1 et la saison 2, j'étais assez captivé. Je pense que les scénaristes de la série se débrouille quand même pas mal, c'est tout de même super difficile d'adapter de gros pavés super denses comme ceux là, il faut forcément alléger et ne garder que la substantifique moelle... et puis aussi composer avec les questions de budget : c'est clair qu'on est pas dans le seigneur des anneaux, on sent qu'à certains moments ils forcent sur les scènes de dialogue au dépens des grosses scènes d'action pour ne pas trop grever le budget figurants et chevaux blessés smile Mais on ne peut pas leur en vouloir pour ça, et puis ça ne les empêche pas de sortir des scènes épiques (surtout dans la saison 2).

Pour en revenir à l'article, j'étais assez étonné de voir le mot "féminisme" dans le titre. C'est pas le premier qualificatif qui me vient à l'esprit. Certes la série comporte des personnages féminins capitaux (et c'est bien normal), mais on ne peut pas dire que le statut des femmes soit particulièrement glorifiant dans ces bouquins, c'est quand même souvent assez "cru" au niveau du traitement des nanas big_smile

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#5 11-01-2013 14:21:57

davidvincent
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Re : «Game of Thrones», médiéval féministe

« Mais on comprend, dès le premier épisode, que le Royaume des sept couronnes n’a pas grand-chose à voir avec les Terres du milieu du Seigneur des anneaux »

pour moi c’est un peu le problème. Certes toutes les œuvres d’heroic fantasy ne doivent pas ressembler au seigneur des anneaux, mais clairement ici, on a l’impression d’être dans un soap opera moyenageux.
Le truc c’est que l’œuvre littéraire dont est tirée la série est déjà sûrement comme ça (j’ai pas lu) et que elle a été adapté car c’est ce genre de «serie à personnages» qui marche pas mal depuis déjà de (trop) nombreuses années.
On sent bien que l’épique et les combats, et les péripéties dignes d’une œuvre heroic fantasy sont clairement reléguées au second plan au profit des personnages et de leurs interactions.
Indépendamment de ce problème de backgroud négligé au profit des personnages, le problème de la série est pour moi qu’elle retombe dans les travers des autres séries telle que Lost, à savoir que la narration est saucissonnée ; chaque épisode manquant d’existence propre de part son scénario, tandis que dans le même temps, on fait saliver le spectateur sur des mystères qui ne se révèlent pas si mystérieux que ça in fine, et qui sont remplacés aussitôt par d’autres mystères.
C’est pour toutes ces raisons que je n’ai pas du tout accroché à la série.
Et ce malgré un générique sympatoche qui met bien en condition, mais passé 10 minutes d’épisode, on s’ennuie.

Dernière modification par davidvincent (11-01-2013 14:22:36)

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#6 11-01-2013 17:45:35

greggypouch
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Re : «Game of Thrones», médiéval féministe

L'auteur a basé cette histoire sur la guerre des roses, où plusieurs familles anglaises s'affrontaient. On est dans un monde heroic fantasy, mais avec une dimension d'intrigues politiques (soap est un peu méchant je trouve).
Pour ce qui est de l'épique et des combats, y'en a, une tonne même. Ce qui démarque Game of Thrones des autres ouvrages d'heroic fantasy, et là où on s'éloigne de Tolkien, c'est qu'il n'y a pas le stéréotype des nains, des elfes, les magiciens, les orques, etc... Tous les personnages sont humains, personne n'a vraiment de pouvoirs, et il n'y a aucun manichéisme. Tous les personnages sont potentiellement les pires raclures du monde et les plus grand héros. D'un livre à l'autre on en déteste certains, qu'on finit par admirer, et vice versa.
Le background est clairement expliqué dans le livre, quelques indices filtrent dans la série, mais bon, à l'écran c'est plus difficile, surtout quand on a envie que la série marche, les producteurs sont obligés de retourner aux schémas classiques des personnages bons, mauvais, avec des détails pour qu'on s'attache à eux.
Pour ce qui est de la narration, dans les livres chaque chapitre est écrit du point de vue d'un personnage (et porte le titre de ce personnage). Dans la série ça donne une histoire saucissonnée, livrée au compte goutte. Dans les livres ça rend vraiment super bien, on apprend des choses sur d'autres personnages à travers le personnage du chapitre, l'histoire avance de façon régulière, mais encore une fois, c'est dur à traduire sur la série télé, avec les obligations de cliffhangers et autres. C'est peut-être sur ce point que j'en voudrais à HBO, ils ont décidé uniquement d'adapter les livres sur un calque classique de série télé, plutôt que de vouloir l'adapter en essayant quelque chose de nouveau d'un point de vue narratif. Ceci-dit je comprends tout à fait, et je préfère une série "classique" Game of Thrones plutôt que pas de série du tout. Ces livres sont vraiment du très bon matériel cinématographique.

Je n'ai pas vraiment compris le côté "mystères", ayant lu les livres, j'ai pas mal de réponses à l'avance.

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#7 11-01-2013 19:14:18

gnieark
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Re : «Game of Thrones», médiéval féministe

J'avais commandé les tomes 1 et 2 des livres, mais le téléchargement des saisons 1 et 2 a été plus rapide que le livreur. D'avoir vu la série gache énormément le plaisir de lecture (d'autant que c'est tres fidèle aux bouquins). Là j'en suis au tome 3 et ça devient génial. Je visionnerai la saison 3 en mars wink

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#8 12-01-2013 16:06:19

Ezullof
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Re : «Game of Thrones», médiéval féministe

greggypouch a écrit :

L'auteur a basé cette histoire sur la guerre des roses, où plusieurs familles anglaises s'affrontaient. On est dans un monde heroic fantasy, mais avec une dimension d'intrigues politiques (soap est un peu méchant je trouve).
Pour ce qui est de l'épique et des combats, y'en a, une tonne même. Ce qui démarque Game of Thrones des autres ouvrages d'heroic fantasy, et là où on s'éloigne de Tolkien, c'est qu'il n'y a pas le stéréotype des nains, des elfes, les magiciens, les orques, etc... Tous les personnages sont humains, personne n'a vraiment de pouvoirs, et il n'y a aucun manichéisme. Tous les personnages sont potentiellement les pires raclures du monde et les plus grand héros. D'un livre à l'autre on en déteste certains, qu'on finit par admirer, et vice versa.


Primo: Tolkien est le premier à introduire les nains, elfes et orcs. Avant lui, il y a contes, fables, et mythes. Il n'y a pas de stéréotypes du fantasy chez Tolkien... tout simplement parce que le fantasy n'existait pas.

Deuzio: chez Tolkien, la magie est rarissime. Quelques effets de lumière par-ci par-là. Elle est plus généralement incluse dans les choses et dans les êtres - c'est ce qu'on appelle la féerie, ou l'enchantement. Dans Game of Thrones, on a un univers désenchanté... du point de vue psychologique. C'est la psychologie qui différencie les deux univers. Parce qu'entre les dragons, les religions les plus lugubres, les vervoyants, la tour des non-morts et plein d'autres choses, Game of Thrones est vraiment très fourni en magie. Je dirais même un peu plus que le Seigneur des Anneaux.

Tertio: les personnages de Game of Thrones sont bel et bien des héros. Et ils sont tous des capacités extraordinaires, même si elles paraissent naturelles (pour commencer, beaucoup sont des aristocrates).



Il faut arrêter d'opposer Game of Thrones au Seigneur des Anneaux. Le Seigneur des Anneaux est une épopée. Game of Thrones s'inscrit dans la lignée des séries médiévales: la magie et la religion, le sexe, la mort violente, des personnages dont le statut est très instable, et surtout, l'idée de noblesse et de transmission par le sang. Le parallèle avec la guerre des deux Roses a déjà été effectué, et je suis profondément d'accord avec ça. Ce n'est rien de plus qu'une vision mythologique de la guerre des deux Roses... bien sympathique, mais à des lieues de la grandeur de l'épopée. Moins sérieux, plus captivant, le sexe, le sentiment d'injustice, la frustration et la violence sont une facilité pour un film ou une série. Mettre en scène la grâce, la montée épique, l'émerveillement et la peur (la vraie, pas la peur empathique, pas la crainte, pas la peur de l'horreur non plus, mais la peur qui laisse place à l'alternative unique du désespoir ou du soulagement) est bien plus difficile. Moins adulte aussi, contrairement à ce qu'on pourrait penser. Les intrigues sont en réalité très simples, même si elles sont croustillantes. Les personnages sont mus par des désirs simples, et on ne les voit jamais tenir des comptes - les audiences sont toujours vécues avec ennui.

Bref, si on veut prendre Game of Thrones au sérieux, on ne trouve pas grand-chose à garder. Alors laissons cette série et ces livres à leur place: celle du divertissement.

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#9 14-01-2013 10:51:15

davidvincent
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Re : «Game of Thrones», médiéval féministe

@greggypouch :
l'ensemble de ton post m'a bien convaincu :
je vais lire les bouquins et ne pas continuer la serie !
Merci !

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#10 14-01-2013 14:16:16

simonsorcier
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Re : «Game of Thrones», médiéval féministe

davidvincent a écrit :

Indépendamment de ce problème de backgroud négligé au profit des personnages, le problème de la série est pour moi qu’elle retombe dans les travers des autres séries telle que Lost, à savoir que la narration est saucissonnée ; chaque épisode manquant d’existence propre de part son scénario, tandis que dans le même temps, on fait saliver le spectateur sur des mystères qui ne se révèlent pas si mystérieux que ça in fine, et qui sont remplacés aussitôt par d’autres mystères.
C’est pour toutes ces raisons que je n’ai pas du tout accroché à la série.

greggypouch a écrit :

Dans les livres ça rend vraiment super bien, on apprend des choses sur d'autres personnages à travers le personnage du chapitre, l'histoire avance de façon régulière, mais encore une fois, c'est dur à traduire sur la série télé, avec les obligations de cliffhangers et autres. C'est peut-être sur ce point que j'en voudrais à HBO, ils ont décidé uniquement d'adapter les livres sur un calque classique de série télé, plutôt que de vouloir l'adapter en essayant quelque chose de nouveau d'un point de vue narratif.

Pour moi (mais je suis peut-être pas le meilleur client pour ce type de fantasy) les meilleures oeuvres sont celles où les personnages priment sur le "background". L'auteur peut passer des centaines de pages à inventer un monde super avec des langues imaginaires et des contes et légendes, si il ne développe pas par ailleurs une intrigue et des personnages un minimum intéressants c'est juste du temps perdu.

Je suis curieux de voir que tu reproches à la série...d'être une série. La narration saucissonnée (en plus d'être une fidèle adaptation de la structure des livres, au passage), les cliffhangers et la gestion du rythme sont les caractéristiques de base d'une série. Ca me parait bizarre de leur reprocher ça, ils ont un matériau qui se prête évidemment à l'adaptation, la plupart des cliffhangers ne sont pas tirés de nulle part mais existent dans les livre d'origine ; oui ils auraient pu faire une suite de 3 télé-films par saison par exemple, mais aurait-on vraiment gagné au change ?

Ce qu'on peut leur reprocher par contre c'est de s'emmêler les pinceaux dans le rythme, notamment dans la saison 2 où ils ont plus de mal à gérer la densité de péripéties et de personnages à caser dans les épisodes.

Ezullof a écrit :

Primo: Tolkien est le premier à introduire les nains, elfes et orcs. Avant lui, il y a contes, fables, et mythes. Il n'y a pas de stéréotypes du fantasy chez Tolkien... tout simplement parce que le fantasy n'existait pas.
[...]

Tertio: les personnages de Game of Thrones sont bel et bien des héros. Et ils sont tous des capacités extraordinaires, même si elles paraissent naturelles (pour commencer, beaucoup sont des aristocrates).
[...]

Les intrigues sont en réalité très simples, même si elles sont croustillantes. Les personnages sont mus par des désirs simples, et on ne les voit jamais tenir des comptes - les audiences sont toujours vécues avec ennui.
[...]

Bref, si on veut prendre Game of Thrones au sérieux, on ne trouve pas grand-chose à garder. Alors laissons cette série et ces livres à leur place: celle du divertissement.

Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée de se lancer dans un débat avec un fan de Tolkien, mais allons-y. Précisons quand même que Tolkien ne m'a jamais intéressé particulièrement.

1) Tolkien a inventé pas mal de choses, mais il ne faut pas non plus prendre les gens pour des cons ; il a aussi plagié / réactualisé / synthéthisé énormément de mythes existants, et notamment les Nibelungen et d'autres légendes scandinaves.
Et il n'a en aucun cas inventé les elfes, les dragons ou les nains...ce serait comme dire qu'Homère a inventé les sirènes ou les géants, ça n'a aucun sens.
Par contre c'est effectivement injuste de lui reprocher un univers stéréotypé sachant que ces univers fantasy sont devenus stéréotypés après avoir été repris par tout le monde !

2)Ce que voulait dire greggypouch, c'est que l'univers de Game of Thrones est bien moins manichéen que ce que propose Tolkien, où les camps sont clairement identifiés, le mal très méchant, les gentils très gentils. Ça m'a toujours gonflé chez Tolkien, ce côté naïf, ces métaphores hyper ras du trottoir "gandalf le gris qui devient gandalf le blanc", etc...je t'accorde que ça va avec la dimension de conte et légende, mais un peu de subtilité ne fait parfois pas de mal. C'est d'ailleurs pour ça que gollum est de loin le personnage le plus passionant de la terre du milieu.
Quant à considérer le fait d'être un aristocrate comme une "capacité extraordinaire", euh...
Ce qui est intéressant surtout dans GoT c'est qu'il n'y a pas de statut de "héros" ou "personnage secondaire" ou "sale type" associé durablement à un personnage. Chaque personnage principal peut mourir brutalement à n'importe quel moment ; le moindre personnage secondaire peut devenir important dans un pan ultérieur de l'intrigue ; et les pire salauds révèlent in fine des émotions un peu plus contradictoires que l'orc de base. Chez Tolkien, il est évident qu'il y a un petit noyau de personnages important et une tonne de seconds rôles sans intérêt.

3) Je te trouve un tantinet méprisant, mais chacun son truc. Moi c'est Tolkien que je trouve pontifiant, totalement dénué d'humour et de légèreté, très mauvais styliste et assez mauvais "raconteur d'histoire" (le rythme de l'épopée du Seigneur des Anneaux est un calvaire). A ce titre d'ailleurs, Bilbo le Hobbit, considéré comme un livre pour enfant, m'a toujours paru meilleur : on y retrouve cette dimension merveilleuse - cette fois allégé des scories descriptives -, l'intrigue est bien menée, ça dure juste le temps qu'il faut et ça se prend moins au sérieux.
Il est probablement très érudit, il a créé de toutes pièces un univers, chouette. Ce qu'il raconte à l'intérieur de cet "univers", l'épopée si tu veux, elle me semble une synthèse mal fagotée de plusieurs pans de la mythologie mondiale expurgées de leurs côtés les plus ambigus : profondeur psychologique, enjeux un peu plus profonds que "dompter sa peur" et "sauver le monde" et oui, violence et sexe.
En d'autres termes, autant lire l'Odyssée wink

Game of Thrones n'a pas la prétention mythologique de Tolkien, c'est effectivement une intrigue politique dans un monde médiéval, mais opposer la "grande oeuvre" au "divertissement pour masse abêties) n'a pas de sens...

Je crois que j'ai assez trollé, j'y vais wink

Dernière modification par simonsorcier (14-01-2013 14:25:20)

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#11 14-01-2013 15:23:37

Jukurpa
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Re : «Game of Thrones», médiéval féministe

simonsorcier a écrit :

Quant à considérer le fait d'être un aristocrate comme une "capacité extraordinaire", euh...

Je vais vous laissez vous étriper tranquillement wink mais juste sur ce point je trouve qu'au contraire c'est bien trouvé, les livres nous ramènent dans ce contexte où la noblesse est un atout très fort à la limite du super pouvoir, on est loin des idées égalitaire actuelles et hormis quelques jacqueries, même le derniers de miséreux respecte l'ordre établi et la supériorité des aristocrates.
De même le droit du sang semble très important dans les successions et si, par exemple, les Lannister ne peuvent s'installer librement par la force sur le Trône de Fer, c'est tout simplement parce qu'ils n'ont pas la légitimité du sang des dragons alors que les Barathéon en ont quelques gouttes de par une obscure grand-mère. Ce droit du sang est notamment vital pour le bas peuple qui, si il accepte d'être dirigé par une caste dominante, n'en attend pas moins que celle ci soit légitime.

Après, certains s'émancipent de cette condition pour forger leur destinée par eux même quand d'autres ne peuvent plus compter que sur haute naissance pour espérer s'en sortir.


Ton OS est open source, ton esprit par contre...

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#12 16-01-2013 11:55:43

davidvincent
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Re : «Game of Thrones», médiéval féministe

simonsorcier a écrit :
davidvincent a écrit :

Indépendamment de ce problème de backgroud négligé au profit des personnages, le problème de la série est pour moi qu’elle retombe dans les travers des autres séries telle que Lost, à savoir que la narration est saucissonnée ; chaque épisode manquant d’existence propre de part son scénario, tandis que dans le même temps, on fait saliver le spectateur sur des mystères qui ne se révèlent pas si mystérieux que ça in fine, et qui sont remplacés aussitôt par d’autres mystères.
C’est pour toutes ces raisons que je n’ai pas du tout accroché à la série.

(...)Je suis curieux de voir que tu reproches à la série...d'être une série. La narration saucissonnée (en plus d'être une fidèle adaptation de la structure des livres, au passage), les cliffhangers et la gestion du rythme sont les caractéristiques de base d'une série.(...)

Oui en fait je ne lui reproche pas d’être une série, mais une série qui ressemble à certaines séries actuelles, qui font la part belle aux personnages au détriment de la narration et de l’histoire.
Pour être plus précis, et voir que finalement tout ça n’est que très subjectif, une bonne série doit nous intéresser par les péripéties avant de rentrer dans la tête des personnages.
Quand on rentre trop vite dans les considérations personnelles, si elle ne sont pas assez ancrées dans un monde dans lequel on sent les enjeux (et ces enjeux sont ressentis de par la survenue de péripéties, justement), la série devient vite lassante.
C’est exactement ce qui s’est passé pour le trône de fer en ce qui me concerne.
Lost, par exemple, a su me tenir en haleine quelques temps jusqu’à ce que le succès de la série conduise à un étirement de la narration, traduit par un centrage sur les relations entre personnages et le maxi montage de mayonnaise autour de trucs intriguant qui ne se révèlent au final pas si intriguant que ça ; et qui une fois résolues, comme je l’écrivais, sont remplacés par de nouvelles choses inriguantes, histoire de nous tenir en haleine. Au bout d’un moment le spectateur que je suis perd le fil et n’est plus frappé par l’intensité dramatique des propos.
Dans le même genre, ce défaut peut être aussi reproché à The event ou encore Terra Nova.
On s’intéresse trop vite aux personnages, et pas assez à ce qui se passe à coté (d’ailleurs il ne se passe pas grand-chose) et au final, le focus sur les personnages et leurs interaction perdent en saveur.
Le summum de ce principe est apparu dans Heroes, où on a une série mettant en scène des personnages dotées de pouvoirs fantastiques, qui passent leur temps à causer et à se prendre la tête.
Là, pour le trône de fer, ça me déçoit encore plus car j’adore l’heroic fantasy et que sur le coup, je ne trouve pas la série très intéressante.
Si on rajoute le fait que dans les séries que je citais, dont le trône de fer, le saucissonnage de la narration dans l’épisode prend le pied sur le saucissonnage de la narration d’un épisode à l’autre (comprendre que finalement, chaque épisode n’a pas d’existence propre de par une intrigue particulière qui y serait développée spécifiquement, un peu à la manière d’un Columbo ou on a un début et une fin), décidément je suis déçu.
Et donc, je vais lire le livre.

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#13 16-01-2013 12:32:13

simonsorcier
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Re : «Game of Thrones», médiéval féministe

davidvincent a écrit :

Oui en fait je ne lui reproche pas d’être une série, mais une série qui ressemble à certaines séries actuelles, qui font la part belle aux personnages au détriment de la narration et de l’histoire.
Pour être plus précis, et voir que finalement tout ça n’est que très subjectif, une bonne série doit nous intéresser par les péripéties avant de rentrer dans la tête des personnages.
Quand on rentre trop vite dans les considérations personnelles, si elle ne sont pas assez ancrées dans un monde dans lequel on sent les enjeux (et ces enjeux sont ressentis de par la survenue de péripéties, justement), la série devient vite lassante.

Au delà du fait que dans une bonne histoire péripéties et relations entre les personnages sont une seule et même chose, ou en tout cas se renforcent mutuellement, je veux bien que tu me cites des exemples de séries (actuelles ou non) qui privilégient selon toi la narration et l'histoire par rapport aux personnages.

Ce qu'on apprend en école de scénario, c'est que le personnage est l'élément clé d'une série. C'est par lui que tout doit passer, et les péripéties et les enjeux du monde s'organisent autour de lui. Si tu prends Breaking Bad par exemple, il y a un univers clairement identifié mais TOUT passe par l'évolution des personnages.

Je suis d'autant plus surpris que la série Game of Thrones (qui a plein de défauts, soyons honnêtes) arrivait plutôt bien à révéler et approfondir son univers sans jamais perdre de vue le destin des personnages ; pour ma part, dès l'introduction avec ce mur géant dans la neige, avant même l'introduction du moindre personnage idenfitiable, je suis scotché. Et la série continue à faire progresser les enjeux de son univers.

Pour info : tu cites Colombo à la fin de ton post, mais il faut préciser un peu ; il y a des séries bouclées (chaque épisode finit une intrigue, et d'ailleurs on peut souvent les visionner dans le désordre sans problème), des séries feuilletonnantes (exemplairement, Lost), et des modèles un peu hybrides (par exemple X-files qui mélange intrigues indépendantes pour chaque épisode et arc narratif global).
Tous ces modèles sont viables, mais quand tu adaptes un matériau feuilletonnant comme GoT, où chaque chapitre est raconté par un personnage différent, la forme feuilletonnante est difficilement évitable. Ou alors tu fais un gros téléfilm de 2h par tome du roman, mais je ne suis pas sûr d'avoir envie de voir ce que ça donne.
Si tu fais bien attention aux arcs narratifs, chaque épisode fait quand même progresser un personnage donné et boucle une "sous-intrigue" ; leur découpage n'est pas totalement dû au hasard wink

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#14 19-01-2013 15:00:47

juanito
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Re : «Game of Thrones», médiéval féministe

simonsorcier a écrit :
davidvincent a écrit :

Oui en fait je ne lui reproche pas d’être une série, mais une série qui ressemble à certaines séries actuelles, qui font la part belle aux personnages au détriment de la narration et de l’histoire.
Pour être plus précis, et voir que finalement tout ça n’est que très subjectif, une bonne série doit nous intéresser par les péripéties avant de rentrer dans la tête des personnages.
Quand on rentre trop vite dans les considérations personnelles, si elle ne sont pas assez ancrées dans un monde dans lequel on sent les enjeux (et ces enjeux sont ressentis de par la survenue de péripéties, justement), la série devient vite lassante.

Au delà du fait que dans une bonne histoire péripéties et relations entre les personnages sont une seule et même chose, ou en tout cas se renforcent mutuellement, je veux bien que tu me cites des exemples de séries (actuelles ou non) qui privilégient selon toi la narration et l'histoire par rapport aux personnages.

Ce qu'on apprend en école de scénario, c'est que le personnage est l'élément clé d'une série. C'est par lui que tout doit passer, et les péripéties et les enjeux du monde s'organisent autour de lui. Si tu prends Breaking Bad par exemple, il y a un univers clairement identifié mais TOUT passe par l'évolution des personnages.

Je suis d'autant plus surpris que la série Game of Thrones (qui a plein de défauts, soyons honnêtes) arrivait plutôt bien à révéler et approfondir son univers sans jamais perdre de vue le destin des personnages ; pour ma part, dès l'introduction avec ce mur géant dans la neige, avant même l'introduction du moindre personnage idenfitiable, je suis scotché. Et la série continue à faire progresser les enjeux de son univers.

Pour info : tu cites Colombo à la fin de ton post, mais il faut préciser un peu ; il y a des séries bouclées (chaque épisode finit une intrigue, et d'ailleurs on peut souvent les visionner dans le désordre sans problème), des séries feuilletonnantes (exemplairement, Lost), et des modèles un peu hybrides (par exemple X-files qui mélange intrigues indépendantes pour chaque épisode et arc narratif global).
Tous ces modèles sont viables, mais quand tu adaptes un matériau feuilletonnant comme GoT, où chaque chapitre est raconté par un personnage différent, la forme feuilletonnante est difficilement évitable. Ou alors tu fais un gros téléfilm de 2h par tome du roman, mais je ne suis pas sûr d'avoir envie de voir ce que ça donne.
Si tu fais bien attention aux arcs narratifs, chaque épisode fait quand même progresser un personnage donné et boucle une "sous-intrigue" ; leur découpage n'est pas totalement dû au hasard wink

Tout à fait d'accord avec toi. J'ajouterais qu'il y a deux écoles : ceux qui partent de la péripétie, et ceux qui partent du personnage pour créer une histoire. Les deux cas peuvent aboutir à des histoires du même genre, et ce n'est pas parce que l'on part d'une péripétie ou d'un caractère que pour finir ce n'est pas l'autre facette qui sera plus marquante à la fin. Car d'une certaine façon les vrais personnages ont l'histoire qu'ils méritent, le récit intéressant sera toujours comme le miroir de leur questionnement. On peut ainsi considérer, par exemple, les labyrinthes romantico-gothiques de Gotham comme une représentation des méandres du cerveau torturé de Batman. C'est un champs de bataille où vont se régler avant tout des conflits internes – et ceci même dans le cas du mélodrame (où la contradiction interne n'est pas de mise) par la métaphore, la projection des non-dits, interdits etc. - avec des méchants qui du coup seront vraiment méchants smile

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#15 19-01-2013 21:06:24

crapotobasta
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Re : «Game of Thrones», médiéval féministe

davidvincent a écrit :

Oui en fait je ne lui reproche pas d’être une série, mais une série qui ressemble à certaines séries actuelles, qui font la part belle aux personnages au détriment de la narration et de l’histoire.

Pas sûr que ce type d'exigence, qu'on trouve plus volontiers au cinoche, soit compatible avec le format d'une série et/ou, formulé autrement, le format d'une série qui doit rameuter un maximum de cash. Ceci dit, je le regrette autant que toi, même si GoT m'a franchement bien éclaté wink


Ne vous privez pas de ces ressources intellectuelles au prétexte qu'elles sont intellectuelles, qu'elles sont écrites avec de grands mots.

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#16 21-01-2013 15:40:16

Tsht
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Re : «Game of Thrones», médiéval féministe

davidvincent, juanito : Merci pour vos analyses, je crois que je comprends maintenant ce qui me gêne dans cette série.
Elle m'énervait beaucoup à la base à cause du comportement des personnages principaux que je trouve un peu trop téléphonés et énervants (je suis méchant, mais ça me fait l'impression d'un "princess sarah médiéval").
C'est un avis personnel.
Mais en fait, comme la série est fortement basée sur les relations sociales, ce genre de point de vue subjectif est exacerbé.

Sinon il y a plein de bouquins de fantasy (ou s'en rapprochant) de nos jours qui sont très peu portés sur la magie, qui savent rester "low fantasy" sans nains ni elfes. Ou voyant la magie différemment...

Perso, pour les séries le summum est je trouve la narration en arcs de 3 ou 4 épisodes. Ça laisse le temps d'explorer une histoire. La façon de faire de Doctor Who est aussi pas mal : des one shot, des arcs narratifs souvent inclus dans un grand arc mais qui se finit sur une ou deux saisons.

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#17 24-01-2013 18:35:39

gégé
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Re : «Game of Thrones», médiéval féministe

le budget effets spéciaux de la saison 3 a été amputé, dorénavant les dragons cracheront de la cannelle big_smile

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