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Libération

Bientôt RIP pour RIM?

publié le 29 juin 2012 à 16h52

Cela se gâte pour le groupe Research in Motion (RIM). Ce jeudi, l'avenir de l'entreprise canadienne, fabricant du téléphone BlackBerry, s'est assombri avec une triple mauvaise nouvelle: des résultats nettement inférieurs aux attentes, la suppression d'au moins 5000 d'emplois et le report de son nouveau système d'exploitation.

RIM, dont l'action est au plus bas depuis 2003, a perdu 518 millions de dollars (405 millions d'euros) pour le premier trimestre de son exercice décalé, plus élevée que prévu. La faute à un fort recul des ventes et d'une charge exceptionnelle de 335 millions (265 millions d'euros), due à une dépréciation d'actifs. Le groupe avait déjà subi une perte de 125 millions (99 millions d'euros) au trimestre précédent, mais à titre de comparaison, il y a un an, RIM avait dégagé un bénéfice de 695 millions au premier trimestre.

En effet, le groupe a livré 7,8 millions de téléphones BlackBerry au cours du trimestre, contre 11,1 millions au trimestre précédent. Les ventes de sa tablette PlayBook ont fondu de presque moitié en trois mois, à 260000 unités. «Je ne suis pas satisfait de ces résultats», a déclaré le tout nouveau patron de RIM, Thorsten Heins .

Le chiffre d'affaires a chuté à 2,8 milliards, soit une baisse de 33% par rapport au quatrième trimestre et de 43% par rapport au trimestre correspondant il y a un an. Les analystes tablaient plutôt sur un chiffre d'affaires de 3,1 milliards de dollars.

Même bradée, la tablette PlayBook de RIM n'a pas rencontré le succès escompté.

La conséquence immédiate est la suppression d'au moins 5000 postes au cours des prochains mois. Ces futurs licenciements correspondent à un peu moins du tiers des effectifs de RIM, qui comptait 16500 employés avant cette annonce. Elles s'ajoutent aux plus de 2000 emplois que RIM a supprimés depuis un an.

L'entreprise accuse aussi un nouveau retard dans le lancement de son nouveau système d'exploitation BB10, repoussé au début 2013. Il était normalement prévu pour la fin de l'année. Du coup, le groupe va manquer les ventes de Noël aux États-Unis, période la plus faste de l'année pour les fabricants d'électronique, et risque encore de se faire damer le pion par Apple qui doit lancer vers la fin de l'année l'iPhone 5, basé sur la technologie à très haut débit LTE. Apple est déjà en position dominante sur le marché des smartphones en Amérique du Nord. RIM misait sur le lancement de ce nouveau système d'exploitation à écran tactile pour espérer combler le retard technologique qu'il a pris par rapport à ses concurrents. Le PDG ne veut pas se précipiter: «Notre priorité est le lancement fructueux de notre nouveau BlackBerry 10 (...). Je ne vais pas compromettre la qualité du produit en le lançant avant qu'il ne soit prêt.»

Ces résultats sont «remplis de mauvaises nouvelles» , selon un analyste indépendant, Jeff Kagan. «RIM peut-il s'en remettre? C'est la question qui se pose maintenant.» Une étude récente du cabinet de recherche spécialisé dans la technologie IDC a montré que les téléphones multifonctions exploitant le système Android représentaient 59% du marché mondial au premier trimestre, 23% du marché revenant par ailleurs à l'iPhone. BlackBerry ne détenait plus que 6,4%, contre 13,6% un an plus tôt. «Nous pensons que la direction de RIM devra vendre la compagnie» , avait pour sa part estimé, avant la publication des résultats, un analyste de Canaccord Genuity, Michael Walkley.

L'option n'est pas évoquée mais le groupe prévoit déjà une nouvelle perte d'exploitation au deuxième trimestre.

(AFP)

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