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Libération

«Direct matin»: la RATP à la trappe

Un article sur le passe Navigo supprimé.
par Raphaël GARRIGOS et Isabelle ROBERTS
publié le 2 février 2009 à 12h50

A-t-on le droit de critiquer la RATP dans Direct matin plus , le gratuit distribué dans le métro, suite à un accord entre Bolloré, l'éditeur du journal, et la Régie ? Visiblement, c'est un peu délicat.

Mercredi, ainsi que le raconte Rue89 , un article consacré au passe Navigo, qui a succédé à la carte Orange, a été remplacé par une pleine page de pub, alors que le papier était déjà mis en page et titré. L'article, comme plusieurs autres chaque jour dans Direct matin plus, est le fruit d'un partenariat avec le Monde , qui fournit des textes clés en main au gratuit de Bolloré.

Dans le papier en question, l'auteur, Eric Nunès, relaie les critiques, notamment émises par la Cnil , sur le passe Navigo - ce mouchard numérique permettant de tracer les parcours des voyageurs et d'utiliser leurs données personnelles. Mais jeudi, couic, plus de papier. «J'ai été prévenu que la page était retirée , indique Olivier Biffaud, rédacteur en chef à Direct matin plus , en charge des relations avec le Monde et seul à accepter de s'exprimer. Ils ont considéré que le papier était à charge et je déplore ce retrait.» La charte, signée entre le Monde et Bolloré, stipule que le second n'a pas le droit de toucher au moindre mot dans les articles du premier, mais qu'il peut retirer les papiers. Selon Olivier Biffaud, un nouvel article sur les dérives possibles du Navigo devrait être publié cette semaine. Moins à charge ?

De son côté, la Société des rédacteurs du Monde doit aborder le sujet, aujourd'hui, avec sa direction. Déjà, en juin 2007, un article issu de Courrier international (filiale du Monde ) et racontant les déboires de musiciens roms avec la police, avait été trappé au motif, avait alors vitupéré Bolloré, qu' «on ne peut pas parler de la sorte de la police française» . Finalement, après que la censure eut été rendue publique, le papier en question avait été publié, accompagné de deux précisions, l'une de Courrier international justifiant la parution de l'article, l'autre de Bolloré dénonçant son caractère «outrancier» .

Sur le même sujet : La Cnil tacle Navigo (07/01/2009)

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