Menu
Libération

Jouer crée une forte dépendance, ne commencez pas

par Sébastien Delahaye
publié le 27 mars 2008 à 15h42
(mis à jour le 27 mars 2008 à 17h20)

Depuis l'apparition de la polémique Manhunt 2 en juin dernier, le Royaume-Uni tente mollement de trouver une nouvelle classification pour les jeux vidéo violents. Le jeu de Rockstar s'était vu refuser une classification d'âge, et donc une sortie en magasins, par le BBFC, l'équivalent local du CSA qui attribue une limite minimale d'âge pour les films et jeux sortant sur le territoire britannique. Après neuf mois de refus et de recours divers, le BBFC a été forcé d'autoriser la sortie du jeu il y a deux semaines . L'organisme a entre temps été vivement critiqué par l'industrie, d'autant que le système britannique est unique: le reste de l'Europe utilise la classification PEGI, soutenue par l'industrie.

Comme souvent pour faire semblant de résoudre un problème, le gouvernement a fait appel à une commission d'experts, ici dirigés par Tanya Byron, psychologue pour enfants et star du petit écran. La commission, formée en septembre dernier, vient de rendre son rapport au gouvernement, quelques jours à peine après la fin du problème Manhunt 2 . Et les conclusions du rapport, disponible en anglais sur son site , ne risquent pas de satisfaire l'industrie du jeu. Le rapport préconise de modifier le système de classification du BBFC et de l'aligner sur celui du cinéma. La mesure permettrait aurait l'avantage de rendre le nouveau système plus compréhensible pour les consommateurs. En revanche, Tanya Byron a repoussé le remplacement de la classification BBFC par une classification PEGI, qu'elle trouve trop peu claire et trop dépendante des éditeurs de jeux vidéo. Une mesure évidemment applaudie par le BBFC. Le rapport suggère tout de même que les deux organismes travaillent ensemblent: le PEGI s'occuperait des jeux pour les moins de douze ans, et le BBFC des jeux pour douze ans et plus.

La publicité autour des jeux vidéo subirait également des restrictions. Surtout, le site du Times révèle deux autres mesures du rapport: une peine de prison (maximum cinq ans) pour les vendeurs coupables d'avoir fourni des jeux pour adultes à des mineurs, et un affichage... particulier de la classification sur les jaquettes de jeux. Tanya Byron souhaite en effet que sa nouvelle classification soit très visible sur les boîtes des jeux, et suggère des avertissements similaires à ceux que l'on trouve sur les paquets de cigarettes. Une proposition qui se comprend d'autant mieux que la psychologue indique dans son rapport que «les jeux vidéo peuvent modifier en profondeur le développement du système de valeurs des enfants et les désensibiliser à la violence.»

Si les conclusions du rapport sont mises en œuvre par le gouvernement britannique, le Royaume-Uni pourrait donc de se réveiller dans quelques mois avec des jeux arborant de peu discrètes mentions du genre «Jouer crée une forte dépendance, ne commencez pas» ou autres «Jouer nuit gravement à votre santé et à celle de votre entourage» .

Lire les réactions à cet article.

Pour aller plus loin :

Dans la même rubrique