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Libération

La BBC veut se blanchir dans l'affaire Savile

publié le 24 octobre 2012 à 13h02

Le président de la BBC, Chris Patten, a défendu hier soir l'indépendance de sa chaîne en réponse à une mise en cause gouvernementale. Le plus grand groupe audiovisuel public au monde, qui tire ses ressources de la redevance payée par les ménages britanniques tout en défendant farouchement son indépendance des pouvoirs publics, est en effet plongé dans la tourmente à la suite de l'affaire Jimmy Savile , ancien animateur accusé de multiples abus sexuels.

«Je suis sûr que vous ne voudrez pas donner l'impression de mettre en doute l'indépendance de la BBC» , écrit Chris Patten, ancien gouverneur de Hong Kong et commissaire européen, rappelant que la BBC a ordonné deux enquêtes «complètes et indépendantes» sur cette affaire. Lord Patten a assuré que l'organisme de contrôle de la BBC qu'il dirige, le «BBC Trust», prenait très «au sérieux les accusations autour de Jimmy Savile et reconnaissait l'importance de garder la confiance du public en la BBC» .

Il répondait ainsi à la ministre de la Culture et des Médias Maria Miller, qui lui avait fait part «de vraies inquiétudes sur la confiance du public dans la BBC» , à la suite de la gestion par le groupe audiovisuel du scandale Jimmy Savile. L'ancien animateur vedette, décédé en 2011, est accusé d'avoir commis de multiples abus sexuels sur des adolescentes pendant quarante ans.

Le directeur général de la BBC, George Entwistle, a été entendu mardi par une commission parlementaire, qui l'interrogeait sur l'apparent laxisme voire l'omerta de son groupe dans l'affaire Savile. Il a reconnu que la BBC avait commis une erreur en déprogrammant fin 2011 une enquête de l'émission-phare Newsnight , qui donnait la parole à des victimes de Jimmy Savile, peu après sa mort.

Le scandale touche aussi l'ancien directeur général de la BBC, Mark Thompson, en place jusqu'en septembre dernier et qui doit prendre en novembre ses fonctions de président directeur général du New York Times . Dans une interview à ce journal, Mark Thompson a nié avoir joué un rôle dans la décision de passer à la trappe l'enquête de Newsnight. «Je n'ai pas entravé ou arrêté l'enquête de Newsnight, pas plus que je n'ai fait quoi que ce soit qui puisse être considéré comme inopportun ou abusif» , a-t-il assuré, ajoutant qu'il n'avait pas été mis au courant de la nature des accusations visant Jimmy Savile. «Si j'avais connu la nature des accusations et les accusations crédibles selon lesquelles ces horribles méfaits ont eu lieu pendant qu'il travaillait à la BBC et dans les locaux de la BBC, je les aurais bien sûr considérés comme très graves et aurais agi très différemment.»

La médiatrice du New York Times , Margaret Sullivan, a sur son blog mis en doute l'opportunité de la prise de fonctions de Mark Thompson. «Il serait bon de se demander maintenant s'il est la bonne personne pour ce poste, étant donné la tournure des événements» , écrit-elle, ajoutant que le journal devait avoir une «couverture déterminée» de son rôle dans l'affaire Savile.

(source AFP)

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