Pour peu d'être fan de Queen et d'humeur créatrice, on imaginerait bien Xavier Couture, directeur des contenus d'Orange, furibond, en train de hurler rageusement «I want to break Free !» en découvrant, lundi dernier, l'interview de Maxime Lombardini dans les Echos . Le directeur général d'Iliad (maison mère de Free) se confiait en effet au journal économique suite aux propos tenus par Didier Lombard, PDG de France Telecom, dans les pages du même quotidien. Lombard avait fustigé la décision du Tribunal de commerce de casser l'exclusivité de sa chaîne Orange Sport, prédisant que cela aboutirait à l'explosion des offres triple-play (ADSL, téléphone, télévision) des fournisseurs d'accès. Il avançait que de telles exclusivités permettent de «rentabiliser l'investissement dans l'innovation» .
Il n'en fallait pas plus pour fâcher Maxime Lombardini : «Parler d'innovation quand on a copié le "triple play" et la Freebox avec deux ans de retard et en allant jusqu'à imiter son nom, c'est un comble ! Or, pour ces innovations majeures, Free n'a jamais bénéficié d'exclusivité particulière. Ce sont les cerveaux qui produisent l'innovation, pas le carnet de chèque» . S'affirmant prêt à diffuser via Free les contenus d'Orange Sports, Lombardini avançait également, entre deux piques sur la loi Création et Internet, qu'Orange est un «multirécidiviste des restrictions de concurrence» , en référence aux mésaventures d'Orange avec l'iPhone .
Suivant à la lettre le principe bien connu des amateurs de série B guerrières («la meilleure défense, c'est l'attaque»), Orange a donc décidé de porter plainte contre les dirigeants d'Illiad pour diffamation. D'aucun trouveraient cette réaction sanguine, mais la sensibilité des huiles d'Orange a visiblement été touchée. «On a le droit de s'attaquer entre entreprises, mais ce que j'ai lu dans la bouche de Maxime Lombardini dans Les Echos m'a choqué» , a ainsi déclaré Xavier Couture dans une conférence de presse.
L'AFP précise qu'un point presse organisé par Orange se tiendra demain après-midi pour revenir sur «tous les dénigrements et autres calomnies subis» . Free n'était pas la seule société à pester sur la politique concurrentielle d'Orange, puisque l'opérateur SFR s'était également plaint de ce «monopole» , dixit son pdg Frank Esser. Ces échanges verbaux de haute tenue se tiennent alors que Free désire plus que jamais devenir le quatrième opérateur mobile français.