Licence

par Sylvain Bourmeau
publié le 22 janvier 2012 à 12h56

Il est des pirates moins sympathiques que d’autres. Aux antipodes de l’image digitale du geek rusé qui télécharge à longueur de nuits dans sa chambre d’étudiant albums et séries télés sans jamais payer, le surgissement médiatique de la patibulaire figure de Kim «MegaUpload» Schmitz, dit «Kim Dotcom» le bien nommé, rappelle opportunément à qui, trop souvent, profite le crime.

Peut-être aura-t-il fallu cette spectaculaire opération du FBI contre MegaUpload pour apporter enfin, à ceux qui en doutaient encore, la preuve par l'absurde que la résolution du conflit fratricide qui oppose depuis dix ans l'Internet et la culture ne passe certainement pas par la répression tous azimuths mais bien plutôt par la mise en place de différentes formes de licences globales. Car après tout, à bien y regarder, qu'est-ce que MegaUpload et tous les autres sites de direct download , qui permettent de télécharger une offre pléthorique de contenus en échange d'un abonnement pour une somme raisonnable ? Qu'est-ce d'autre qu'une forme détournée, illégale et surtout privatisée de licence globale ?

Droit dans ses bottes, Nicolas Sarkozy ne s'est pourtant pas contenté de saluer l'attaque de la justice américaine ; il a demandé à sa créature, l'Hadopi, de réfléchir à l'élargissement et au durcissement de son arsenal et de lui faire des propositions en ce sens. La veille à Nantes, sachant résister à certains des lobbys les plus conservateurs de la gauche, notamment ceux d'une certaine tendance du cinéma français, le candidat socialiste François Hollande avait enfin courageusement arrêté sa position : s'il est élu, Hadopi sera supprimée et une licence globale proposée.

Paru dans Libération du 21 janvier 2012

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