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Libération

Microsoft, le nouvel ami de Facebook

par Astrid GIRARDEAU
publié le 25 octobre 2007 à 14h34
(mis à jour le 25 octobre 2007 à 14h44)

300 dollars par ami. C'est le prix que vient de payer Microsoft pour acquérir 1,6% du capital de Facebook. Le 25 septembre, le Wall Street Journal rapportait que Microsoft était en négociations pour prendre une participation minoritaire dans le site de réseau social en ligne. Il l'a confirmé hier . Par contre, en un mois, les chiffres ont évolué. Estimé à 500 millions de dollars, l'investissement est finalement de 240 millions de dollars (170 millions d'euros) pour une part de 1,6% du capital. Tandis que l'évaluation de Facebook, annoncée à 10 milliards de dollars, est elle propulsée à 15 milliards de dollars (10 milliards d'euros).

Pour la société de Redmond, il s'agit d'assoir sa position sur le marché de la publicité en ligne. Car, en contre-partie, les deux partenaires ont signé un contrat, courant jusqu’en 2011, attribuant à Microsoft la régie publicitaire de Facebook à l'échelle mondiale. Cela lui ouvre à un marché de près de cinquante millions de personnes qui utilisent le site pour partager leur vie et leurs goûts, fournissant aux annonceurs les informations idéales (pays, âge, genre, hobbies, etc.) pour du ciblage. Par contre, on ne sait pas si c'est le nouveau système utilisé par Facebook depuis un mois - Flyers Pro, assez proche de Google Adsense - qui va être conservé. Stratégiquement, Microsoft mise sur l'augmentation du nombre d’utilisateurs, mais surtout sur le fait que le boom connu par la publicité en ligne va se poursuivre et qu'il va pouvoir en récolter les fruits comme son grand ennemi Google. Car, en arrière-plan, il s'agit aussi d'une victoire contre Google, le grand manitou de la publicité sur Internet, dont la régie publicitaire était également en négociations avec Facebook.

Début octobre, Steve Ballmer, le pdg de Microsoft, avait semé le trouble en déclarant : «Je pense que ces réseaux sociaux sont des phénomènes de mode, une lubie.» Alors que certains approuvaient l'analyse selon laquelle, sans ses utilisateurs, le site est une coquille vide, d'autres y voyaient une tentative de Ballmer pour faire baisser les prix. Si Ballmer peut se permettre d'ironiser sur une société dont «la technologie investie équivaut à ce qu'une dizaine de personnes ont pu faire en deux ans.» , il sait aussi l'intérêt pour Microsoft de se rapprocher de ces acteurs du net qui savent séduire les jeunes. Depuis peu, Microsoft semble en effet adopter une politique d'ouverture, visant à lui apporter du sang neuf et à rajeunir son image. Cet investissement inaugure en effet le programme annoncé la semaine dernière par Steve Ballmer au Web 2.0 Summit de San Francisco, d'une centaine d'acquisitions sur cinq ans pour un budget de 23 milliards de dollars.

Pour Facebook, l'argent injecté doit permettre le développement de nouveaux services, l'embauche d'ingénieurs et le rachat d'autres sociétés. Créé en 2004 par le jeune Mark Zuckerberg (23 ans), Facebook, c’est aujourd’hui environ 50 millions d’utilisateurs dans le monde et une progression de 3% par semaine. Mais c’est un site qui n’est pas encore rentable. Une situation – investissements colossaux et évaluations en flèche – qui rappelle vaguement celle d’avant la bulle de 1999, où la logique économique était dominée par la promesse, non par le profit.

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