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Libération

Pottermore : Harry Potter, Poudlard et la manière

par Camille Gévaudan
publié le 11 mai 2012 à 11h29
(mis à jour le 11 mai 2012 à 12h04)

Il a pris son temps pour arriver (forcément, on a connu transport plus rapide que le balai volant...), mais il semble désormais prêt à s'installer confortablement dans le paysage des interwebs magiques. «Il», c'est Pottermore.com , l'univers en ligne du célèbre sorcier à lunettes que son auteure, J.K. Rowling, mijotait dans son coin depuis plusieurs années. Elle promettait de prolonger sur Internet la saga Harry Potter , avec des «contenus exclusifs», des extraits inédits de l'histoire et surtout la possibilité d'acheter les livres numériques, car les sept tomes de l'ultra-best-seller ont longtemps été enfermés dans leurs prisons de papier malgré les demandes répétées de ses fans.

Fin mars, donc, Harry Potter est enfin sorti en e-book et en livre audio... avec une surprise de taille dans son mode de diffusion. J.K. Rowling s'est en effet réservé l'exclusivité totale de leur exploitation, en choisissant de ne les vendre que dans la boutique du site Pottermore . Sa maison d'édition et tous les intermédiaires habituels du livre numérique ont été écartés ; même Amazon, empereur de l'e-book, a dû se plier aux conditions de l'écrivain britannique et accepter de rediriger ses clients vers le site du sorcier. Les fichiers n'étaient disponibles qu'en anglais jusqu'à présent, mais les versions française , italienne, allemande et espagnole sont enfin sorties hier.

Quelques jours après le coup d'éclat de la boutique exclusive, le reste du site Pottermore a ouvert grand ses grilles. On y a découvert un véritable labyrinthe interactif, esthétiquement superbe, truffé de secrets et habillé d'impressionnantes ambiances sonores. Un espace dans le même goût que le site personnel de J.K. Rowling, malheureusement mis hors ligne, que ses fans appréciaient tant.

Dans le Poudlard Express

Pottermore propose rien de moins que de se mettre dans la peau de l'apprenti sorcier et de revivre chaque événement marquant de son histoire, chapitre par chapitre. Chaque tableau représente un lieu particulier, du miteux «placard sous l'escalier» où croupit Harry dans ses jeunes années aux salles de cours de Poudlard, la célèbre école de sorcellerie, en passant par le Chemin de traverse où l'on fait ses emplettes (baguette, chaudron, hibou) et le quai 9 3/4 de la gare King's Cross. On joue avec la profondeur de champ grâce aux touches fléchées Haut et Bas pour interagir avec certains éléments, collectionner les objets en surbrillance, trouver des parchemins secrets...

Dilemme à l'animalerie : doit-on acheter un chat ou un hibou ?

Parmi les contenus ainsi cachés dans Pottermore figurent de nombreux textes de J.K. Rowling détaillant des «sous-intrigues» ou des histoires de personnages secondaires non exploitées dans les livres, souvent très drôles, comme la rencontre de Mr et Mrs Dursley (l'oncle et la tante de Harry) ou les négociations du Ministère de la Magie en 1692 pour mettre en place un chemin de fer menant à l'école depuis Londres. Les internautes sont également appelés à enrichir cette base de données en proposant leur propres dessins, pour donner par exemple un visage à Mrs Figg, une vieille voisine de quartier amoureuse des chats.

Mrs Figg vue par les fans

Au fur et à mesure de l'histoire, l'internaute se trouve de plus en plus impliqué dans sa propre aventure. Il répond à un questionnaire de personnalité pour se voir attribué une baguette magique qui lui correspond, il coiffe le «choixpeau» pour connaître sa «maison» d'accueil à l'école Poudlard, il remplit son coffre de trésors, il apprend des sorts, des recettes de potions, il suit des cours et gagne des points... L'aspect social, indispensable en cette ère de web 2.0, n'est pas oublié : chaque inscrit sur Pottermore dispose d'un «profil» récapitulant toutes ses compétences et possessions, peut se faire des amis, les défier dans quelques mini-jeux et leur offrir des cadeaux.

Les sites amateurs qui tentent eux aussi, depuis de nombreuses années, de reconstituer une scolarité sorcière interactive, ont peut-être du souci à se faire... Mais Pottermore manque encore de possibilité de communication entre les internautes eux-mêmes. Sur le site français Poudlard.org , par exemple, les cours de magie (correction et notation des devoirs comprises) sont assurés par des fans ayant fait preuve de leur motivation dans la communauté en ligne, et les élèves discutent (beaucoup) dans les forums... Ce qui rend l'expérience plus humaine.

Mais la beauté graphique et la surprenante richesse de Pottermore devrait faire perdre quelques heures (ou dizaines d'heures ?) aux fans les plus fervents, et garantir au site une place de choix dans les marque-pages de leur navigateur. Plus de deux millions et demi d'entre eux (les fans, pas les navigateurs) y sont déjà inscrits.

Un mini-jeu pour défier ses camarades et rapporter des points à sa «maison»

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