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«Sims Social», le réseau du plus fort

par Virginie Malbos
publié le 29 août 2011 à 18h37

Promis, ce n'était pas contre toi. Vois-tu, il fallait que je traite ta mère de lama. Et que je critique ta nouvelle coiffure, aussi. Sur Facebook, en plus ! Mais c'est pas moi, c'est mon Sim, et c'est pour la bonne cause : sans cela, impossible de terminer mon barbecue, et un barbecue, dans mon jardin, avoue que ça serait classe. D'ailleurs, maintenant que j'y pense, tu n'aurais pas un peu de bienveillance en stock ? Il m'en manque trois pour terminer mon canapé. Je vais laisser un message sur ton mur, comme ça tu n'oublieras pas. Je sais, on avait des règles, jamais de publications venues des jeux sociaux sur nos Facebook, ça nuit à la crédibilité. Mais là, c'est différent. On parle de Sims Social , le nouveau jeu disponible sur Facebook depuis deux semaines.

Et les Sims, c'est quand même quelque chose. Des centaines de millions d'exemplaires du jeu vidéo vendus en dix ans. Une licence aux personnages surmontés d'un losange vert, connue dans le monde entier et déclinée en de nombreuses aventures. Avec cette nouvelle application Facebook, Electronic Arts (EA) et sa filiale spécialisée dans le jeu social, Playfish, espèrent voler la vedette aux Cityville et autres Farmville . L'enjeu est de taille : les sociétés historiques du jeu vidéo n'ont jusque-là pas réussi à s'imposer sur le très rentable marché des jeux pour réseaux sociaux , au grand dam de leurs actionnaires. L'opération est d'ailleurs si juteuse que les procès se multiplient, pour accuser l'un d'avoir violé le brevet sur une monnaie virtuelle, ou l'autre d'avoir copié l'idée de gérer une ferme ou une ville.

Dans ce western social, des éditeurs de jeux non sociaux ont pourtant déjà tenté leur chance, comme Ubisoft avec une version plutôt réussie de son jeu Assassin's Creed : Project Legacy , qui n'a cependant pas créé l'addiction. Depuis, la société s'est concentrée sur une application sur les Schtroumpfs plus prisée. Autre licence connue, la version Facebook du jeu Civilization n'a pas non plus connu l'effet escompté, avec une jolie audience à son lancement, vite réduite à néant. Mais Sims Social pourrait faire exception. L'application a bénéficié d'un développement plus long que ses concurrents et est fortement soutenue par Facebook qui avoue n'avoir jamais eu de marque aussi importante en ce qui concerne les jeux. Il faut dire que ce lancement tombe plutôt bien, Sims Social peut distraire l'attention de l'internaute portée au concurrent Google +, qui vient justement de lancer lui aussi sa plateforme de jeu.

Surtout, Sims Social n'ignore rien des recettes du jeu social, qu'il combine aux qualités ayant fait le succès du titre. Tout commence donc avec une barre de chargement on ne peut moins sérieuse, dans la grande lignée de celles de la licence. Puis vient l'heure de la création du personnage et celle, bien connue, de le nourrir, le laver, le distraire… bref, de jouer aux Sims . Avec une particularité : ce moi virtuel possède une barre d'énergie qui, une fois vidée, empêche d'effectuer toute action. Et crée ainsi la frustration, idéale pour faire revenir le joueur social. Voire lui faire sortir la carte bleue, outil indispensable à une évolution rapide, mais aussi à l'achat d'objets inédits ou bien encore à la résolution de quêtes imposées sans avoir à noyer ses amis Facebook de requêtes insensées. Partie prenante du jeu, ces derniers aussi peuvent interagir avec le personnage, et, pourquoi pas - comme le suggère l'éditeur - servir à révéler les sentiments de leurs timides propriétaires.

Pour autant, la partie n’est pas encore gagnée pour EA. Plus joli, plus drôle et mieux foutu que la majorité de ses concurrents, le jeu ne révolutionne pas la mécanique bien huilée de la viralité, alors que d’autres titres sont déjà bien installés. En deux semaines, l’application a réuni 14 millions d’utilisateurs. Un joli score, mais loin d’être un exploit. Cityville, lancé fin 2010 et plus gros succès actuel, avait atteint 22 millions de joueurs en onze jours.

Publié dans Libération le lundi 29 août

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