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#1 Re : L'actualité d'Ecrans.fr » Si Hadopi n'est pas représenté, Christine Albanel partira » 12-04-2009 09:52:37

foobar a écrit :

Hihi smile

Elle a fait beaucoup de vente ? Ou alors c'est elle aussi une artiste pillée par le piratage ? wink

Ses oeuvres les plus piratées sur P2P sont probablement : « HADOPI à l'Assemblée nationale », « Winnie l'ourson et le pornographe », « Sécuriser un réseau avec OpenOffice », « Anéfé, ou l'art de la dialectique », « La pédagogie en boucle pour les nuls »... big_smile

#2 Re : L'actualité d'Ecrans.fr » Si Hadopi n'est pas représenté, Christine Albanel partira » 11-04-2009 13:30:21

Il y a juste quelques petits problèmes :

* le calendrier parlementaire est surchargé,
* ce n'est pas l'exécutif qui choisit l'agenda mais la conférence des présidents,
* la première semaine de la rentrée parlementaire est normalement réservée aux propositions de loi (donc d'origine parlementaire) et non aux projets de loi (d'origine gouvernementale),
* le calendrier est particulièrement mal choisi : après le paquet télécom en Europe (que devient le projet qui l'amendement 46 passe ?) et en pleine campagne des élections européennes.

La probabilité qu'HADOPI puisse repasser pour examen le 28 avril est donc voisine de zéro, nous verrons si Madame Albanel est capable de tenir ses engagements publics...

#3 Re : L'actualité d'Ecrans.fr » Best-of Dixit «Création et Internet» » 30-03-2009 13:56:11

À propos de Madame Boutin, il manque AMHA cette citation lors de l'examen de DAVSI :

« Vous pensez contrôler internet ? Fadaises ! Je ne veux pas être complice de cette farce. »

Un très grand merci à Astrid pour son travail sur ce sujet et à son suivi sans faille.

#4 Re : L'actualité d'Ecrans.fr » Dixit spécial Création et Internet : «333 décisions par jour et 47,57 décisions par heure» » 09-03-2009 18:41:27

Dommage pour le titre car Marc Rees (PC INpact) a fait un développement crescendo : si chaque fonctionnaire de la commission de protection des droits devait rendre une décision de sanction cela en ferait effectivement 333 par jour, mais en l'occurrence ils officient en collège de par la loi, donc c'est bien 1000 décisions par jour soit 142 décisions par heure ou encore une décision toutes les 25,2 secondes (sur la base d'un temps de travail effectif de 7 heures) !

#5 Re : L'actualité d'Ecrans.fr » La prescription pour diffamation s'allonge sur Internet » 05-11-2008 18:34:45

[corrections]Il s'agit de la loi sur les délits de presse de 1881, une loi ne stipule pas (la stipulation est par essence contractuelle) mais dispose ou prévoit.[/corrections]

Sur le fond, après « Création et Internet » les sénateurs s'illustrent à nouveau, c'est bien connu il est beaucoup plus facile d'obtenir une rectification d'un journal imprimé ou d'une émission de télé que pour une publication web où de multiples dispositifs existent déjà (LCEN, droit de réponse ou simplement contact avec l'auteur de la publication).

#6 Re : L'actualité d'Ecrans.fr » Télécharger souvent, c'est atroce » 03-11-2008 14:11:32

Euh Astrid, le héros c'est Bender (le tordeur) et non pas Blender (le logiciel libre d'animation 3D) ;-)

#7 Re : L'actualité d'Ecrans.fr » Internet: du piratage au partage » 29-10-2008 17:40:57

Egmorn a écrit :

[...] mais je doute que publier une nouvelle mise en page bloque les droits sur le texte dans son ensemble. (Si c'est le cas, on a vraiment un problème car cela veux dire que les droits voisin sont attribué ad vitam eternam)

Tout à fait, c'est pourquoi j'ai voulu tenter d'expliquer la subtilité des droits patrimoniaux. En revanche, les exemples (Europe et OMPI) sont réels et préoccupants car en effet cela remettrait en cause la notion même de domaine public. Déjà même dans le paquet télécom il y a avait un amendement qui interdisait (par omission) la possibilité de diffusion d'oeuvres du domaine public, seule la représentation était autorisée ; il n'est pas passé.

#8 Re : L'actualité d'Ecrans.fr » Internet: du piratage au partage » 29-10-2008 17:10:10

Egmorn a écrit :

Une oeuvre qui a plus de 50 ans (je ne suis plus sur de la durée) est considéré dans le domaine publique et peux donc être distribué gratuitement.

Pas forcément, la composante patrimoniale du droit d'auteur s'éteint 70 ans (plus les années de guerre) après la mort du dernier auteur mais l'interprétation ou la réédition apportant un caractère original (nouvelle traduction par exemple) fait courir des droits voisins d'une durée de 50 ans à compter de la première divulgation publique.
En clair : si j'édite une partition de la Chaconne de Bach (dans le domaine public), la partition en elle-même sera protégée pour une durée de 50 ans.

L'Europe avait comme projet de porter à 70 ans (si je me souviens bien) la durée des droits voisins. L'OMPI (Office Mondial de la « Propriété Intellectuelle » - WIPO en anglais) souhaitait créer le « broadcast flag » qui voulait qu'à chaque représentation (par exemple diffusion à la télé) les droits voisins repartent ce qui aurait abouti au fait qu'une oeuvre dans le domaine public (auteurs et droits voisins) aurait pu être de facto réintégrée dans le circuit commercial ! Heureusement, cela n'a pas abouti, enfin pour le moment.

#9 Re : L'actualité d'Ecrans.fr » Internet: du piratage au partage » 29-10-2008 15:01:14

wlof a écrit :

D'une manière générale, les logiciels ne sont pas des produits culturels, donc pas concernés par cette idée.

Les logiciels sont des oeuvres de l'esprit et à ce titre dépendent du droit d'auteur. Le cas est bel et bien traité dans le livre, donc même remarque qu'à Davylinch : lisez le !

#10 Re : L'actualité d'Ecrans.fr » Internet: du piratage au partage » 29-10-2008 14:57:26

Davylinch a écrit :

La licence globale est une proposition séduisante, il faut l'admettre. Bien que pour véritablement fonctionner, elle doit être applicable à tous et non optionnelle.
Le partage ensuite reste le véritable problème à savoir: Qui a été téléchargé autant ? Qui a été le plus écouté ? et comment s'assurer que les écoutes et téléchargements soient à échelle nationale et non mondiale ? [...]

Ce serait peut être préférable de lire la publication dont il est question, non (d'autant qu'elle est accessible en ligne sous licence Creative Commons) ?
Il me semble qu'elle couvre tous ces aspects sans éluder les questions délicates et en justifiant les principes mathématiquement (en particulier pour les méthodes de répartition).
Quant à la riposte graduée elle ne couvre aucunement la rémunération de la création mais repose sur un axiome consistant à parier que moins de téléchargement implique plus de chiffre d'affaire.
Donc, avant de critiquer et de parler d'utopie, il serait approprié de prendre connaissance de la réflexion de l'auteur - qui a fait un travail considérable et de qualité - et qui a l'immense mérite de jeter des bases solides propres à une vraie contradiction (constructive).

#11 Re : L'actualité d'Ecrans.fr » Musique: Sacrifice de DRM pour faire passer la riposte graduée » 26-10-2008 15:30:30

Egmorn a écrit :

Donc du pooint de vue légal les logiciels et le code sont deux choses différentes soumisent à deux codes différent. C'est pour ça que je disais qu'il vaut mieux éviter de compliquer le débat. Sinon on va être obligé de faire appel à un légiste pour faire la part des choses.

Ce n'est pas ce que dit la loi française (j'ai mis de l'emphase) :

Article L-611-10 CPI (propriété industrielle) a écrit :

1. Sont brevetables, dans tous les domaines technologiques, les inventions nouvelles impliquant une activité inventive et susceptibles d'application industrielle.

2. Ne sont pas considérées comme des inventions au sens du premier alinéa du présent article notamment :

a) Les découvertes ainsi que les théories scientifiques et les méthodes mathématiques ;

b) Les créations esthétiques ;

c) Les plans, principes et méthodes dans l'exercice d'activités intellectuelles, en matière de jeu ou dans le domaine des activités économiques, ainsi que les programmes d'ordinateurs ;

d) Les présentations d'informations.

3. Les dispositions du 2 du présent article n'excluent la brevetabilité des éléments énumérés auxdites dispositions que dans la mesure où la demande de brevet ou le brevet ne concerne que l'un de ces éléments considéré en tant que tel.

4. Sous réserve des dispositions des articles L. 611-16 à L. 611-19, sont brevetables aux conditions prévues au 1 les inventions portant sur un produit constitué en totalité ou en partie de matière biologique, ou sur un procédé permettant de produire, de traiter ou d'utiliser de la matière biologique.

Est regardée comme matière biologique la matière qui contient des informations génétiques et peut se reproduire ou être reproduite dans un système biologique.

Et en ce qui concerne le droit d'auteur :

Article L-112-2 CPI a écrit :

Sont considérés notamment comme oeuvres de l'esprit au sens du présent code :

1° Les livres, brochures et autres écrits littéraires, artistiques et scientifiques ;

2° Les conférences, allocutions, sermons, plaidoiries et autres oeuvres de même nature ;

3° Les oeuvres dramatiques ou dramatico-musicales ;

4° Les oeuvres chorégraphiques, les numéros et tours de cirque, les pantomimes, dont la mise en oeuvre est fixée par écrit ou autrement ;

5° Les compositions musicales avec ou sans paroles ;

6° Les oeuvres cinématographiques et autres oeuvres consistant dans des séquences animées d'images, sonorisées ou non, dénommées ensemble oeuvres audiovisuelles ;

7° Les oeuvres de dessin, de peinture, d'architecture, de sculpture, de gravure, de lithographie ;

8° Les oeuvres graphiques et typographiques ;

9° Les oeuvres photographiques et celles réalisées à l'aide de techniques analogues à la photographie ;

10° Les oeuvres des arts appliqués ;

11° Les illustrations, les cartes géographiques ;

12° Les plans, croquis et ouvrages plastiques relatifs à la géographie, à la topographie, à l'architecture et aux sciences ;

13° Les logiciels, y compris le matériel de conception préparatoire ;

14° Les créations des industries saisonnières de l'habillement et de la parure. Sont réputées industries saisonnières de l'habillement et de la parure les industries qui, en raison des exigences de la mode, renouvellent fréquemment la forme de leurs produits, et notamment la couture, la fourrure, la lingerie, la broderie, la mode, la chaussure, la ganterie, la maroquinerie, la fabrique de tissus de haute nouveauté ou spéciaux à la haute couture, les productions des paruriers et des bottiers et les fabriques de tissus d'ameublement.

Donc que l'on parle de code, d'algorithme ou de logiciel, et qu'il y a un caractère original, cela relève exclusivement du droit d'auteur ; ce n'est pas parce que l'office européen des brevets accepte tout et n'importe quoi que cela fait force de loi.

#12 Re : L'actualité d'Ecrans.fr » Musique: Sacrifice de DRM pour faire passer la riposte graduée » 24-10-2008 18:09:20

Cher Djulius, c'est également un plaisir partagé que de débattre dans des conditions respectueuses de l'avis d'autrui, en vous priant de m'excuser pour mon premier post sur ecrans.fr qui était un peu limite et je vous remercie d'avoir la ténacité de m'affronter ;-) en toute amitié.

Djulius a écrit :

Par exemple, l'économie du partage que vous évoquez est un beau concept (mais pas un principe de l'économie des biens immatériels à mon sens), mais  il ne s'applique que très difficilement dans le cas qui nous concerne.

Excusez moi, mais employer la terminologie « biens immatériels » me choque, je vous renvoie au texte fondateur de John Perry Barlow « L'économie des idées (ou comment vendre du vin sans la bouteille) » ; ce texte est enseigné dans des universités américaines en matière économique.

Djulius a écrit :

En l'occurrence, le piratage d'un film créé rarement de la valeur comme le sous entend la citation que vous faites de de George Bernard Shaw[*]. Surtout une idée ne coûte rien alors qu'un film coûte en moyenne en France 5,35 Millions d'euros.

Désolé mais ma réponse ne sera directe. Vous ne connaissez peut être pas M. Donald Knuth mais il est à l'origine d'une série de livres intitulée « The Art Of Computer Programming », de même qu'il a créé des logiciels tels que MetaFont et LaTeX, toujours en usage dans l'imprimerie professionnelle de livres scientifiques depuis plus de trente ans (l'infini en informatique). Bien sûr en tant qu'enseignant il pouvait le faire, mais derrière c'est tout un écosystème économique qui s'est développé autour de ses travaux. De même si Andrew Tanenbaum n'avait pas pas fait de l'informatique peut être que Linus Torvald n'aurait jamais démarré le projet Linux, qui représente un marché qui se chiffre en  dizaines de milliards de dollars.
Tout cela pour expliquer que derrière quelque chose qui est souvent désigné par gratuité (free) se cache aussi quelque chose qui s'appelle liberté (free). Un interlocuteur a tenté maladroitement de vous expliquer la différence entre  « freeware » et logiciel libre. Et ce n'est pas forcément antinomique avec exploitation commerciale. Mais c'est un pas extrêmement délicat à franchir ; c'est le problème qui se pose à l'heure actuelle.

Djulius a écrit :

Ainsi, même si la valeur marginale de sa copie tend vers 0, il faudra un sérieux nombre de consommations payantes avant d'amortir ce coût... Et quand bien même il serait amorti, pourquoi refuser ensuite à l'industrie culturelle un droit au profit ?

L'industrie culturelle n'est pas sensée faire des produits de consommation, c'est d'ailleurs à ce titre qu'il existe divers financements publics, il s'agit de produire de la diversité et de la qualité en satisfaisant un public large, or, à titre personnel, il ne me semble pas qu'il y a ait une eu amélioration qualitative des grosses productions qui aille dans ce sens. Le gros risque concerne plutôt les petites productions comme par exemple les documentaires, qui sont essentielles mais malheureusement mal mises en valeur ce qui explique peut être pourquoi de plus en plus on en trouve sous licence Creative Commons.

Djulius a écrit :

Je suis tout à fait d'accord sur le parallèle avec l'imprimerie et sur la révolution qu'entraîne Internet quant à la mise à disposition immédiate et universelle des savoirs et des arts. Cela ne signifie pas que cette mise à disposition doit être gratuite. Elle ne l'est d'ailleurs pas, ne serait-ce que par le prix de l'abonnement internet... Finalement, je trouve d'ailleurs qu'il serait beaucoup plus légitime de s'élever contre la monétisation de cet accès plutôt que contre le commerce des contenus ! Car pour l'instant, la véritable révolution qu'à entraîné Internet c'est un glissement de la valeur des contenus vers les tuyaux. Le pirate dépense finalement tout autant, et même plus, pour les contenus (culturels et autres) qu'avant l'existence d'Internet : la seule différence est qu'il paie maintenant les Fournisseurs d'Accès plutôt que les ayant-droits. D'où effectivement l'idée de la licence globale qui pouvait apparaître comme ingénieuse, avant de révéler des aspects finalement très pervers.

C'est possible, mais ce n'est pas la problématique posé par HADOPI. En aucun cas il n'y a une recherche d'un financement durable mais uniquement une pseudo dépénalisation de la contrefaçon qui, selon moi, n'apportera aucun changement, si ce n'est de la jurisprudence en particulier auprès de la CEDH.

Djulius a écrit :

Je ne suis pas d'accord non plus sur le fait que la révolution technologique est en marche et que la législation n'y pourrait rien : qu'on s'entende bien, je ne souhaite pas qu'elle ralentisse cette révolution, mais qu'elle la canalyse et qu'elle l'encadre pour lui éviter une anarchie nuisible. C'est bien le rôle justement de la loi et elle a déjà prouvé, durant maintes autres révolutions, qu'elle pouvait le faire ! Peu importe dès lors les "lois de la physique" : la loi du corps les a déjà contredites (à commencer par "la loi du plus fort").

Heum, je vous conseille la conférence de Michel Serres à l'INRIA pour les 40 ans de cette institution. Contrairement à une idée reçue il n'y a pas d'anarchie sur Internet ; il existe une auto-régulation bien plus réactive qu'un processus administratif / législatif.

Djulius a écrit :

Bien sûr, la "création" subsistera, mais elle y perdra des plumes et une part de cette création sera laissée sur le côté de la route.  Et je suis d'accord, tout se jouera au niveau du financement de cette création qui ne sera plus garanti. Je vous rejoins donc complètement : tout l'enjeu réside dans le financement de cette création (et dans la nature de ce financement car je ne souhaite pas non plus que la subvention publique se substitue intégralement au marché, ce qui aurait d'autres effets pervers sur la création).

Nous sommes donc d'accord sur l'essentiel et je souhaite que le budget insincère d'HADOPI aille plutôt en direction de jeunes créateurs que d'une autorité chargée chaque minute de décider « On coupe ? On coupe pas ? ».

[*] J'ai fait une erreur de frappe, je me permets de la corriger, il s'agit de M. George Bernard Shaw.

#13 Re : L'actualité d'Ecrans.fr » Hadopi: Pour convaincre les sénateurs, le SNEP sort l'artillerie lourde » 24-10-2008 16:15:24

Davylinch a écrit :

[...] malheureusement pour lutter contre le piratage 2 choix s'offrent à nous:

Erreur fatale. Je ne connais pas votre formation mais la mienne (plutôt technique / scientifique) réagit immédiatement : êtes vous certain que le piratage soit la cause unique ?
Un proverbe, dont je ne saurai attribuer avec certitude la paternité, dit ceci : « Quand on a un marteau entre les mains tous les problèmes ressemblent à des clous ».

Davylinch a écrit :

Vous savez comme moi que de toute façon les preuves irréfutables ne seront pas possibles sans qu'on crie à la liberté personnelle, lors de fouille de disque dur ou du trafic sur bande passante depuis une adresse IP qui peut être détournée trop facilement par les moyens fournis chez les FAI.

Le problème n'est pas là. Il existe des droits et des libertés essentiels, vouloir passer ostensiblement voire outrageusement ces règles s'appelle un déni de démocratie ; l'institution judiciaire qui tend à faire respecter ces règles en souffre (voir le blog d'Eolas) mais respecte ces principes bien que cela coûte très cher. Je vous renvoie à la Constitution et à la Déclaration des droits de l'homme.

Le problème n'est pas le téléchargement mais le financement de la création et éventuellement l'aide aux sociétés de production pour entamer une nécessaire mutation.

Davylinch a écrit :

Le progrès et les avancées techniques ne mourront pas avec cette loi, puisqu'elle encouragera de nouveaux business à se développer, puis les vrais pirates trouveront des moyens de détourner au bout d'un certain temps (en quelques sortes un challenge technique pour eux)

Excepté être délateur officiel certifié HADOPI je ne vois pas en quoi cette loi va créer du business, quant aux techniques de « piratage » je peux facilement vous citer quelques méthodes hors de portée d'HADOPI.

Bref ce projet de loi est inutile, coûteux (avec un budget insincère) et n'aborde pas le sujet de fond. Poubelle pour éviter de souiller encore le Journal officiel de la République.

#14 Re : L'actualité d'Ecrans.fr » Hadopi: Pour convaincre les sénateurs, le SNEP sort l'artillerie lourde » 24-10-2008 14:45:40

« C’est dommage, en enlevant « démocratiques », ils auraient pu rajouter quelques grands pays à la liste »

Merci Erwan, pour cet éclat de rire dans un contexte un peu morose.

#15 Re : L'actualité d'Ecrans.fr » Musique: Sacrifice de DRM pour faire passer la riposte graduée » 24-10-2008 14:27:06

Djulius a écrit :

[...] Bref, le parallèle avec l'industrie de la photographie est juste s'agissant de la douloureuse adaptation technologique mais il s'arrête à la question du piratage : personne n'a volé d'appareil photo en attendant le numérique...

C'est peut être oublier un peu rapidement que les photographies sont protégées par le droit d'auteur et que les photographes ont aussi affaire à cette problématique de « piratage ». C'est à dessein que j'emploie le terme d'industrie de façon à couvrir l'ensemble de l'écosystème. Donc merci de ne pas trop hâtivement descendre mes comparaisons, j'y porte un choix tout particulier.

Djulius a écrit :

Et puis le marketing, quand il sert à imposer massivement le dernier Madonna dans les linéaires au détriment des artistes moins connu : c'est effectivement préjudiciable. Toutefois, il sert aussi à diffuser et faire connaître la culture (le divertissement) de manière générale : même le plus petit film ou le plus petit groupe y a recours... Et ils ne survivraient pas sans !

Bien sûr que le marketing est nécessaire. Mais le marketing outrancier basé sur la règle de Pareto (80/20) au détriment de la diversité culturelle, c'est une calamité.

Djulius a écrit :

Voilà, je suis juste parfois surpris de l'ingéniosité des arguments qui sont trouvés pour justifier le piratage.

STOP. Je ne cherche pas à justifier le « piratage », mais de tenter d'expliquer les causes d'une crise de mutation, le téléchargement illicite y contribue certainement mais ce n'est pas le seul facteur, cela a toujours été mon discours.

Djulius a écrit :

Ca reste une pratique qui consiste à se procurer gratuitement une oeuvre sans considération pour l'artiste et tous les gens qui y ont travaillé (je ne parle même pas de son producteur). On peut toujours arguer du fait que le préjudice économique n'est pas quantifiable, que ce sont des biens immatériels qui ont donc un coût de fabrication marginal nul (mais alors pourquoi personne ne pirate-t-il son accès à l'électricité, au téléphone ou à Internet ?), que cette industrie est de toute façon coupable de ne pas avoir anticipé et accompagné le progrès technologique... Mais enfin, tout ça ne justifie pas, sur le principe, le piratage ?!

Là désolé, mais de l'amalgame il y en a en quantité.

L'article 122-5 du CPI débute par la phrase suivante :

« Lorsque l'oeuvre a été divulguée, l'auteur ne peut interdire... ». Le droit d'auteur est par définition une exception aux droits du public et inversement. Une oeuvre qui ne circule pas, n'existe pas. C'est donc un équilibre très fragile, auquel viennent s'ajouter les droits patrimoniaux et voisins pour compliquer les choses.
Toute la logique de la vente d'oeuvres sur support physique repose sur l'économie de l'échange, lorsque l'oeuvre peut être dématérialisée, c'est l'économie de partage (un des principes de l'économie des immatériels) qui s'applique.

D'ailleurs, je suis toujours amusé par l'allusion à l'électricité et la réponse du législateur (article 311-2 du Code pénal), mais à sa décharge la question est d'une complexité phénoménale pour un esprit tordu comme le mien !

George Bernard Show illustre très bien cette différenciation :

« Si tu as une pomme et moi une pomme et que nous les échangions, alors chacun de nous repartira avec une pomme. Si tu as une idée et moi une idée et que nous les partagions, alors chacun de nous repartira avec deux idées. »

Je sens que vous n'allez pas aimer ce qui va suivre. Internet permet potentiellement de mettre à disposition de tout le monde (raccordé à Internet) toutes les informations produites par l'humanité. Le savoir, la connaissance, les arts et les sciences.
Cette possibilité engendre nécessairement une transformation profonde de la société, de la même ampleur que l'invention de l'imprimerie (il y a des analogies législatives amusantes ou affligeantes pourtant avec 600 ans d'écart !).

Les moines copistes ont perdus leur monopole, la censure a tenté de se mettre en place (c'était l'objet de la bibliothèque nationale et du dépôt légal en 1537), et pourtant inexorablement la société a évolué.

Le téléchargement illicite est un POC (Proof Of Concept), technology preview, ou ce que vous voulez, mais cela démontre que c'est faisable et que c'est mieux que le système basé sur le support physique. Dès lors les industries doivent s'adapter, la législation n'y peut rien et je ne pense pas que le rapport entre le public et les créateurs / interprètes change, en revanche il est évident que des business models viables doivent être trouvés. Ce n'est pas simple, ce n'est pas immédiat et c'est un nouvel état d'équilibre à trouver.

Bref, le téléchargement illicite respecte les lois de la physique : on passe par le chemin qui offre le moins de résistance. Néanmoins, je conçois que c'est un problème sérieux de mutation, même si je n'ai pas d'inquiétude pour la création qui survivra toujours aux évolutions technologiques / sociétales.

Le problème de fond est de garantir de façon pérenne le financement de la création, or le projet de loi « Création et Internet » n'aborde à aucun moment cette question, et c'est bien dommage car c'est le seul sujet important.

#16 Re : L'actualité d'Ecrans.fr » Musique: Sacrifice de DRM pour faire passer la riposte graduée » 24-10-2008 11:38:11

Djulius a écrit :

1) Déjà, même si on peut accabler "l'industrie du divertissement" de tous les maux (je ne vois pas pourquoi elle serait d'ailleurs plus stigmatisable que l'industrie automobile par exemple... ?), il faut bien admettre que les répercussions économiques de ce préjudice n'impacte pas que les profits "dégueulasses" des privilégiés de ce secteur mais qu'elle a nécessairement un impact sur les revenus (et pourquoi pas les emplois) de tous ceux qui travaillent dans ce secteur.

Le terme « industrie du divertissement » n'est pas péjoratif, il me semble plus représentatif que de parler fallacieusement de création et de faire des raccourcis. Cette industrie, du moins concernant « les gros », s'est spécialisée dans l'art et la manière de se tirer une balle dans le pied. Napster, c'était il y a 10 ans la leçon n'a toujours pas été tirée, les procès contre le public c'est plutôt moyen comme technique de marketing, les DRM, où comment retirer de la valeur ajoutée, c'est pas mal aussi, le HD-DVD contre le Bluray avec un catalogue ridicule, ça donne envie... etc. Alors forcément quand on peut trouver ce que l'on cherche et sans subir les inconvénients délicatement réservés aux clients (message du FBI au début d'un DVD, zonage...). Toutefois, il y a aussi des exceptions remarquables. Je pense à l'intégrale de Mozart, qui, pour un segment relativement peu porteur, a été un succès. Non seulement pour le public (et les clients) mais également pour l'éditeur / producteur qui semble y avoir pris beaucoup de plaisir.
Donc les choses ne sont pas aussi simples et ont forcément des conséquences, mais ce serait oublier également que nous sommes dans une période de transition. L'industrie de la photographie a su, elle, passer le cap douloureusement mais rapidement du numérique et ce, sans pleurer sur l'épaule du législateur.

Djulius a écrit :

2) Ensuite, est-ce que cela signifie que tu ne considères pas l'industrie du divertissement comme source ou au moins partie prenante de la création ? Je ne nie pas qu'une partie (peut-être même importante) de la création artistique et culturelle est produite par des individus en dehors de cette industrie... Mais on ne peut pas non plus considérer que ce sont deux sphères indépendantes et imperméables... Donc je pense qu'une nuisance à l'industrie du divertissement se répercute forcément en nuisance pour la création à un moment donné...

Une partie de la création dépend en effet de cette industrie. Quand Universal (si je me souviens bien) rompt 40% des contrats, augmente de 100% son budget marketing, fait des bénéfices outranciers, en expliquant qu'ils sont dans la misère et que c'est la faute au téléchargement, je ne suis pas tout à fait dupe. Ce qui est inquiétant, c'est que dans ce genre d'évolution structurelle, les petits souffrent énormément, le téléchargement illicite est à mon avis un révélateur de cette crise et peut être le catalyseur mais probablement pas l'initiateur.
Je me garderai bien, contrairement à niczar, de parler de « l'industrie du bourrage de crâne », je n'oublie pas qu'il y a des « petits », une myriade de métiers très spécialisés qui gravitent autour de la création ou qui complètent celle-ci. Le problème c'est que ce sont les gros qui donnent à bouffer aux petits.

Djulius a écrit :

Pour la baisse du marché vidéo, ces chiffres inclus les recettes VOD (qui par ailleurs demeurent totalement anecdotiques...). Et, je le répète, je suis d'accord : la chute de ces marchés n'est sûrement pas totalement imputable à la piraterie et d'autres causes (peut-être même très importantes) doivent être recherchées. Toutefois, je pense qu'on peut raisonnablement imputer une "petite" part au moins de responsabilité à la piraterie. Or imaginez ce que ne serait-ce qu'1% de baisse de chiffre d'affaires de ces industries représentent en nombre d'emplois ? Alors 10, 20 ou 30%... c'est énorme (attention, je ne suis pas en train de dire de même que toute le manque à gagner se traduit en perte nette d'emploi... mais là aussi il y a quand même un lien !)

J'ai cité une étude de la CRIA plus haut et toutes les études universitaires que j'ai pu lire n'arrivent pas à établir une corrélation statistique fiable (c'est-à-dire ayant un taux de confiance de 95%) entre le téléchargement illicite et la baisse des ventes. Il y a un très grand nombre de facteurs qui conduisent à la réduction d'un marché : pouvoir d'achat, budget du ménage qui s'accommode du téléphone portable, des jeux vidéos, de la connexion Internet. De plus, le traitement des téléchargeurs a jeté un discrédit considérable (la RIAA a été élue haut la main comme l'organisation la plus détestable qui soit en 2007) sur l'ensemble de l'industrie.

Les DMCA, EUCD, DADVSI, HADOPI ne changeront rien. C'est à cette industrie de renouer avec ses clients et de faire sa transformation en sachant qu'il y aura probablement des rapports plus directs avec les créateurs et le public, donc moins d'intermédiaires. On vit un peu le Red Flag Act(*) en ce moment.

(*) Loi anglaise de 1865 qui imposait un équipage de trois personnes pour conduire une automobile à très faible vitesse : un chauffeur, un navigateur et... quelqu'un qui courait devant la voiture en agitant un drapeau rouge pour prévenir les chevaux et les piétons. En présence d'un cheval, la voiture devait s'arrêter pour ne pas l'effrayer. Cette loi était supposée être au bénéfice des fabricants de fiacres qui luttaient contre l'émergence de l'automobile.

[edit]typos + précisions[/edit]

#17 Re : L'actualité d'Ecrans.fr » Musique: Sacrifice de DRM pour faire passer la riposte graduée » 23-10-2008 18:21:44

Djulius a écrit :

Pas de problème tant qu'on reste entre gens civilisés ! Et j'ai parfaitement reçus vos arguments !

Merci, je vais rentrer mes canines ;-)

Djulius a écrit :

[...]J'ai entendu parler notamment de la possibilité de réduire l'accès à internet plutôt que de le couper (par exemple accéder simplement au mail, ou à certains sites...). Mais je ne suis pas un expert technique.

Oui, mais c'est totalement irréaliste. Quelques mots grossiers : tunnel HTTP, ssh, vpn, tor, freenet... et je fais ce que je veux même avec un pare-feu, des proxy...


Djulius a écrit :

1) On ne peut pas faire le lien mathématique direct  entre le téléchargement illégal et le piratage, notamment parcequ'on ne sait pas si tout ou partie des pirates auraient, en situation de non piratage, acheté tout ou partie des biens culturels qu'ils ont piratés. On imagine bien cependant que la réponse est médiane : En gros, une partie (sûrement non négligeable) des pirates auraient achetés une partie des oeuvres qu'ils ont piraté.

C'est le fameux manque à gagner qui dans le contexte de l'économie des immatériels n'a guère de sens car une partie peut être transformée en vente et l'autre relève du marketing (voir l'excellent article de Tim Bray : « On Selling Art », désolé pas le lien sous la main).

Djulius a écrit :

2) On constate une baisse en valeur de l'industrie musicale de l'ordre de 50% depuis 2000 (et je crois me souvenir que la baisse en volume est approchante) et une baisse du marché de la vidéo/DVD en valeur de l'ordre de 33% en 4 ans. Là encore, on ne peut pas établir de liens certains, mais je pense qu'on se doute bien qu'il y a là au moins une part de relation avec le piratage.

On parle de supports physiques, quid de la réduction du réseau de distribution, de la VOD qui entre en concurrence directe avec les loueurs de DVD ? Effectivement, la cause n'est sûrement pas unique mais en imputer la cause exclusivement au téléchargement illicite serait une erreur d'analyse.

Djulius a écrit :

3) J'ai lu dans la presse qu'une étude réalisé sur le cinéma il y a quelques semaines avaient estimé à 430.000 actes de téléchargements illégaux de films disponibles en versions française par jour sur les réseaux peer to peer. Pour info, c'est l'équivalent de la fréquentation en salles de cinéma en France.

Oui, et paradoxalement les films les plus téléchargés sont aussi ceux qui sont les plus vus en salles. Et puis la théorie de la longue traîne de Chris Anderson ne s'appliquerait-elle pas aussi aux supports physiques indisponibles et non réédités ?

Djulius a écrit :

4) Le piratage freine le développement des offres légales sur internet puisqu'il apparait en concurrence directe avec elles. En effet, il a les mêmes caractéristiques : fichiers dématérialisés, disponibilité immédiate (voir pour le piratage avant même la sortie officielle)... Mais il a l'énorme avantage d'être gratuit.

Oui sauf que feu AllOfMP3 proposait aussi des services appréciables (choix du format et de la qualité de l'encodage, diversité impressionnante) et était payant même si très peu cher.

Djulius a écrit :

Il y a encore pleins de chiffres et d'arguments qui circulent sur les conséquences du piratage en terme économique. Sans vouloir trancher de manière définitive le débat, je pense que personne ne peut plus aujourd'hui avancer de bonne foi que le piratage ne nuit pas à la création...

Désolé, mais je persiste et signe, le « piratage » nuit à l'industrie du divertissement, pas à la création.

Djulius a écrit :

Je me rappelle encore des arguments grotesques qu'on entendait il y a quelques années du type: "le piratage permet même de faire connaître les artistes". J'espère au moins que nous n'en sommes plus là...

La relation est un peu plus complexe que cela. Le droit d'auteur (auquel je suis attaché) repose sur un équilibre délicat dont le marketing, c'est-à-dire la diffusion de l'oeuvre, est fondamental mais au détriment mécanique des droits patrimoniaux...

#18 Re : L'actualité d'Ecrans.fr » Musique: Sacrifice de DRM pour faire passer la riposte graduée » 23-10-2008 17:49:12

Djulius a écrit :

imaginez-vous à votre tour combien coûte la piraterie à des auteurs, à des intermittents, à des PME (parceque le cinéma et même une bonne partie de la musique sont produits en France par des PME)... ?

Le cinéma est probablement un cas de figure différent mais en ce qui concerne la musique voici une étude commandée par l'équivalent de la SACEM canadienne (la CRIA) (voir l'annexe A).
Dès lors les choses sont moins tranchées et il apparaît des facteurs multiples, signe qu'il s'agit plus d'une évolution naturelle des usages rendus possibles par la technique que d'une volonté de nuire à la création. Le législateur devrait recréer les conditions d'un équilibre propre à concilier l'intérêt général, ce n'est visiblement pas la voie choisie...

#19 Re : L'actualité d'Ecrans.fr » Musique: Sacrifice de DRM pour faire passer la riposte graduée » 23-10-2008 17:39:47

Egmorn a écrit :

Pour une fois je vais défendre le texte.
Le gouvernement n'impose pas une protection "parfaite" ou "idéale" Il impose juste la mise en place d'outil de première protection (anti-virus et firewall) qu'on trouve dans tout bon magasin de produit informatique.

Et bien non ! Le texte du projet de loi fait référence à un décret qui n'existe pas encore et qui pourrait faire référence au super logiciel de filtrage en mode root kit édité par la société bidule qui a reçu l'agrément de l'administration et qui accessoirement est copine avec X.

#20 Re : L'actualité d'Ecrans.fr » Musique: Sacrifice de DRM pour faire passer la riposte graduée » 23-10-2008 17:30:39

Cher Djulius,

j'ai été un peu cinglant alors que vous faites à l'évidence preuve de bonne volonté, mea culpa.

Djulius a écrit :

Quant à la fameuse privation de liberté, je n'en démords pas: la sanction prévue est une suspension de votre abonnement, pas de votre droit d'accès à Internet comme certains arguments ici tendent à le faire croire (puisque vous avez toujours la liberté de vous connecté en dehors de votre domicile, voire d'ouvrir une nouvelle ligne sous le nom de votre femme...).

Sauf que... le télé-travail, voire une entreprise entièrement dématérialisée ce n'est pas de la science fiction ; et je vous rappelle que la guillotine numérique est exécutoire, c'est-à-dire que vu les délais d'un tribunal administratif, que l'on soit coupable ou innocent le ressenti de la sanction sera identique. Enfin proposer d'utiliser un web café quand toutes vos relations avec les clients, fournisseurs, banques, administrations, exploitation au quotidien... passent nécessairement par Internet c'est quelque peu réducteur et revient à une sanction disproportionnée surtout quand la nature de la « preuve » est aussi faible, sans compter que c'est un foyer entier qui est affecté.


Djulius a écrit :

Justement, nous sommes en train de réfléchir et nos sénateurs et députés sont aussi appelés à le faire dans un débat parlementaire, donc la démocratie et l'état de droit sont respectés ! Quant à la constitutionnalité, loin de moi la prétention d'en juger derrière mon clavier d'ordinateur : je pense que le Conseil Constitutionnel sera de toute façon ammené à se prononcer sur la question.

Non, c'est toute l'astuce d'instaurer une infraction du ressort du droit administratif, le Conseil ne peut faire valoir la rigueur qu'en matière de droit pénal. Tout au plus quelques piques pourront être jetées ici et là.

Djulius a écrit :

Alors oui, c'est vrai, vous pouvez avoir été la victime d'un méchant super pirate qui a hacké votre ligne pour télécharger illégalement et qui a continué à le faire pendant des mois voire des années alors que vous-même avez reçu 3 à 4 courriers vous demandant de surveiller votre connexion... Et donc, dans ce cas là, vous risquez d'être condamné injustement à une suspension d'abonnement (et pas d'accès à l'internet je le répète) qui pourrait aller jusqu'à un maximum d'1 an (soit, je le répète l'équivalent de 360 euros...). La possibilité d'une telle injustice existe, c'est vrai ! Et je reconnais qu'en termes de "principes" démocratiques et juridiques, le fait qu'une personne extrêment malchanceuse puisse un jour se trouver dans le cas de cette injustice, c'est inacceptable !

Le problème c'est qu'il est difficile d'estimer le nombre de « faux positifs » et que les conséquences peuvent être variées, or, en privatisant et en automatisant ainsi la Justice on franchit un cap pour passer outre la rigueur des textes fondateurs au prétexte de l'efficacité et de la rentabilité. Il convient que le bain de la grenouille ne puisse jamais aller au delà de la tiédeur, si vous ne percevez pas cette tendance affublée de différents prétextes, tels que terrorisme, pédophilie, droit d'auteur (en fait droits voisins), c'est assez grave et le signe que la majorité ne réagit pas à ces manoeuvres.

Maintenant une question que j'aimerais bien poser (en fait surtout avoir une réponse) en quoi ce projet de loi va-t-il favoriser le développement de l'industrie du divertissement ?

La relation moins de téléchargement implique plus de chiffre d'affaire ?

J'ai du mal à y croire, cela ressemble à un épisode des shadoks(*).

(*) [De mémoire] Les shadoks avaient calculé que leur fusée avait une chance sur 1000000 de décoller, ils se hâtèrent donc de rater les 999999 premiers essais ;-)

#21 Re : L'actualité d'Ecrans.fr » Musique: Sacrifice de DRM pour faire passer la riposte graduée » 23-10-2008 15:59:03

Djulius a écrit :

1. Aucune délation n'est prévu : tout repose sur un système de scannage anonyme de bande passante. quand l'autorité administrative (Ou avez vous entendu parlé d'"officine privée" cher Leonor ??!!) responsable de ce contrôle détecte un contenu protégé qui transite sur le réseau, elle demande au Fournisseur d'accès les coordonnées de l'utilisateur concerné pour lui envoyer un avertissement ! Et de un...

Apprenez à lire un projet de texte de loi. Il s'agit de sociétés privées qui identifieront une adresse IP (selon une méthode non connue) comme ayant participé à un acte de contrefaçon, puis qui signalera à l'HADOPI (l'autorité administrative) qui demandera alors au FAI l'identification du titulaire de l'abonnement (moyennant finance, même si cela a été occulté dans le budget HADOPI en méconnaissant (sciemment ?) le considérant 41 de la décision du Conseil constitutionnel n°2000-441-DC). Au fait, l'article 40 du Code de procédure pénale fait obligation à l'HADOPI de signaler un acte de contrefaçon au procureur de la République ; donc sanction administrative, action pénale et éventuellement civile ; c'est fromage et dessert.

Djulius a écrit :

2. La délégation d'un pouvoir de sanction a des autorités administratives extra-judiciaire est un fait usuel et totalement légal en France : Il n'y a pas de juge dans le fisc, et pourtant le fisc peut vous infliger un redressement... Et de deux

Cela s'appelle la justice administrative et il y a des recours possibles. Avec « Création et Internet » les modalités de défense sont renvoyées à des décrets ; de plus la seule défense pouvant être invoquée est d'avoir respecté la mise en oeuvre des dispositions prévues (par décret) pour sécuriser sa ligne. Une autorité administrative ne peut infliger une mesure affectant des libertés et des droits fondamentaux (sauf en matière de séjour des étrangers, mais on parle alors de rétention et non pas de détention ; mais c'est un autre débat).

Djulius a écrit :

3. L'état de droit se porte bien , merci ! Il ne me semble pas que la présomption d'innocence soit menacée puisque tout part du constat d'une infraction et que ce constat ne donne en plus lieu qu'à un simple avertissement... Quant à être juge et partie, le projet de loi dit très clairement que les ayant-droits ne participent ni de près ni de loin à l'autorité administrative (qui comme son nom l'indique reste purement administrative) ! Mieux, cette autorité a une obligation de confidentialité absolue et ne transmettra pas le nom du téléchargeur aux ayants droits même si elle le sanctionne... Quel meilleur système que celui qui garantit que l'identité d'une personne condamnée ne sera jamais communiquée à celui qui a subit le préjudice de l'infraction ? Et de trois et de quatre...

Oui, vous êtes accusé de n'avoir point respecté votre obligation de surveillance de votre connexion à Internet, car votre adresse IP a été relevée quelque part, vous invoquez quoi ? Que vous faites 24h sur 24h de l'ARP watch pour s'assurer que personne ne tente du spoofing sur votre routeur Wifi en mode WPA ?
Le « constat d'infraction » est automatisé et repose sur des méthodes bestiales ayant conduit des imprimantes en réseau devant des tribunaux (Étude de l'université de Washington : « Why my printer received a DMCA takedown notice »).

Djulius a écrit :

4. Le Parlement européen n'a JAMAIS dit que cette loi portait atteinte aux droits fondamentaux puisque le parlement européen ne peut pas se prononcé sur cette question ! Seule la cour de justice européenne peut juger de la légalité d'une loi nationale au regard de l'ordre juridique européen... et encore faut-il que cette loi ait été adoptée, ce qui n'est pas le cas ici ! Quant au respect de la vie privée, je pense que la confidentialité que j'évoquais ci-dessus est une sérieuse garantie ! Et de cinq, et de six, et de sept...

Et la résolution 23 du 13 avril 2008, ça compte pour du beurre devant la CEDH : « [...] engage la Commission et les États membres à reconnaître qu'Internet est une vaste plate-forme pour l'expression culturelle, l'accès à la connaissance et la participation démocratique à la créativité européenne, créant des ponts entre générations dans la société de l'information, et, par conséquent, à éviter l'adoption de mesures allant à l'encontre des droits de l'homme, des droits civiques et des principes de proportionnalité, d'efficacité et d'effet dissuasif, telles que l'interruption de l'accès à Internet. »


Djulius a écrit :

Sérieusement, c'est vraiment pathétique de lire ce genre de manipulation sur les blogs ! Que chacun lise le texte de loi et juge par lui-même... Mais franchement, envoyer des avertissements par mail aux  téléchargeurs pour leur faire comprendre qu'ils tuent tout simplement la musique et le cinéma a petit feu (puiqu'on parle de ça, faut pas l'oublier !!!) et leur infliger éventuellement une coupure d'internet de 1 à 3 mois si jamais ils n'ont toujours pas compris au bout de 3 ou 4 courriers : je pense pas qu'on puisse hurler à la dictature fasciste !!! Surtout, je me demande qui profite finalement de ce genre de discours vaseux à base de théorie du complot !!!

La guillotine numérique ne porte pas sur 1 à 3 mois mais plutôt sur 3 mois à un an avec l'impossibilité de se réabonner dans l'intervalle. La charge de preuve est inversée et il n'est pas possible de connaître le détail du dossier et de le contester de façon contradictoire devant l'arbitrage d'un juge. La « preuve », en l'état de la technique, n'a aucune valeur juridique compatible avec la rigueur pénale, c'est d'ailleurs pourquoi le montage scabreux de « Création et Internet » s'appuie sur le droit administratif pour éviter les foudres du Conseil constitutionnel.

Bref, comme petit soldat chargé de la désinformation, j'ai vu nettement mieux ; citez au moins quelques éléments qui pourraient éventuellement donner de la consistance à votre discours.

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