Beemotion, suite : Frédéric Lefebvre veut légiférer en streaming

par Erwan Cario
publié le 17 février 2009 à 19h00
(mis à jour le 18 février 2009 à 15h34)

Frédéric «c'est l'Internet d'aujourd'hui» Lefebvre, député UMP des Hauts-de-Seine de son état et spécialiste de la réaction instantanée ne pouvait pas passer à côté d'une si belle occasion. Il fallait donc donner suite à la tribune de Luc Besson parue ce week-end dans le Monde . Il a donc envoyé un courrier (très judicieusement relayé par son bureau à plusieurs journalistes) à Bernard Accoyer, président de l'Assemblée Nationale, à propos de ce qu'il appelle «l'affaire Beemotion» .

Il y explique vouloir créer «une commission d'enquête parlementaire pour traiter d'un problème qui met en cause l'exception culturelle française» . Et il ne manque pas, bien sûr, de bien préciser le pourquoi de l'urgence du propos : «Ce ne sont, en dehors de l'hébergeur, pas moins de cinq opérateurs économiques domiciliés en France qui concourent volontairement ou non à la rémunération de l'éditeur de ce site [Beemotion, ndlr], qui diffuse des films récents sans en avoir acquis les droits depuis le Canada. C'est un exemple parfait de piratage industriel.» Sur le site Eco89 , Romain, webmaster de Beemotion, explique que la publicité rapportait, avant la fermeture du site, entre 600 et 700 euros par mois, principalement utilisés pour régler les 300 euros d'hébergement. On est effectivement face à une affaire d'ampleur «industrielle» .

Et parce qu'il serait dommage de ne pas faire un peu de publicité pour des sites hors-la-loi, Frédéric Lefebvre refile à Bernard Accoyer un bon plan pour regarder gratuitement des films sur le net : «Le site "Allo Streaming", hébergé à l'étranger fonctionne lui aussi avec la complicité d'annonceurs français.» En réaction à la Tribune de Luc Besson qui mettait directement PriceMinister en cause, Pierre Kosciusko-Morizet, président du site de vente en ligne, expliquait à PcInpact : « Luc Besson n'est pas sans savoir, car c'est un homme intelligent, que sur internet, on ne maitrise pas sur quel site on fait de la pub. Et s'il croit qu'on maitrise, c'est qu'il n'a rien compris.»

Frédéric Lefebvre conclue sa lettre en expliquant pourquoi la loi Création et Internet, qui va être discutée début mars à l'Assemblée Nationale, est déjà caduque : «L'augmentation des débits disponibles sur les réseaux Internet rend possible la consommation de films sans avoir à utiliser les technologies dites de Peer To Peer pour les télécharger et les visualiser.» Mais renoncer à la répression ne semble bizarrement pas faire partie des plans du député : «L'évolution rapide des technologies et des usages nous contraint à nous informer en "temps réel" sur ces points afin de pouvoir légiférer en toute connaissance de cause et d'apporter les réponses adaptées pour lutter contre une forme de délinquance dont les premières victimes sont l'intelligence et la création françaises.»

On a une petite pensée pour Maître Eolas, qui s'est déjà fendu d'une brillante note explicative à destination de Luc Besson . Avec Frédéric Lefebvre qui veut légiférer en temps réel (il ne le dit pas comme ça, mais c'est quand même la substance de son propos), l'avocat blogueur risque d'avoir du boulot dans les mois qui viennent.

A lire également sur Ecrans.fr :

_ - Luc Besson contre les internautes, Free, Google et PriceMinister

_ - BeeMotion ferme suite aux attaques de Besson

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