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Libération

Confidentialité : contre Facebook, la riposte s'organise

par Nicolas Bégasse
publié le 18 mai 2010 à 16h20

Les mécontents de la politique de confidentialité de Facebook sont de plus en plus nombreux et commencent à s'organiser. Fin 2009 , le réseau social a modifié l'accessibilité des informations mises en ligne par ses utilisateurs : par défaut, ces données (statuts, groupes, photos, etc.) étaient maintenant visibles par tout un chacun, et pas seulement par les «amis» de l'utilisateur. Un changement effectué en douce: il faut être un minimum concerné par les questions de confidentialité de ses données pour penser à renforcer, en quelques clics, la protection de ses contenus Facebook.

Pour tous les autres, le commun des adeptes du réseau social aux 400 millions d'utilisateurs, la notion d'intimité a pris un coup dans l'aile. Pour s'en convaincre, il suffit de faire un tour sur le site Openbook . Il catalogue tous les statuts Facebook non-protégés (donc subissant toujours la politique de confidentialité «par défaut» ) par thème. «Je hais mon job», «ne le répétez pas», «mon prof est un con» : n'importe qui peut voir qui a laissé de tels statuts. Une belle galerie d'imprudents dont la vie privée est offerte aux internautes de passage.

Même en haut lieu, la politique de confidentialité du réseau social numéro un inquiète. Le 12 mai dernier, les représentants des autorités chargées de la protection des données dans les 27 États de l'UE ont adressé une lettre de protestation à Facebook et rappelé que les utilisateurs doivent donner «librement et sans ambiguïté leur consentement» à la publication de leurs données personnelles. «Il est inacceptable que Facebook ait modifié le réglage par défaut sur sa plate-forme de socialisation au détriment des utilisateurs» , jugeaient les représentants européens. Sans effet jusqu'ici.

Pour lutter contre ce qui peut être ressenti comme une atteinte à la vie privée, on peut facilement modifier les paramètres de son profil Facebook. Mais même là, difficile d'être sûr de la protection de ses données privées. Pour les utilisateurs scrupuleux qui voudraient vérifier l'état de leur confidentialité, direction Reclaim Privacy . En deux clics, ce site scanne un profil et révèle si les données privées du compte le sont vraiment. D'autres sites du même acabit existent, comme Profile Watch .

Et si la meilleure défense était l'attaque ? Retournant l'arme du social contre Facebook, des internautes se lancent dans une croisade pour la protection de la vie privée sur le Web. Une manifestation virtuelle est ainsi prévue pour le 6 juin prochain. Le principe de « Facebook Protest »: encourager ses utilisateurs à se passer du réseau social pendant toute une journée : «Le 6 juin, ne vous connectez pas à Facebook et prenez garde à ne cliquer sur aucun bouton "J'aime": en bref, évitez TOUTE activité liée à Facebook» , clame le site.

D'autres se montrent plus sévères. « Quit Facebook Day », comme son nom l'indique, est le jour, fixé au 31 mai, où les internautes sont priés de supprimer purement et simplement leur compte. «Arrêter Facebook est difficile , admettent les deux Canadiens à l'origine du site. Facebook est séduisant, amusant et, très franchement, addictif. Arrêter Facebook, c'est comme arrêter de fumer» .

En tout cas, la polémique autour de la politique de confidentialité de Facebook donne des idées à certains. Le vieux briscard des réseaux sociaux, MySpace, a annoncé hier qu'il entendait réformer et simplifier dans les semaines à venir les options de confidentialité. «Vu toute l'agitation dans le secteur, nous voulons nous exprimer et prendre une position claire pour que nos utilisateurs comprennent que nous prenons la confidentialité très au sérieux» , a ainsi déclaré le co-président de MySpace, Mike Jones, dans un entretien au Wall Street Journal. MySpace, en perte de vitesse face à Facebook, veut ainsi profiter des critiques dirigées à l'encontre de son concurrent pour revenir sur le devant de la scène.

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