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Libération

Entre Facebook et «The Social Network», c'est compliqué

par Alexandre Hervaud
publié le 26 août 2010 à 14h37
(mis à jour le 26 août 2010 à 14h45)

On se doutait bien que Facebook et ses instances dirigeantes ne seraient pas forcément fous de joie devant The Social Network , le prochain film de David Fincher, qui retrace la création du site par un étudiant de Harvard dès 2003, Mark Zuckerberg, désormais milliardaire à 26 ans. Rappelons que le scénario du film, écrit par le reconnu Aaron Sorkin (créateur de la série À la Maison Blanche ), est basé sur l'ouvrage The Accidental Billiionaires de Ben Mezrich.

En début d'année, à l'occasion de sa publication en France, sous le titre la Revanche d'un solitaire , on s'était penché sur ce curieux ouvrage , certes basé sur des faits réels, témoignages et documents judiciaires à l'appui, mais également bourré de passages relevant de la pure fiction écrits dans un style pachydermique. C'est d'ailleurs sous ce terme, «fiction» , que le film a été décrit par Zuckerberg, incarné dans le film par Jesse Eisenberg.

D'après un article du New York Times , des responsables de Facebook ont d'ores et déjà vu des montages préliminaires du film, alors que la véritable première se déroulera le 24 septembre au New York Film Festival pour une sortie américaine le 1er octobre. A en croire l'article, le principal souhait (non avoué) de l'équipe de Facebook (qui, sans surprise, n'a pas apprécié le long métrage) est que le film fasse un bide et soit vite oublié. Sachant que chaque film de David Fincher a tendance à exciter considérablement les cinéphiles du monde entier, et que le sujet en lui-même concerne «potentiellement» 500 millions de personnes dans le monde, rien n'est moins sûr.

Encore une fois, l'appréciation négative de Facebook n'a rien de surprenant, mais la véritable question est la suivante : l'entreprise a-t-elle cherché à modifier le contenu du film à un moment ou un autre ? Scott Rudin, l'un des producteurs de The Social Network , reconnaît que durant la pré-production du film, le script a été transmis à des collègues de Zuckerberg. Résultat ? Quelques «petits changements» , mais pas autant que ce qu'espérait Facebook. «On a fait exactement le film que l'on voulait faire» , pointe Rudin.

L'électron libre Sean Parker, incarné par Justin Timberlake - DR

Cette dernière affirmation -- qu'elle soit honnête ou pas, peu importe -- et toute la polémique sur l'éventuelle ingérence de Facebook dans les affaires de la production pourrait suggérer au spectateur que le film s'annonce sulfureux. Or, sauf grosse surprise du réalisateur de Fight Club , que les choses soient claires : le film parle d'un nerd asocial d'Harvard qui a créé un site web en s'inspirant fortement de projets de ses petits camarades. On n'est pas dans Trainspotting , quoi. Cette comparaison «stupéfiante» est justifiée par la dernière histoire en date entourant le film : il contiendrait une scène où circuleraient de la coke et des filles seins nus autour de Sean Parker (le fondateur de Napster, incarné par Justin Timberlake, qui était impliqué dans le lancement grand public de Facebook). Teasée par Rudin comme «pas nécessairement dans le montage final», la scène devrait finalement bien y être à en croire le Hollywood Reporter .

La scène en question fait référence à l'arrestation de Parker en 2005 après une fiesta arrosée. Comment l'auteur Ben Mezrich retranscrit-il ce sommet de trashitude dans son ouvrage ? Comme ça : «Bon, OK, peut-être qu'il y avait de l'alcool dans la maison. Et peut être que la musique était un petit peu fort. Et bien sûr, peut être que quelques uns des jeunes avaient pris un peu de coke, fumé un peu d'herbe» . Voilà, c'était les passages les plus olé olé du chapitre. Hardcore, on vous a dit. On peut en voir de brefs extraits dans le trailer (notamment à 1'57) :

De là à soupçonner la production de vouloir buzzer un film qui, malgré sa qualité certaine, n'a pas forcément l'air méga funky, mais plutôt sombre et cérébral, il n'y a qu'un pas. Sur le blog ciné-LOL Filmdrunk , l'auteur accueille ainsi la nouvelle avec ironie : «et bien ça fait plaisir de voir que le film n'a pas recours à du sensationnalisme à deux balles» . Reste à voir si le jeu en vaut la chandelle : verdict dans les salles françaises le 13 octobre.

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