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Google : la grande secousse de la recherche sociale

Le géant veut «personnaliser» les résultats des recherches des internautes. Pas sûr que la pertinence soit au rendez-vous.
par Camille Gévaudan
publié le 24 janvier 2012 à 18h29

La chose ne semble pas encore déployée dans nos contrées hexagonales, c'est-à-dire sur Google.fr, mais c'est un véritable raz-de-marée sur la version internationale du moteur de recherche le plus utilisé au monde. Quoi qu'on cherche, on ne s'y retrouve plus : il y a des «personal results» par-ci, des «You shared this» par-là, et des «+1», des «+2» voire des «+3» dans tous les coins. Les pages de résultats sont entièrement bouleversées par une modification de l'algorithme annoncée le 10 janvier sur le blog officiel de Google et intitulée «Search your world» . Son but officiel est d'offrir à chaque internaute des résultats plus «personnalisés» -- car «les meilleurs résultats sont parfois ceux du Web public, mais parfois aussi votre propre contenu ou les pages que vous avez partagées avec vos proches» .

Qu’il semble loin, le temps où le moteur traitait avec équité l’ensemble des pages existant sur le Web, encourageant la sérendipité et les découvertes fortuites de blogs amateurs au fin fond de la Toile ! Plus le temps passe et plus Google enferme l’internaute dans les cercles virtuels qu’il fréquente déjà. Désormais, on trouvera donc dans les résultats de recherche des articles qu’on a soi-même écrits, et des commentaires rédigés par ses «amis» sur un réseau social.

Mais quel réseau ? Pas Twitter, malgré son succès grandissant et son statut incontournable dans le relais d'informations en temps réel, car le partenariat sur la «recherche sociale» signé avec Google en 2009 n'a pas été renouvelé (celui qui lie Twitter à Bing, en revanche, l'a été). On ne trouvera pas plus de contenus provenant de Facebook dans les résultats de recherche. La relation entre Facebook et Google semble électrique depuis qu'ils sont entrés en concurrence directe avec le lancement du réseau social Google+, l'été dernier. Finalement, c'est uniquement Google+ qui se trouvera favorisé par le nouvel algorithme.

Si l’on cherche un nom d’une personne, on se verra suggérer son profil Google + et une sélection de ses albums photos tout en haut de la page de résultats. Si l’on cherche «football» ou «jazz», une colonne spéciale proposera de suivre les discussions d’utilisateurs de Google+ sur le sujet.

Dans une recherche sur «ecrans.fr», les résultats issus de Google+ sont très légèrement envahissants (en plus d'être inutiles et redondants).

Heureusement, on peut désactiver la recherche sociale avec le gros bouton gris en haut à droite de la page.

Comme il fallait s'y attendre, Search your world a été accueilli plutôt froidement -- et n'a pas redoré l'image de Google, sérieusement amochée par la double affaire du sabotage de concurrence. Twitter a immédiatement fustigé le virage dangereux emprunté par le leader de la recherche, qui «pénalise les internautes en général et les médias, les éditeurs et les utilisateurs de Twitter en particulier» . En guise de réponse, un responsable de Google s'est simplement dit «surpris» , lâchant dans un message sur Google+ (!) que c'est Twitter qui a choisi de ne pas renouveler le fameux partenariat.

Tout aussi révolté, l’Electronic Privacy Information Center, l’équivalent américain de la Cnil, envisage de saisir l’autorité antitrust des Etats-Unis (Federal Trade Commission) pour une enquête approfondie sur un éventuel abus de position dominante, ainsi que sur la façon dont les informations personnelles des membres de Google+ se trouveront propulsées sur le devant de la scène en intégrant les résultats de recherche publics.

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