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Libération

WikiLeaks : la source ne se tarit pas

par Virginie Malbos
publié le 13 août 2010 à 15h49

A question simple, réponse ultra simple. Hier à Londres, Julian Assange , fondateur de WikiLeaks a satisfait ses inquisiteurs: «WikiLeaks compte-il continuer ses publications?» . Réaction catégorique de l'Australien : «Absolument» .

Venu pour faire des déclarations, retransmises par vidéoconférence, le militant ne s'est pas contenté d'un simple mot, annonçant la publication prochaine de 15000 nouveaux documents militaires confidentiels sur la guerre en Afghanistan. Ceux-ci rejoindront les 92000 archives classifiées déjà présentes sur la toile. Et si aucune date n'a été donnée, Julian Assange fournit un indice : «On en est déjà à 7000 documents» . Car avant publication sur Internet, une équipe de bénévoles du site doit traiter ces données , vérifiant la véracité de leur contenu, et supprimant, si nécessaire, le nom des personnes pouvant risquer leur vie suite à la divulgation.

Des précautions prises à la légère pour les détracteurs du site. Car outre les révélations sur les victimes civiles et sur les liens supposés entre Pakistan et insurgés, les documents déjà publiés contenaient aussi les noms d'Afghans travaillant avec les forces de la coalition, les exposant donc aux représailles des talibans. La semaine dernière, le Pentagone avait par conséquent demandé qu'on lui rende les documents et que plus aucun ne soit diffusé.

Pour autant, Julian Assange considère que le site n'est pas le seul fautif. Il rappelle avoir sollicité de l'aide pour analyser les milliers de documents et supprimer les noms des contacts afghans. «Jusqu'à présent nous n'avons eu aucune aide, malgré nos demandes répétées, de la part de la Maison Blanche ou du Pentagone» . La semaine dernière Daniel Schmitt, le porte-parole de WikiLeaks en Allemagne, était d'ailleurs intervenu en ce sens: il souhaitait des contacts avec le Pentagone pour examiner les documents non publiés afin de «rendre la rédaction des textes telle qu'ils puissent être publiés sans danger» .

Une requête que le Pentagone dément avoir reçue. Le porte-parole du département de la Défense, Geoff Morrell exige que soient «retirés du site tous les documents volés» . Et en réaction au discours de Julian Assange, il ajoute: «S'ils publient de nouveaux documents après avoir pris connaissance de nos inquiétudes concernant le tort que cela peut causer à nos soldats, à nos alliés et à des civils afghans innocents, nous atteindrions le summum de l'irresponsabilité. Cela ne ferait qu'aggraver une erreur qui a déjà mis trop de vies en péril» . Jeudi, Reporters sans frontières avait tenu un discours semblable évoquant une «incroyable irresponsabilité» . L'ONG a par ailleurs signé une lettre adressée à Julian Assange aux côtés d' Amnesty International , de Campaign for Innocent Victims in Conflict , de l' Open Society Institute et de l' International Crisis Group .

Mais côté WikiLeaks, on persiste et signe, en soulignant que toute aide est bienvenue. Le site a d'ailleurs lancé un appel aux dons en début de semaine pour faciliter le traitement de données. Il en aura sans doute besoin: les 15000 futures publications avaient été exclues des 92000 archives, sur demande de leur source, afin de «diminuer les dégâts qu'ils pourraient causer» .

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