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#26 24-05-2013 21:25:32

Egmorn
Habitué
Inscription : 04-07-2007
Messages : 2 946

Re : Xbox One : après le show, la gueule de bois

Nuigurumi a écrit :
Egmorn a écrit :

Rien de nouveau certes, mais y'a une ligne symbolique de passer. C'est aussi en se taisant à chaque fois qu'il y'a une "petite régression, mais c'est pas grave c'est dans l'air du temps" qu'on finit par se faire *bip* profond. Doucement et en délicatesse.

Sur la connexion je suis en désaccord total, un Pc marche sans connexion et tu a le choix d'acheter ou de télécharger des jeux hors ligne. Rien ne t'oblige a faire ton shopping chez steam. La avec la Xbox, c'est le matériel qui va être brider. Cela veut dire que même si tu n'achète que des jeux en local tu es obliger de laisser Microsoft se connecter à ta console pour aller farfouiller dans on ne sais pas trop quoi.

Kinect obligatoire ce n'est pas que une vue. Comme je le dit c'est Microsoft qui a déposé le brevet pour utiliser kinect pour contrôler les DRM et t'empêcher de regarder la télé avec plus de monde que le DRM ne l'autorise.
Manque plus que rajouter la reconnaissance faciale, comme ça quand tu voudra regarder un film avec un ami faudra payer plus cher car ce n'est plus le cercle familiale et donc la diffusion est public et doit être payer.

Clairement l'industrie du jeu vidéo va dans le mauvais sens. Mais Microsoft a fait le pas de plus que les autres et il est temps que les consommateur se réveil pour dire stop. Comme ça peut être que les autres n'iront pas dans le mur avec.

Je suis d'accord avec vous, la ligne a été franchie mais, pour moi, c'est il y a bien longtemps. Pourtant, personne n'a rien dit à ce moment. Alors certes, mieux vaut tard que jamais, mais cela m'agace lorsque l'on présente les caractéristiques de la Xbox One (ou autre) comme un nouveau désagrément pour l'utilisateur alors que cela existe déjà ailleurs et que personne ne dit rien.

Sur la connexion avec un PC, je veux bien nuancer mon propos. Tous les jeux ne nécessitent pas une connexion Internet. Mais, malheureusement, cela est de plus en plus le cas et souvent sous couvert d'un bienfait pour l'utilisateur. Dernier exemple en date, Sim City.
Enfin, acheter un jeu en boîte ne veux pas dire éviter Steam ou autre. J'ai acheté The Elder Scrolls et Bioshock Infinite dernièrement et les DVD ne contiennent qu'un backup d'une installation Steam qui est donc nécessaire pour jouer. Idem avec Mass Effect 3 et la plateforme Origin de EA.

Alors oui, vous avez raison, il faut rester vigilant sur les informations que les acteurs de l'industrie (Valve, Microsoft, Sony, Google, ...) récupèrent sur nous durant les connexions Internet, ce qu'ils font déjà avec Steam, le Xbox Live, le Playstation network , Android... Mais n'oublions pas également les conséquences de ces connexions Internet obligatoire : Comment allons nous pouvoir profiter de nos jeux vidéo acquis légalement quand ces sociétés couperont les serveurs ? Personne n'en parle et je trouve ça grave également !

Pour Kinect, j'aimerais savoir s'il sera fournit dans la formule de base ou si la console refusera de démarrer s'il n'est pas branché ? Car dans le premier cas, il suffira de ne pas le brancher pour éviter le risque d'une caméra et d'un micro trop indiscrets.

Je me suis posé la même question. Comment réagira le DRM si on tourne  la kinect vers le mur.

PS: il semblerait qu'il y'ai confirmation que le brevet kinect-DRM soit implémente sur la Xbox one. (Selon le journal du gamer)

Hors Sujet, sur le thème de la collecte de données: c'est pour ça que j'adore google now. Pour la première fois Google a fait un produit qui justifie la collecte de données. Google a enfin montrer qu'on pouvait être gagnant gagnant. Ils collectent nos données ça leurs fait gagner de l'argent mais en même temps ils utilisent nos données pour un service relativement utile (c'est pas encore exceptionnel mais ça pourrait le devenir). Je pense que c'est vraiment le premier service de data mining qui profite a l'utilisateur qui fournit les données (au delà de l'argument "la pub cible évite de te mettre des pubs dont tu t'en fout").

Hors ligne

#27 26-05-2013 20:36:37

etienne3
Habitué
Inscription : 28-04-2010
Messages : 77

Re : Xbox One : après le show, la gueule de bois

Egmorn a écrit :

Hors Sujet, sur le thème de la collecte de données: c'est pour ça que j'adore google now. Pour la première fois Google a fait un produit qui justifie la collecte de données. Google a enfin montrer qu'on pouvait être gagnant gagnant. Ils collectent nos données ça leurs fait gagner de l'argent mais en même temps ils utilisent nos données pour un service relativement utile (c'est pas encore exceptionnel mais ça pourrait le devenir). Je pense que c'est vraiment le premier service de data mining qui profite a l'utilisateur qui fournit les données (au delà de l'argument "la pub cible évite de te mettre des pubs dont tu t'en fout").

Bonjour,

Ce n'est pas un hors sujet selon moi, cette affaire de "télécran" (pas le jouet d'enfance des vieux cons de ma génération, mais l'oeil du Big Brother de 1984) dans la Xbox One est LE sujet, puisqu'il s'agit d'un cas particulier d'intrusion particulièrement aggressive dans la vie privée dans un cadre continu et banalisé à un point tel qu'il en devient invisible, exactement comme l'est le dispositif de Google Now.
Le journaliste invité récemment sur le podcast d'Ecrans, JM Manach, a traité par ailleurs de la question de la vie privée, en se demandant si c'était un truc de "vieux cons".
Il se trouve que c'est un droit CONSTITUTIONNEL, et pas des moindres, et je le cite:

"En conclusion de son article, Antoinette Rouvroy rappelle que la vie privée n’est pas “un droit fondamental parmi d’autres, elle est la condition nécessaire à l’exercice des autres droits et libertés fondamentaux” et que “le droit à la protection de la vie privée joue notamment le rôle d’un “système immunitaire de l’espace psychique”“.
La liberté d’opinion (de pensée plus d’expression), la liberté de circulation, et de réunion, les libertés politiques, syndicales et de culte, ne peuvent être exercée dès lors que l’on n’a plus le droit à la vie privée."

Donc cette histoire de vie privée et de données personnelles n'est pas une mince affaire.

Pourtant, vous "adorez" Google Now...et vous vous sentez "gagnant"?? Non mais Allô?

C'est marrant, mais je trouve justement que ce genre de "service" offert par Google ou Apple est l'archétype de l'univers orwellien absolument cauchemardesque que ces boites nous préparent, avec le CONSENTEMENT -  manifestement peu éclairé – de la plupart des gens. Personnellement, ça me fait carrément froid dans le dos, plus loin, ça me sidère – ce qui me sidère étant bien plus ce consentement que les stratégies mercantiles des firmes qui elles sont parfaitement prévisibles dès qu'il s'agit de « créer de la valeur pour l'actionnaire », bien que passablement inquiétantes.

"Gagnant gagnant?": pensez-vous vraiment que le fait de bénéficier de "services" d'assistance personnelle impliquant une géolocalisation PERMANENTE vous fasse autant gagner à vous que la masse d'informations personnelles collectée par Google et directement valorisables sur le marché?

Voici le « futur » proche que ce cher E. Schmidt, le PDG de Google dont vous « adorez » les services, nous prépare explicitement: (http://online.wsj.com/article/SB1000142 … 27212.html)

"Then what? "We're trying to figure out what the future of search is," Mr. Schmidt acknowledges. "I mean that in a positive way. We're still happy to be in search, believe me. But one idea is that more and more searches are done on your behalf without you needing to type.""

Autrement dit Google nous épie pour PENSER et écrire à notre place: même plus besoin de taper sur le clavier, Google SAIT ce que vous  voulez savoir, AVANT MEME que vous ayez eu l'occasion de formuler votre requête.
Ce projet dystopique est aussi vieux que l'invention du neuromarketing (http://fr.wikipedia.org/wiki/Neuromarketing): vivement les électrodes directement branchés dans le cerveau, Google nous fera encore gagner un peu de notre précieux temps passé à REFLECHIR, ne serait-ce que pour une chose aussi élémentaire qu 'élaborer une requête sur Google,  pour nous permettre de nous avachir à loisir devant le flux de contenus dont Google et deux-trois autres firmes émettrices de « contenus » nourrit par ailleurs notre cerveau, à base de chatons et de tubes de Daft Punk...
Cette « technologie » est d'autant plus redoutable qu'elle marche, car elle repose sur la particularité des comportements humains: leur extraordinaire prévisibilité du fait même de leur stabilité dans le temps - sédentarité, habitudes, stabilité des relations familiales et amicales, stabilité des préférences et des centres d'intérêt etc...
A ce propos, qualifier de « technologies révolutionnaires »  des programmes rudimentaires consistant à observer les régularités dans la vie quotidienne des gens ou leurs requêtes sur des moteurs de recherche pour produire des prédictions relève purement et simplement de l'escroquerie intellectuelle : la vie sociale et les comportements sur le web de la plupart des gens sont tellement répétitifs et prévisibles que quelques lignes de code devraient suffire à obtenir des prédictions robustes.
Je ne serais pas étonné que la plupart des lecteurs de ce blog se lèvent entre 7 h et 9 h du matin, possèdent un four à micro-ondes et une machine à café, fréquentent plus ou moins régulièrement leurs amis plutôt le soir, vont de temps en temps au cinéma, consultent régulièrement les sites « sociaux » dominants, ainsi qu'un nombre limité de blogs, de sites d'information ou de divertissement, achètent plus ou moins régulièrement des produits sur un nombre aussi limité  de sites marchands etc...
Bonjour la prouesse « technologique »...mais après tout on a bien qualifié l'annuaire d'anciens élèves à peine amélioré de M Zuckerberg d' « innovation ».

"I actually think most people don't want Google to answer their questions," he elaborates. "They want Google to tell them what they should be doing next."

Oui vous avez bien lu: selon Mr Schmidt, les gens ne veulent pas que Google se contente de répondre à des requêtes sur leur moteur de recherche – ce qui laisse quand même une marge d'autonomie au sujet, au moins dans le choix de la question, si ce n'est dans celui des réponses « suggérées » - mais que Google leur dicte CE QU'ILS DOIVENT FAIRE A CHAQUE INSTANT.
No comment. Je ne vois juste pas trop ce qu'on peut trouver d'"adorable" là-dedans. Un pur cauchemar.

Mr Smith ne s'arrête pas là, il illustre son magnifique projet avec des cas concrets tout à fait passionnants:

"Let's say you're walking down the street. Because of the info Google has collected about you, "we know roughly who you are, roughly what you care about, roughly who your friends are." Google also knows, to within a foot, where you are. Mr. Schmidt leaves it to a listener to imagine the possibilities: If you need milk and there's a place nearby to get milk, Google will remind you to get milk. It will tell you a store ahead has a collection of horse-racing posters, that a 19th-century murder you've been reading about took place on the next block."

Passons sur le fait -pourtant assez énorme en lui-même - que Google prétende savoir tout sur ce que nous sommes, ce qui nous intéresse,  qui sont nos amis, et où nous nous trouvons à chaque instant, apparemment CA NE GENE PLUS PERSONNE...

Mais alors si il y a bien une dernière chose que je désire, c'est qu'une machine – fût-elle « intelligente » - me rappelle d'aller chercher le pain, de me laver les dents ou le C... ou d'aller chercher les gosses à l'école...Ni qu'elle me "suggère" des adresses de magasins de "posters de chevaux" (sic) ou celle du sex-shop du coin au prétexte que j'ai acheté "50 shades of Grey" à ma belle-mère.
Je refuse que Google sache ce que je lis...déjà que j'ai horreur qu'on lise derrière mon épaule.

Voilà donc pourquoi je DETESTE Google Now, tous les dispositifs qui s'y apparentent et à  près tout ce que cette firme prétend m' « offrir » - y compris le moteur de recherche que je suis bien forcé d'utiliser de fait, mais qui relève évidemment d'un service public indûment privatisé en tant que « bien collectif » (http://en.wikipedia.org/wiki/Common_good_(economics):

Je refuse que des machines prescrivent mes comportements, même sous le couvert du doux euphémisme de la « suggestion », argument qui permet à ces firmes et à tous les idiots utiles qui les défendent de dire que « si tu n'est pas content, tu n'a qu'à pas utiliser ces technologies ».
Déjà que ma bagnole me « suggère » tout les jours de fermer ma ceinture à coup d'alarme non désactivable...je revendique la liberté de crever au volant en traversant mon pare-brise – en tout cas, je refuse le droit aux concepteurs d'une machine de m'imposer ce qui relève de mon consentement autonome et éclairé.

Je refuse qu'une firme connaisse tout de mes trajets, de mes connaissances, de mes habitudes quotidiennes. Je n'aime pas la STASI, fût-elle la propriété d'actionnaires privés.

Je n'ai pas envie qu'on anticipe à ma place ce que je pense ou écris. J'en ai ras-le-bol de ces logiciels de traitement de texte ou de ces moteurs de recherche qui corrigent mon orthographe, me "suggèrent" un mot à partir des premières lettres, ou m'impose des puces de mise en page. Les "cookies" me font chier: je les vide régulièrement du cache.

Je n'aime pas qu'un programme prétende « anticiper » mes propres comportements futurs au regard de mes comportements passés, même si comme je l'ai dit à propos de notre « prévisibilité », des algorithmes rudimentaires peuvent y parvenir sans peine. Je perçois cela comme une négation de ma liberté, quand bien même celle-ci serait en partie illusoire du fait de déterminismes divers et de l'inertie psychologique et comportementale des sujets – y compris la mienne. Mais dans cette vision pessimiste du devenir humain, je n'ai pas envie qu'un programme me rappelle à cette illusion douloureuse.

Je n'aime pas qu'un tutoriel de JV RPG – je ne sais plus lequel, certainement un produit Bethesda - scrute mon comportement et me suggère un choix de « classe » à la fin de celui-ci, correspondant le mieux à mes « préférences » et à mon « style ». Je n'aime pas les JV qui adaptent le niveau de difficulté dans mon dos au prétexte que je suis une merde qui perd tout le temps : si je joue, c'est pour me confronter gratuitement à un défi, à une difficulté dont je me réserve de choisir le niveau,  pas pour être pris par la main. J'emmerde le développeur qui me traite avec condescendance.
Si je n'aime pas ça dans un JV, je vous raconte pas IRL...

Je n'ai pas besoin d'"assistant personnel" pour conduire mon existence comme je l'entends.
Je n'ai pas de portable, pas d'agenda électronique, pas de GPS. Je note les coordonnées de mes contacts sur un répertoire, je consulte l'annuaire et les programmes de cinéma, j'ai des cartes routières dans ma bagnole, je n'ai pas besoin d'être prévenu des embouteillages, des manifs ou de la meteo à tout instant - je me rends bien compte au moment venu quand je suis pris dedans ou quand il pleut.

Il ne s'agit pas de tenir un discours bêtement « anti-techno » - je porte des lunettes, j'ai une bagnole, un ordinateur connecté, un téléphone etc... - j'ai parfaitement conscience que la vie humaine est considérablement améliorée par une série d'augmentations techniques, et que nous sommes entourés de « prothèses » nous permettant de mieux voir, écouter, apprendre, de nous déplacer rapidement, de communiquer à distance...mais je pense qu'il faut réfléchir à chaque fois à ce à quoi l'adoption d'une nouvelle prothèse -  en quoi chaque nouvelle AUGMENTATION - nous fait renoncer en termes d'AUTONOMIE.

Je n'aime pas ce climat général qui consiste à faire en sorte que les gens intériorisent la notion de productivité dans tous les actes de la vie quotidienne au prétexte d'apporter un « plus » sur le plan pratique se résumant à « gagner du temps » et à minimiser les erreurs ou les actes « inutiles ». C'est exactement le programme du « néo-management » dans la plupart des grandes firmes : des individus préformatés dans leur vie intime à cette idéologie de l'efficacité PERMANENTE formeront de façon évidente une réserve de main-d'oeuvre docile et consentante.


Il ne s'agit pas d'élaborer un mode de fonctionnement personnel en modèle, loin de là, mais ce que je ne comprends pas, c'est que beaucoup de gens ne voient pas, dans leur consentement à la géolocalisation et à l'archivage permanent des données personnelles, que derrière ce qu'ils y "gagnent" -  pas grand-chose à part du temps, mais pour en FAIRE QUOI, gagner 5 minutes pour regarder des chats sur Youtube ou « partager » des photos de soirées alcoolisées? - ils RENONCENT à une partie d'eux-mêmes que j'ai du mal à définir: la liberté d'aller et venir anonymement sans être "tracé", l'imprévisibilité des évènement anodins de l'existence, la préservation de choses qui relèvent dans le désordre du secret, de l'intimité, de la pudeur nécessaires à l'autonomie et à la construction du sujet - sans même parler des libertés fondamentales.

C'est plus de l'ordre d'une sensibilité intuitive que de l'ordre de la construction rationnelle: je suis bien obligé de constater autour de moi le consentement généralisé au fichage et à la localisation, et je suis à la fois sidéré et consterné.
Ne suis-je qu'un "vieux con"?


PS : Encore une couche de Mr Smith :

« Says Mr. Schmidt, a generation of powerful handheld devices is just around the corner that will be adept at surprising you with information that you didn't know you wanted to know. "The thing that makes newspapers so fundamentally fascinating—that serendipity—can be calculated now. We can actually produce it electronically," Mr. Schmidt says. »

Vieux néologisme anglo-saxon, la « sérendipité » (http://fr.wikipedia.org/wiki/Sérendipité) illustre très justement l'imprévisibilité de l'existence dont je parle plus haut appliquée au domaine de la connaissance, qui comme le dit très justement Mr Smith, « rend les journaux aussi fondamentalement fascinants ».
Et c'est là où l'on atteint des sommets dans la construction d'une dystopie effrayante autant qu'absurde: ce mec prétend « calculer » celle-ci, la « produire électroniquement », ce qui reviendrait à « calculer  l'imprévisible », de façon « adaptée » à chaque sujet, expression dont la dimension oxymorique ne devrait échapper à personne, puisque l'essence même de la « sérendipité » réside dans l'imprévisibilité, ce qui autorise justement la DECOUVERTE, qui n'est jamais que ce qui nous constitue dès la naissance.

Hors ligne

#28 27-05-2013 09:49:25

Egmorn
Habitué
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Messages : 2 946

Re : Xbox One : après le show, la gueule de bois

etienne3 a écrit :
Egmorn a écrit :

Hors Sujet, sur le thème de la collecte de données: c'est pour ça que j'adore google now. Pour la première fois Google a fait un produit qui justifie la collecte de données. Google a enfin montrer qu'on pouvait être gagnant gagnant. Ils collectent nos données ça leurs fait gagner de l'argent mais en même temps ils utilisent nos données pour un service relativement utile (c'est pas encore exceptionnel mais ça pourrait le devenir). Je pense que c'est vraiment le premier service de data mining qui profite a l'utilisateur qui fournit les données (au delà de l'argument "la pub cible évite de te mettre des pubs dont tu t'en fout").

Bonjour,

Ce n'est pas un hors sujet selon moi, cette affaire de "télécran" (pas le jouet d'enfance des vieux cons de ma génération, mais l'oeil du Big Brother de 1984) dans la Xbox One est LE sujet, puisqu'il s'agit d'un cas particulier d'intrusion particulièrement aggressive dans la vie privée dans un cadre continu et banalisé à un point tel qu'il en devient invisible, exactement comme l'est le dispositif de Google Now.
Le journaliste invité récemment sur le podcast d'Ecrans, JM Manach, a traité par ailleurs de la question de la vie privée, en se demandant si c'était un truc de "vieux cons".
Il se trouve que c'est un droit CONSTITUTIONNEL, et pas des moindres, et je le cite:

"En conclusion de son article, Antoinette Rouvroy rappelle que la vie privée n’est pas “un droit fondamental parmi d’autres, elle est la condition nécessaire à l’exercice des autres droits et libertés fondamentaux” et que “le droit à la protection de la vie privée joue notamment le rôle d’un “système immunitaire de l’espace psychique”“.
La liberté d’opinion (de pensée plus d’expression), la liberté de circulation, et de réunion, les libertés politiques, syndicales et de culte, ne peuvent être exercée dès lors que l’on n’a plus le droit à la vie privée."

Donc cette histoire de vie privée et de données personnelles n'est pas une mince affaire.

Pourtant, vous "adorez" Google Now...et vous vous sentez "gagnant"?? Non mais Allô?

C'est marrant, mais je trouve justement que ce genre de "service" offert par Google ou Apple est l'archétype de l'univers orwellien absolument cauchemardesque que ces boites nous préparent, avec le CONSENTEMENT -  manifestement peu éclairé – de la plupart des gens. Personnellement, ça me fait carrément froid dans le dos, plus loin, ça me sidère – ce qui me sidère étant bien plus ce consentement que les stratégies mercantiles des firmes qui elles sont parfaitement prévisibles dès qu'il s'agit de « créer de la valeur pour l'actionnaire », bien que passablement inquiétantes.

"Gagnant gagnant?": pensez-vous vraiment que le fait de bénéficier de "services" d'assistance personnelle impliquant une géolocalisation PERMANENTE vous fasse autant gagner à vous que la masse d'informations personnelles collectée par Google et directement valorisables sur le marché?

Voici le « futur » proche que ce cher E. Schmidt, le PDG de Google dont vous « adorez » les services, nous prépare explicitement: (http://online.wsj.com/article/SB1000142 … 27212.html)

"Then what? "We're trying to figure out what the future of search is," Mr. Schmidt acknowledges. "I mean that in a positive way. We're still happy to be in search, believe me. But one idea is that more and more searches are done on your behalf without you needing to type.""

Autrement dit Google nous épie pour PENSER et écrire à notre place: même plus besoin de taper sur le clavier, Google SAIT ce que vous  voulez savoir, AVANT MEME que vous ayez eu l'occasion de formuler votre requête.
Ce projet dystopique est aussi vieux que l'invention du neuromarketing (http://fr.wikipedia.org/wiki/Neuromarketing): vivement les électrodes directement branchés dans le cerveau, Google nous fera encore gagner un peu de notre précieux temps passé à REFLECHIR, ne serait-ce que pour une chose aussi élémentaire qu 'élaborer une requête sur Google,  pour nous permettre de nous avachir à loisir devant le flux de contenus dont Google et deux-trois autres firmes émettrices de « contenus » nourrit par ailleurs notre cerveau, à base de chatons et de tubes de Daft Punk...
Cette « technologie » est d'autant plus redoutable qu'elle marche, car elle repose sur la particularité des comportements humains: leur extraordinaire prévisibilité du fait même de leur stabilité dans le temps - sédentarité, habitudes, stabilité des relations familiales et amicales, stabilité des préférences et des centres d'intérêt etc...
A ce propos, qualifier de « technologies révolutionnaires »  des programmes rudimentaires consistant à observer les régularités dans la vie quotidienne des gens ou leurs requêtes sur des moteurs de recherche pour produire des prédictions relève purement et simplement de l'escroquerie intellectuelle : la vie sociale et les comportements sur le web de la plupart des gens sont tellement répétitifs et prévisibles que quelques lignes de code devraient suffire à obtenir des prédictions robustes.
Je ne serais pas étonné que la plupart des lecteurs de ce blog se lèvent entre 7 h et 9 h du matin, possèdent un four à micro-ondes et une machine à café, fréquentent plus ou moins régulièrement leurs amis plutôt le soir, vont de temps en temps au cinéma, consultent régulièrement les sites « sociaux » dominants, ainsi qu'un nombre limité de blogs, de sites d'information ou de divertissement, achètent plus ou moins régulièrement des produits sur un nombre aussi limité  de sites marchands etc...
Bonjour la prouesse « technologique »...mais après tout on a bien qualifié l'annuaire d'anciens élèves à peine amélioré de M Zuckerberg d' « innovation ».

"I actually think most people don't want Google to answer their questions," he elaborates. "They want Google to tell them what they should be doing next."

Oui vous avez bien lu: selon Mr Schmidt, les gens ne veulent pas que Google se contente de répondre à des requêtes sur leur moteur de recherche – ce qui laisse quand même une marge d'autonomie au sujet, au moins dans le choix de la question, si ce n'est dans celui des réponses « suggérées » - mais que Google leur dicte CE QU'ILS DOIVENT FAIRE A CHAQUE INSTANT.
No comment. Je ne vois juste pas trop ce qu'on peut trouver d'"adorable" là-dedans. Un pur cauchemar.

Mr Smith ne s'arrête pas là, il illustre son magnifique projet avec des cas concrets tout à fait passionnants:

"Let's say you're walking down the street. Because of the info Google has collected about you, "we know roughly who you are, roughly what you care about, roughly who your friends are." Google also knows, to within a foot, where you are. Mr. Schmidt leaves it to a listener to imagine the possibilities: If you need milk and there's a place nearby to get milk, Google will remind you to get milk. It will tell you a store ahead has a collection of horse-racing posters, that a 19th-century murder you've been reading about took place on the next block."

Passons sur le fait -pourtant assez énorme en lui-même - que Google prétende savoir tout sur ce que nous sommes, ce qui nous intéresse,  qui sont nos amis, et où nous nous trouvons à chaque instant, apparemment CA NE GENE PLUS PERSONNE...

Mais alors si il y a bien une dernière chose que je désire, c'est qu'une machine – fût-elle « intelligente » - me rappelle d'aller chercher le pain, de me laver les dents ou le C... ou d'aller chercher les gosses à l'école...Ni qu'elle me "suggère" des adresses de magasins de "posters de chevaux" (sic) ou celle du sex-shop du coin au prétexte que j'ai acheté "50 shades of Grey" à ma belle-mère.
Je refuse que Google sache ce que je lis...déjà que j'ai horreur qu'on lise derrière mon épaule.

Voilà donc pourquoi je DETESTE Google Now, tous les dispositifs qui s'y apparentent et à  près tout ce que cette firme prétend m' « offrir » - y compris le moteur de recherche que je suis bien forcé d'utiliser de fait, mais qui relève évidemment d'un service public indûment privatisé en tant que « bien collectif » (http://en.wikipedia.org/wiki/Common_good_(economics):

Je refuse que des machines prescrivent mes comportements, même sous le couvert du doux euphémisme de la « suggestion », argument qui permet à ces firmes et à tous les idiots utiles qui les défendent de dire que « si tu n'est pas content, tu n'a qu'à pas utiliser ces technologies ».
Déjà que ma bagnole me « suggère » tout les jours de fermer ma ceinture à coup d'alarme non désactivable...je revendique la liberté de crever au volant en traversant mon pare-brise – en tout cas, je refuse le droit aux concepteurs d'une machine de m'imposer ce qui relève de mon consentement autonome et éclairé.

Je refuse qu'une firme connaisse tout de mes trajets, de mes connaissances, de mes habitudes quotidiennes. Je n'aime pas la STASI, fût-elle la propriété d'actionnaires privés.

Je n'ai pas envie qu'on anticipe à ma place ce que je pense ou écris. J'en ai ras-le-bol de ces logiciels de traitement de texte ou de ces moteurs de recherche qui corrigent mon orthographe, me "suggèrent" un mot à partir des premières lettres, ou m'impose des puces de mise en page. Les "cookies" me font chier: je les vide régulièrement du cache.

Je n'aime pas qu'un programme prétende « anticiper » mes propres comportements futurs au regard de mes comportements passés, même si comme je l'ai dit à propos de notre « prévisibilité », des algorithmes rudimentaires peuvent y parvenir sans peine. Je perçois cela comme une négation de ma liberté, quand bien même celle-ci serait en partie illusoire du fait de déterminismes divers et de l'inertie psychologique et comportementale des sujets – y compris la mienne. Mais dans cette vision pessimiste du devenir humain, je n'ai pas envie qu'un programme me rappelle à cette illusion douloureuse.

Je n'aime pas qu'un tutoriel de JV RPG – je ne sais plus lequel, certainement un produit Bethesda - scrute mon comportement et me suggère un choix de « classe » à la fin de celui-ci, correspondant le mieux à mes « préférences » et à mon « style ». Je n'aime pas les JV qui adaptent le niveau de difficulté dans mon dos au prétexte que je suis une merde qui perd tout le temps : si je joue, c'est pour me confronter gratuitement à un défi, à une difficulté dont je me réserve de choisir le niveau,  pas pour être pris par la main. J'emmerde le développeur qui me traite avec condescendance.
Si je n'aime pas ça dans un JV, je vous raconte pas IRL...

Je n'ai pas besoin d'"assistant personnel" pour conduire mon existence comme je l'entends.
Je n'ai pas de portable, pas d'agenda électronique, pas de GPS. Je note les coordonnées de mes contacts sur un répertoire, je consulte l'annuaire et les programmes de cinéma, j'ai des cartes routières dans ma bagnole, je n'ai pas besoin d'être prévenu des embouteillages, des manifs ou de la meteo à tout instant - je me rends bien compte au moment venu quand je suis pris dedans ou quand il pleut.

Il ne s'agit pas de tenir un discours bêtement « anti-techno » - je porte des lunettes, j'ai une bagnole, un ordinateur connecté, un téléphone etc... - j'ai parfaitement conscience que la vie humaine est considérablement améliorée par une série d'augmentations techniques, et que nous sommes entourés de « prothèses » nous permettant de mieux voir, écouter, apprendre, de nous déplacer rapidement, de communiquer à distance...mais je pense qu'il faut réfléchir à chaque fois à ce à quoi l'adoption d'une nouvelle prothèse -  en quoi chaque nouvelle AUGMENTATION - nous fait renoncer en termes d'AUTONOMIE.

Je n'aime pas ce climat général qui consiste à faire en sorte que les gens intériorisent la notion de productivité dans tous les actes de la vie quotidienne au prétexte d'apporter un « plus » sur le plan pratique se résumant à « gagner du temps » et à minimiser les erreurs ou les actes « inutiles ». C'est exactement le programme du « néo-management » dans la plupart des grandes firmes : des individus préformatés dans leur vie intime à cette idéologie de l'efficacité PERMANENTE formeront de façon évidente une réserve de main-d'oeuvre docile et consentante.


Il ne s'agit pas d'élaborer un mode de fonctionnement personnel en modèle, loin de là, mais ce que je ne comprends pas, c'est que beaucoup de gens ne voient pas, dans leur consentement à la géolocalisation et à l'archivage permanent des données personnelles, que derrière ce qu'ils y "gagnent" -  pas grand-chose à part du temps, mais pour en FAIRE QUOI, gagner 5 minutes pour regarder des chats sur Youtube ou « partager » des photos de soirées alcoolisées? - ils RENONCENT à une partie d'eux-mêmes que j'ai du mal à définir: la liberté d'aller et venir anonymement sans être "tracé", l'imprévisibilité des évènement anodins de l'existence, la préservation de choses qui relèvent dans le désordre du secret, de l'intimité, de la pudeur nécessaires à l'autonomie et à la construction du sujet - sans même parler des libertés fondamentales.

C'est plus de l'ordre d'une sensibilité intuitive que de l'ordre de la construction rationnelle: je suis bien obligé de constater autour de moi le consentement généralisé au fichage et à la localisation, et je suis à la fois sidéré et consterné.
Ne suis-je qu'un "vieux con"?


PS : Encore une couche de Mr Smith :

« Says Mr. Schmidt, a generation of powerful handheld devices is just around the corner that will be adept at surprising you with information that you didn't know you wanted to know. "The thing that makes newspapers so fundamentally fascinating—that serendipity—can be calculated now. We can actually produce it electronically," Mr. Schmidt says. »

Vieux néologisme anglo-saxon, la « sérendipité » (http://fr.wikipedia.org/wiki/Sérendipité) illustre très justement l'imprévisibilité de l'existence dont je parle plus haut appliquée au domaine de la connaissance, qui comme le dit très justement Mr Smith, « rend les journaux aussi fondamentalement fascinants ».
Et c'est là où l'on atteint des sommets dans la construction d'une dystopie effrayante autant qu'absurde: ce mec prétend « calculer » celle-ci, la « produire électroniquement », ce qui reviendrait à « calculer  l'imprévisible », de façon « adaptée » à chaque sujet, expression dont la dimension oxymorique ne devrait échapper à personne, puisque l'essence même de la « sérendipité » réside dans l'imprévisibilité, ce qui autorise justement la DECOUVERTE, qui n'est jamais que ce qui nous constitue dès la naissance.

J'aime bien votre post parce que c'est un bon résumé du problème. Autant vous êtes un peu dans l'extrème, autant vous soulevez bien les problèmes.

Perso, qu'une machine est accès à toute mes données pour me faire des propositions, pour m'aider à m'organiser, cela ne me pose aucun problème. Je ne ferais pas tout ce qu'elle me dit. Je sais faire la part des chose et suivre ou non les recommandation de la machine. Après tout si je n'ai pas envie de manger italien, ce n'est pas parce que google me dit que le meilleur italien de Paris et à coté que je vais y aller. Par contre à l'inverse quand quelque chose me tente, cela m'intéresse qu'on puisse me faire des proposition pour potentiellement me faire découvrir plus de chose que je ne connais pas.
Par contre je veux pouvoir contrôler les informations que je donne à la machine. Pas qu'on m'impose de les donner.

Là ou cela devient plus gênant, c'est que ces données, aujourd'hui, elles ne sont pas collecté par un algorithme pour un usage essentiellement personnel. Aujourd'hui, ces données sont collecté essentiellement pour être valorisé par la société qui les collecte vis à vis de ses partenaire. C'est pour cela que je citais Google Now. Je suis d'accord pour dire que Google now est très intrusif, mais au moins, c'est une inversion de la tendance de la collecte de données, on est plus exclusivement vache à lait, au dela de la traite de donnée, on essaye de rendre les vaches un peu confortable en leur rendant une partie de la valeur générer par ces données. Alors je suis d'accord, c'est encore très faible par rapport à ce que ces données valent. Mais justement, si Google arrive à faire des algorithme vraiment intelligent qui par le croisement des données arrivent à te fournir l'information dont tu as besoin au moment ou tu en as besoin, alors c'est un réelle progrès.

Inversement pour revenir dans le sujet X-Box One, Microsoft ici collectent énormément de données privé (allant jusqu'à nous filmer chez nous pour "identifier les comportements de nos utilisateurs").  Et en échange Microsoft ne nous donne rien à partir de nos données. La collecte de ces données privée ne servira que et exclusivement Microsoft et ses partenaire. Et là c'est clairement un mouvement commercial inadmissible pour moi.

Dernière modification par Egmorn (27-05-2013 10:37:39)

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