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Libération

Chine : Twitter se rebelle aussi

par Camille Gévaudan
publié le 28 janvier 2010 à 18h02
(mis à jour le 28 janvier 2010 à 18h53)

La rébellion de Google fait ses premiers émules. Ce matin, le PDG de Twitter Evan Williams a lui aussi annoncé son intention de s'opposer aux règles de censure chinoises. L'enjeu est certes très différent : contrairement à la firme de Mountain View, Twitter n'a jamais activement collaboré aux lois chinoises en posant des filtres sur les contenus qui transitent par son réseau, et ne possède aucun bureau en Chine à fermer pour signifier son retrait du pays. Il ne s'agit d'ailleurs pas de retrait. Dans la lignée de l'appel de Reporters sans frontières qui invitait les entreprises américaines à «tenir tête aux censeurs du web» , Twitter compte purement et simplement affronter les autorités chinoises en contournant leur censure.

Sont également visés tous les pays qui bloquent ou restreignent, totalement ou partiellement, et de quelque manière que ce soit, la circulation des messages de Twitter. L'Iran, notamment, est en première ligne. Twitter et Facebook y avaient été brièvement bloqués la veille de l'élection présidentielle du 12 juin 2009, et les messages comportant le mot-clé #iranelection étaient vraisemblablement sous étroite surveillance.

Au vu des échanges peu fructueux qui ont actuellement cours entre Google et Pékin, et assuré d'avoir le soutien du département d'État américain après le discours prononcé par Hillary Clinton la semaine dernière, la direction de Twitter a choisi de zapper l'étape du dialogue. «Essayer de négocier avec la Chine et les autres gouvernements, dont les principes s'opposent radicalement à notre activité, n'est pas le moyen le plus productif de combattre le blocage» , a expliqué Evan Williams au World Economic Forum.

C'est donc par des astuces techniques que Twitter travaillera à garantir la liberté d'utilisation de son service à travers le monde. Sans en révéler les détails, Williams affirme qu'elles tireront parti des multiples canaux de diffusion qu'empruntent les tweets. Contrairement aux entreprises qui centralisent leurs activités sur un unique site Internet -- et en font donc une cible aisée, le site de Twitter n'est qu'un opérateur de diffusion parmi d'autres et de nombreuses applications tierces (web et téléphoniques) sont en relation directe avec les serveurs. Ce sont eux qu'il faudra blinder.

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