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Libération

Google et la Chine: c'est la même chanson

par Virginie Malbos
publié le 22 juillet 2010 à 17h25
(mis à jour le 23 juillet 2010 à 0h01)

Une licence d'exploitation renouvelée jusqu'en 2012. Le 11 juillet, on aurait pu croire que le feuilleton aux multiples rebondissements offert par Google et la Chine s'en arrêterait là. Mais c'était sans compter sur les commentaires des deux parties concernant le contrat signé. Ainsi, avant même l'annonce du renouvellement de licence, les autorités chinoises, via l'agence de presse officielle Chine nouvelle , ont fait savoir que Google se « conformerait à la loi chinoise » et promettait de « ne pas fournir de contenu illégal » .

L'affirmation au goût de provocation a été renouvelée mardi dernier par Zhang Feng, haut responsable du ministère de l'Industrie et des technologies de l'information. Il résume l'opinion de la Chine sur ce renouvellement de licence : « Google a accepté de respecter les lois et les règlements de la Chine ». Tout en prenant soin de préciser: « Cela signifie que Google ne fournira pas d'informations susceptibles de menacer la sécurité nationale ou les intérêts de la Chine, n'incitera pas à la haine raciale, ne propagera pas d'informations de nature superstitieuse, ne menacera pas la stabilité sociale et ne diffusera pas de données à caractère pornographique, violent ou diffamatoire. »

Un programme détaillé que l'entreprise américaine a, cette fois, pris la peine de commenter par l'intermédiaire de Jessica Powell, porte-parole de Google en Asie. « Comme nous l'avons expliqué dans notre blog la dernière fois, les services que nous gardons sur Google.cn (Musique, Traduction, Recherche de produits) n'obligent pas Google à censurer. Tous les autres produits, comme les recherches (d'informations), sont disponibles sur Google.com.hk , et sans censure. Pour résumer, il n'y aucune censure exercée par Google dans quelque domaine que ce soit ».

A mi-mots, Google se félicite donc que la Chine ait fermé les yeux sur le lien menant ses utilisateurs vers Google.com.hk , le moteur hongkongais non censuré, pour effectuer leurs recherches. Mais dans les faits, créer ce lien en juin dernier était déjà reculer face à la censure. Car il venait remplacer une redirection directe vers le site de Hong-Kong. Et ce qui semblait n'être qu'une différence d'un clic pèse son poids. Depuis lors, l'utilisateur doit prendre ses responsabilités vis à vis des mots-clés qu'il entre dans le moteur de recherche.

Si le perdant est donc bel et bien l'internaute chinois, le gagnant n'est peut-être pas celui auquel on pense. Pendant que Google et la Chine se renvoient la balle, Baidu , le moteur de recherche chinois a annoncé mercredi avoir plus que doublé sa fréquentation en un an. Avec un bénéfice net de 95 millions d'euros - tandis que Google ne cesse de perdre des utilisateurs dans le pays- il reste le moteur de recherche, censuré, le plus utilisé en Chine.

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