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Libération

Chine & out

par Camille Gévaudan
publié le 26 mars 2010 à 15h10
(mis à jour le 26 mars 2010 à 18h36)

D'abord Google, puis GoDaddy, et peut-être Dell : en quelques jours à peine, ce ne sont pas moins de trois entreprises américaines qui ont annoncé leur intention de restreindre leurs relations avec la Chine. La semi-fermeture du moteur de recherche Google.cn a ouvert la voie de cette remise en question politique : en redirigeant les recherches vers son site hongkongais, non soumis aux règles de censure, Google a purement et simplement contourné les lois chinoises auxquelles il avait promis de se plier à son arrivée sur le sol chinois, en 2006. Et, très à l'aise dans son nouveau costume de chevalier blanc, le géant du net a suggéré mercredi au Congrès américain de conditionner l'aide aux pays en développement à leur respect de la liberté d'expression en ligne. La censure «dépasse la question des droits de l'homme» , arguait le directeur des relations publiques de Google, Alan Davidson. Elle «entrave les bénéfices des entreprises étrangères qui comptent sur Internet pour atteindre leurs clients.»

La conseillère juridique de GoDaddy, Christine N. Jones, est intervenue au cours de cette même séance pour évoquer les débats qui agitent actuellement l'entreprise. Premier bureau d'enregistrement ( registrar ) au monde avec 40 millions de noms de domaines à gérer, GoDaddy est directement concerné par les nouvelles mesures d'ouverture des sites Internet appliquées en Chine. Depuis le mois dernier, tous les futurs webmasters ont l'obligation de se présenter aux autorités en personne, munis d'une carte d'identité et d'une photographie en couleur, avant que leur dossier ne soit étudié. «Cette procédure nous semble découler d'un souhait des autorités chinoises de renforcer le contrôle des sites Internet» , analyse Christine Jones, qui regrette que les nouvelles mesures soient rétroactives et force donc GoDaddy à justifier l'intégralité de ses sites en .cn enregistrés jusqu'à aujourd'hui. Elle raconte encore les difficultés de la communication avec Pékin, qui intensifie les fermetures de sites Internet sur les droits de l'homme sans préavis ni motivation, et annonce la suspension, pour l'instant, de l'enregistrement des sites en .cn -- une décision indépendante de celle de Google, précise-t-elle : «Nous ne voulons pas être les agents de l'État chinois.» . Son entreprise continuera à gérer les 27000 adresses déjà enregistrées.

Du côté de Dell, il ne s'agit pour l'instant que d'une rumeur. C'est le quotidien indien Hindustan Times qui révèle, dans un petit encadré sur l'affaire Google-Chine, que le constructeur informatique envisage de cesser l'achat de son matériel en Chine. «Nous achetons 25 milliards de dollars d'équipement en Chine mais aimerions trouver un environnement plus sûr» , aurait confié Michael Dell, le président de la firme américaine, au Premier ministre indien Manmohan Singh. Une telle décision ne pourrait avoir que de très lourdes conséquences sur le plan économique, Dell fournissant 60% des serveurs chinois et ayant, selon Reuters, connu une croissance de 81% en Chine depuis l'an dernier.

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